Londres

Sotheby’s sauvée par un nouveau collectionneur russe

Le Journal des Arts

Le 8 juillet 2005 - 321 mots

Ce mystérieux acheteur a dépensé plus de 18 millions d’euros à Londres le 20 juin.

 Londres - Un mystérieux acheteur russe a dépensé plus de 12 millions de livres (18 millions d’euros) lors des ventes d’art moderne et impressionniste chez Sotheby’s à Londres le 20 juin. Ce nouvel enchérisseur non identifié a raflé trois des cinq lots vedettes de la vente : le Signac, une belle nature morte de Gauguin et le Vlaminck, ainsi qu’un petit Sisley. Bien conseillée ou dotée d’un regard avisé, la raquette LO22, qui pourrait aussi avoir acquis le lot phare, le Van Dongen, s’est appropriée certaines des meilleures œuvres d’un catalogue par ailleurs assez terne.
L’apparition de ce nouvel acquéreur fortuné qui enchérissait par l’entremise d’un représentant en Suisse a mis le marché en ébullition. « Il suffit de deux ou trois nouveaux acheteurs pour bouleverser complètement la dynamique d’une vente », commentait l’experte Daniella Luxembourg, « car il y a vraiment très peu d’acheteurs pour les enchères les plus élevées ». Le mystérieux acheteur russe ne semble pas s’être manifesté chez Christie’s le lendemain soir, mais les deux maisons de ventes ont eu le réconfort de voir revenir les acquéreurs américains et asiatiques. Chez Christie’s, quatre des dix principaux lots sont allés à des collectionneurs privés américains, les acquéreurs « asiatiques » – c’est-à-dire de Hongkong, Singapour, Malaisie ou Taïwan –, étant crédités de deux autres lots. D’après la spécialiste Melanie Clore, de Sotheby’s, les enchères venant de Russes et d’Asiatiques marquent « une croissance excitante ». Ces vacations ont également confirmé l’enthousiasme persistant des enchérisseurs pour les œuvres de qualité et nouvelles sur le marché.

SOTHEBY’S Londres, 20 juin 2005 - Total : 45,8 millions de livres (68,9 millions d’euros) - 75,5 % en lots - 87,9 % en valeur CHRISTIE’S Londres, 21 juin 2005 - Total : 31,6 millions de livres (47,5 millions d’euros) - 73 % en lots - 83 % en valeur

Sotheby’s Cette vente proposait à peine plus de cinq tableaux notables, et il faut voir un signe de la vigueur actuelle du marché, en même temps que de la raréfaction de l’offre, dans le fait que la maison de ventes a tiré de cette vacation un aussi bon résultat. En ajustant ses estimations et en profitant des cours actuels du dollar et de la livre sterling, elle a trouvé des acquéreurs pour de nombreux tableaux présentés malgré un échec récent en vente publique. Tel était le cas du Van Gogh de 1887, Femme dans un jardin, qui n’avait pas trouvé preneur à New York il y a cinq ans, avec une estimation de 4-6 millions de dollars, mais qui s’est vendu à Londres le 20 juin pour 2,92 millions de livres (4,39 millions d’euros) et pour le Jaune et Rouge de Bonnard (848 000 livres, 1,2 million d’euros). Christie’s « Nous redoutions par-dessus tout qu’un dollar trop bas ait les mêmes effets que lors des ventes de février, où ce sont les européens qui ont emporté les principaux lots », confiait l’auctioneer Jussi Pylkkanen à l’issue de la soirée de vente du 21 juin. « Mais la situation s’est grandement modifiée, et nous avons pour les dix lots principaux cinq acheteurs américains, ainsi que des acquéreurs asiatiques. » Il a également relevé l’apparition de nouveaux acheteurs qui sont, selon lui, « beaucoup plus sélectifs et mieux conseillés que les acquéreurs japonais de la fin des années 1980 ».

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°219 du 8 juillet 2005, avec le titre suivant : Sotheby’s sauvée par un nouveau collectionneur russe

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