Sélection des ventes de la quinzaine (05.11-18.11.2010)

CARTE BLANCHE À PHILIPPE SÉGALOT VENTE DU 8 NOVEMBRE, NEW YORK PHILLIPS DE PURY & COMPANY
Pour le lancement d’un nouvel espace à New York, au 450 Park Avenue, Phillips de Pury a demandé au très influent courtier international en art contemporain Philippe Ségalot de lui monter le catalogue de sa vente inaugurale. 33 œuvres ont ainsi été sélectionnées pour 80 à 100 millions de dollars de transactions, dont 40 millions de dollars d’estimation pour le tableau monumental historique Men in Her Life (1962) d’Andy Warhol, venant de la collection Mugrabi et proposé pour la première fois aux enchères. Il s’agit de la vente la plus importante (en valeur) jamais organisée par l’auctioneer qui espère ainsi décoller… Cette vente – la toute première d’une série intitulée « Carte blanche à » – réunit des œuvres d’artistes contemporains les plus en vogue, à l’instar de Miss Ko2 (1997), sculpture japonaise manga de Takashi Murakami (est. 4 millions de dollars) ; Mechanical Pig (2005), sculpture hyperréaliste animée de Paul McCarthy (est. 2,5 millions de dollars) ; ou encore «Untitled» (Portrait of Marcel Brient) (1992), installation de bonbons de Felix Gonzalez-Torres (est. 4 millions de dollars). Notons aussi deux œuvres de Maurizio Cattelan, Charlie (2003), autoportrait de l’artiste sur un tricycle réalisé à l’occasion de la 50e édition de la Biennale de Venise (ill. ci-contre), et Stephanie (2003), représentation du top model Stephanie Seymour commandée par son mari Peter Brant, estimées autour de 2 millions de dollars chacune. Ségalot a encore choisi des œuvres de Jean-Michel Basquiat, Robert Morris, Cindy Sherman, Thomas Schütte et David Hammons pour cette vente événementielle.

COLLECTION DR MOHAMMED SAID FARSI VENTE DU 9 NOVEMBRE, PARIS CHRISTIE’S
Construite pendant plusieurs décennies, la collection Farsi d’art égyptien moderne témoigne de l’ouverture d’esprit du collectionneur. Cet ensemble rassemble, à Paris chez Christie’s, des nus féminins encore trop impudiques pour la culture orientale. Ils ne pourraient d’ailleurs pas être présentés à Dubaï où a pourtant été dispersée la première partie de cette collection. La vente lève ainsi le voile sur les tableaux de Mahmoud Said : La Fille au coussin bleu (1926), estimé 120 000 euros ; Nu accoudé au divan vert (1943), estimé 90 000 euros (ill. ci-contre) ; Nu au rideau gris (1934), estimé 80 000 euros ; et Nu sur sofa vert (1938), estimé 55 000 euros. La seconde génération des peintres modernes égyptiens, influencés par l’art occidental, est représentée dans cette collection par les œuvres des frères Seif et Adham Wanly, incluant Le Pont-Neuf, Paris (1967) (est. 30 000 euros). Signalons qu’un courant majeur dans l’art d’après-guerre égyptien a amené un groupe d’artistes à se concentrer sur l’identité égyptienne. « L’un de ses porte-parole est Hamed Nada qui, cherchant à se rapprocher d’une conception populaire de l’art, a dépeint les populations opprimées et profondément appauvries par la crise économique ayant frappé l’Égypte après la Seconde Guerre mondiale, explique le spécialiste Étienne Hellman. Les œuvres d’Abdul Hadi El-Gazzar expriment le même souci de réalisme. » Pour les peintures très animées de Hamed Nada, les estimations varient de 12 000 euros, pour Le Chant du coq, à 100 000 euros, pour Le Cheval indiscipliné (1988).

JUDAÏCA VENTE DU 17 NOVEMBRE À DROUOT, PARIS SVV ADER ET SVV KAPANDJI MORHANGE
Trois exceptionnelles reliures en argent italiennes ornant des livres de prières sont les joyaux d’une vente de Judaïca et Hébraïca qui rassemble nombre d’imprimés et de manuscrits sur ce thème. Travail vénitien du XVIIIe siècle à inscription hébraïque et décor de fruits, fleurs, feuillages et motifs géométriques en lambrequins autour d’un écusson central, la première reliure contient un Mahzor de Rosh Hashana selon le rite ashkénaze (est. 25 000 euros). Estimée 20 000 euros, la deuxième, qui contient un Mahzor selon le rite italien (Venise, 1772) est aux armes de la famille Minerbi (ill. ci-contre), « une des familles les plus importantes, par les activités culturelles et économiques de certains de ses membres, du judaïsme italien », relève l’expert Élie Szapiro. La troisième à décor feuillagé autour d’un écusson aux initiales MNF, aux poinçons de Modène, contient un Mahzor de Rosh Hashana selon le rite ashkénaze (Venise, 1756) (est. 12 000 euros). La majorité de la vente portera sur la bibliothèque et les archives de la collection Raphaël Benazeraf, le collecteur du Refranero (recueil de proverbes judéo-espagnols du Maroc) publié en 1978, incluant un important ensemble de documents sur le judaïsme sépharade et les Juifs du Maroc. Les amateurs apprécieront notamment le Dictionnaire bibliographique des auteurs juifs, de leurs ouvrages espagnols et portugais et des œuvres pour et contre les Juifs et le judaïsme, livre de référence sur le sujet publié à Strasbourg en 1890, et un livre de prière de la fin du XVIIe siècle publié à Amsterdam, rédigé en espagnol à l’attention des Juifs installés à Amsterdam après avoir fui l’Inquisition espagnole (est. 500 euros chacun). Notons encore des livres, dessins et gravures ayant appartenu au poète symboliste Gustave Kahn.