Résultats très inégaux pour les arts premiers à Paris : triomphe chez Sotheby’s, fiasco chez Christie’s et manque de fraîcheur pour la collection Kerchache chez Pierre Bergé et associés.
PARIS - La vacation du 16 juin, à Paris, chez Sotheby’s, a clos avec brio la saison parisienne des ventes d’arts premiers entamée par la collection Kerchache le 13 juin à Drouot-Montaigne chez Pierre Bergé et associés (PBA), suivie d’une piètre prestation chez Christie’s le 15 juin. Leader de la spécialité depuis plusieurs années, Sotheby’s a enregistré un produit de ventes de 6,8 millions d’euros, largement au-dessus des prévisions. « La vente offrait plusieurs pièces inédites conservées depuis plusieurs décennies dans une même collection », justifie le spécialiste Alexis Maggiar. Estimée 500 000 euros, une figure d’ancêtre Hemba du Congo, acquise par un couple d’amateurs américains dans les années 1970, a décroché la plus haute enchère de 840 750 euros. Un trône Tabwa du Congo de même provenance, estimé au mieux 60 000 euros, a été emporté pour 216 750 euros. Un sceptre Tshokwe d’Angola, conservé dans la même collection depuis 1905, s’est envolé à 660 750 euros, six fois son estimation haute. Entré dans la même collection en 1903, un sommet de sceptre-tabatière, autre chef-d’œuvre de l’art Tshokwe, était présenté pour la première fois sur le marché sur une estimation haute de 120 000 euros, pour atteindre 456 750 euros.
Signalons aussi l’attirance d’une nouvelle clientèle pour les pièces de formes, aux lignes très épurées rappelant l’esthétique de l’art moderne. Estimée au mieux 25 000 euros, une cuiller-pilon ivoirienne Kulango, présentant une succession de volumes, est par exemple partie à 78 750 euros. L’art océanien a également brillé, notamment avec les objets de la prestigieuse collection Friede d’art de Nouvelle-Guinée : 576 750 euros pour une puissante statue masculine de région du Bas-Sepik, 552 750 euros pour une rare et très ancienne statue Ewa, ou encore 384 750 euros pour une statuette féminine du Bas-Sepik, toutes emportées à des prix supérieurs aux attentes.
Le 13 juin, à Drouot-Montaigne chez PBA, la très médiatique collection Kerchache, dont près de la moitié du catalogue était dédié aux arts premiers, a connu un succès mitigé. Les amateurs étaient moyennement excités, sachant que la plupart des objets tournaient sur le marché depuis longtemps, proposés à des prix prohibitifs. Même l’effort consenti pour établir des estimations plus abordables n’a pas toujours suffi à réveiller le désir des collectionneurs. Une rare et grande sculpture de 37 centimètres de roi Tshokwe a été préemptée dans son estimation pour 1,4 million d’euros par le Musée du quai Branly. Une affaire pour l’institution française qui ne possédait pas de grande statue Tshokwe et qui se l’était vue proposer en vente privée à un montant bien plus important. Cela a été fatal pour le reliquaire Fang Byéri féminin du Gabon, autre clou de la vente. Il était précédemment à vendre de gré à gré pour plusieurs millions d’euros. Estimé 600 000 à 800 000 euros, il a été ravalé sous la barre des 500 000 euros.
Prix prohibitifs
Enfin, le 15 juin chez Christie’s, ce fut la bérézina ! Un peu plus de 550 000 euros ont été péniblement cumulés, soit un quart du minimum espéré. Les enchères ont plafonné avec trois objets adjugés moins de 38 000 euros pièce. La vente a été plombée par des objets décadents et des estimations trop élevées, à l’instar d’un cavalier Baoulé de Côte-d’Ivoire annoncé du XIXe siècle, estimé 350 000 euros minimum et grossièrement sculpté dans sa partie inférieure. La qualité manquait globalement à cette vente, y compris pour les quatorze pièces de l’ancienne collection Paul Guillaume qui n’avaient pas été retenues par la concurrence pour cette raison. La preuve qu’un pedigree ne fait pas tout. « Ce n’est pas la première mauvaise vente que nous avons dans cette spécialité », reconnaît François de Ricqlès, président de Christie’s France qui, quinze jours avant l’issue catastrophique, s’est séparé de Tim Teuten, le spécialiste et directeur des ventes d’art tribal, « en vue d’une réorganisation du département ».
PBA, 13 JUIN
- Estimation : 4 à 5,8 millions d’euros
- Résultats : 5,7 millions d’euros
- Nombre de lots vendus/invendus : 133/39
- Lots vendus : 77 %
- Prix moyen du lot : 42 900 euros
CHRISTIE’S, 15 JUIN
- Estimation : 2 à 3,3 millions d’euros
- Résultats : 570 000 euros
- Nombre de lots vendus/invendus : 68/75
- Lots vendus : 47,5 %
- Pourcentage en valeur : 26 %
- Prix moyen du lot : 8 380 euros
SOTHEBY’S, 16 JUIN
- Estimation : 3,4 à 5 millions d’euros
- Résultats : 6,8 millions d’euros
- Nombre de lots vendus/invendus : 53/28
- Lots vendus : 65 %
- Pourcentage en valeur : 91 %
- Prix moyen du lot : 128 600 euros
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°329 du 9 juillet 2010, avec le titre suivant : Pour le meilleur et pour le pire