PARIS - Une main, en plâtre, paume en l’air, sort du mur et tient suspendu un triangle équilatéral en bambou.
Siobhan Liddell (née en 1965 en Angleterre, vit à New York) a intitulé son œuvre Ordinary Devotion. Ce qui ne l’est pas, ordinaire, c’est la façon dont, avec un minimum de moyens, l’artiste parvient à trouver un équilibre et une harmonie aussi justes. Tout à côté, c’est un pied et son mollet, qui, posés au sol, dépassent de trois papiers rectangulaires accrochés comme s’il s’agissait d’une robe à étage. Un bout de bois en sort pour maintenir en l’air, à l’extrémité d’une ficelle, un serpent en papier mâché. Un serpent, on en retrouve un autre un peu plus loin, dans Mind, Wind, comme rampant sur l’un des côtés d’un triangle, également en ficelle.
Éric Dupont connaît l’artiste depuis 1993 et l’a montrée pour la première fois en 1995 dans sa galerie qui était à l’époque à Toulouse. Dans cette cinquième exposition, « Among Ancients », de Siobhan Liddell, on retrouve des récurrences de thèmes, formes, matériaux. En toute logique puisque la dizaine de pièces ici présentées a été réalisée pendant la résidence de l’artiste à l’American Academy de Rome, où elle a séjourné un an. L’esprit italien, conjugué à son propre langage, anime donc la majorité des œuvres. À l’exemple de Collective Rattle of Tongues qui ressemble à un masque : avec un bout de bambou peint en rouge et dressé au milieu du visage, il fait évidemment penser à Pinocchio. Sur un autre mur, deux grandes nattes en papier découpé, simplement accrochées à un papier mâché recourbé pour figurer une tête, se réfèrent directement, par leurs motifs et leurs couleurs, à la culture étrusque. Encore plus simple, mais d’une très grande force, Bag and Flowers se compose d’une collerette en papier (tête décapitée?) juste entourée d’un collier en fleurs séchées.
Par leur minimalisme, les sculptures de Siobhan Liddell témoignent d’une grande fragilité et d’une belle subtilité. Ces aspects se retrouvent jusque dans l’usage des couleurs. Très souvent en effet, l’artiste les met derrière ses reliefs. Si bien que ce n’est plus un rouge ou un vert que l’on voit mais leurs reflets sur le mur, comme une aura qui donne à chaque pièce sa tonalité et son mystère. Et même quand elle utilise la couleur de face comme pour Miracolo della luce, le jaune bouton d’or est si fort qu’il se projette en reflet devant, sur le sol, pour donner encore plus de volume à la sculpture et augmenter l’intrigue.
Le prix des œuvres, s’il n’est pas minimal mais compris entre 2 800 et 9 000 euros, semble lui aussi d’une grande justesse.
jusqu’au 23 mars, galerie Éric Dupont, 138, rue du Temple, 75003 Paris, tél. 0144540414, www.eric-dupont.com, du mardi au samedi 11h-19h. Fermeture exceptionnelle du 26 février au 8 mars.
Nombre d’œuvres : 11 ( tirages sur papier) Prix : entre 2800 et 9000 €
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Retour de Rome
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°385 du 15 février 2013, avec le titre suivant : Retour de Rome