La vente inaugurale parisienne de Sotheby’s, consacrée à la bibliothèque de l’industriel belge Charles Hayoit, a clôturé avec l’ensemble des lots vendus et un record mondial pour une édition de Proust, le tout dans une ambiance très policée.
PARIS - Près de 26 millions de francs de produit vendus – pour 20 millions de francs d’estimation haute –, la totalité des lots adjugés et un record mondial pour une édition originale de Du côté de chez Swann : Sotheby’s peut se réjouir du résultat de sa première vente parisienne. L’événement qui s’est déroulé du 29 novembre au 1er décembre dans ses locaux du Faubourg Saint-Honoré, n’a pourtant pas déchaîné les passions.
Bizarrerie du catalogue, censé respecter l’ordre alphabétique des auteurs proposés, et malice avouée par Sotheby’s : Le Feu de Gabriele D’Annunzio ouvrait la vacation. L’ouvrage au titre symbolique fut mis à prix 1 000 francs, adjugé 70 000 à Kristen van Riel sous un tonnerre d’applaudissements et offert à la présidente de Sotheby’s France, Laure de Beauvau Craon. Passé ce moment d’effervescence inaugural et médiatique, l’assistance à tonalité mondaine se clairsemait notablement, laissant le champ libre aux jeux des enchères, dominées par la présence salutaire du libraire Jean-Claude Vrain et de l’expert Thierry Bodin. Il a fallu attendre le deuxième jour de la vente pour voir l’assistance se détendre. À peine eût-on à regretter quelques sautes d’humeurs dues aux erreurs d’adjudication d’Alain Renner, commissaire-priseur jusque-là attaché aux ventes monégasques de Sotheby’s, et l’absence de l’habituelle cohorte des libraires actifs à Drouot, certes bruyante et bigarrée, mais qui aurait sans doute aidé à la réalisation de prix plus soutenus sur certains numéros.
Au final, la vente se distingue essentiellement par le record remporté par une édition originale sur japon de Du côté de chez Swann de Marcel Proust contenant une lettre autographe de l’auteur. Estimée au plus 1,4 million de francs, elle a été adjugée 2 millions de francs à la librairie Patrick Sourget, devenant l’œuvre de littérature française imprimée la plus chère de l’histoire des enchères. En revanche, l’ensemble des Faux-Monnayeurs d’André Gide, lot vedette de la vente qui retraçait toutes les étapes de l’élaboration du roman (estimé 3 à 5 millions de francs), a été préempté à 2 millions par la Bibliothèque nationale de France sans être disputé par ailleurs. Parmi les belles adjudications, on note 600 000 francs pour une édition originale d’Une saison en enfer d’Arthur Rimbaud accompagnée d’un manuscrit de Verlaine (acheté par Jean-Claude Vrain), ou encore les 570 000 francs obtenus par une édition originale sur vergé d’Arches du Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline. Enfin, la vente s’est clôturée par une cérémonie inédite en France : l’octroi à Alain Renner d’une paire de gants blancs, pour saluer la performance des 100 % de lots vendus. Une tradition maison chez Sotheby’s.
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Sotheby’s entre en scène sur un record
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°138 du 7 décembre 2001, avec le titre suivant : Sotheby’s entre en scène sur un record