L’ancienne résidence londonienne du duc
de Wellington, Apsley House, est au cœur d’un violent conflit opposant le Wellington Museum Trust à l’English Heritage, qui se disputent la gestion du manoir. Un rapport devrait être rendu au ministère britannique de la Culture dans le courant du mois de septembre, qui statuera alors sur l’affaire.
LONDRES - Une vive polémique a éclaté au sujet de l’avenir d’Apsley House. Deux organisations se disputent la gestion de l’ancienne résidence londonienne du duc de Wellington : le Wellington Museum Trust (soutenu par la famille Wellington) et l’English Heritage. Pour le gouvernement, le choix est difficile. Cette polémique suit une décision qui met fin aux dispositions jusqu’alors en vigueur, selon lesquelles Apsley House est administré par le Victoria and Albert Museum (V&A). Le septième duc de Wellington a fait don en 1947 à l’État britannique de la maison et d’une grande partie de son contenu, notamment deux cents tableaux provenant pour la plupart de la collection royale d’Espagne. Cet accord prévoyait que la famille Wellington conserverait ses appartements privés à Apsley House, tandis que la gestion des espaces publics du musée serait confiée au V&A, et que l’entretien du bâtiment serait à la charge de l’État. Les relations entre la famille Wellington et le V&A se sont détériorées dans les années 1990, et le Department for Culture, Media and Sport (DCMS, ministère de la Culture, des Médias et des Sports) a finalement confié la gestion des espaces publics du musée à un autre organisme. La famille Wellington, sous la férule de Lord Douro (fils du huitième duc), a alors fondé le Wellington Museum Trust, et Lady Douro siège à son conseil d’administration. Il y a quelques mois, le DCMS a lancé un appel d’offre pour la gestion du manoir. Au départ, seul le Wellington Museum Trust était censé postuler. Mais, peu avant le 12 avril, date limite des dépôts de candidature, l’English Heritage s’est présenté. Comme il nous l’a déclaré, Jocelyn Stevens, président de l’English Heritage jusqu’en 2000, est convaincu que le DCMS a “encouragé” la candidature de l’English Heritage. Les deux dossiers devaient être examinés dans le courant du mois de septembre par le tout nouveau Office of Government and Commerce (bureau de l’administration et du commerce), qui rendra son rapport au DCMS avec sa recommandation. La famille Wellington semble pourtant avoir toutes les cartes en main, et ne pourrait laisser aucune chance à son rival, l’English Heritage. Pour ajouter à la confusion, Jocelyn Stevens occupe à présent le poste de président du Wellington Museum Trust. Il insiste sur le fait que l’English Heritage ne recevrait aucun soutien de la part des Wellington. En premier lieu, Lord Douro a déclaré que la famille retirerait quatre-vingts pièces de la collection familiale, actuellement exposées dans les salles ouvertes au public. Parmi ces pièces figurent des tableaux et des souvenirs qui comptent parmi les plus beaux conservés à Apsley House. En second lieu, conformément à l’accord de 1947, la famille se réserve le droit d’autoriser ou non l’utilisation du bâtiment pour des soirées, droit qui serait refusé à l’English Heritage, ainsi privé d’une source de revenus importante. Lord Douro a également promis que si le Wellington Museum Trust emportait l’affaire, il s’engageait à apporter des améliorations notables. Il se propose par exemple de prêter plusieurs centaines de pièces en provenance de son propre manoir, Stratfield Saye, dans le Berkshire. “Tout ce qui fut autrefois conservé à Apsley House sera restitué”, précise Jocelyn Stevens. Lord Douro souhaite aussi réaménager les espaces publics d’Apsley House et recréer l’ambiance qui était celle du manoir lorsqu’il était habité par le duc de Wellington. Selon Jocelyn Stevens, le manoir est actuellement “un espace à demi vide, sans personnalité”.
Une grande exposition déjà annulée
Le mois dernier, l’English Heritage a confirmé sa candidature à la gestion d’Apsley House, mais n’a pas souhaité s’exprimer sur ses propositions avant la réunion décisive qui devait avoir lieu dans le courant du mois de septembre avec l’Office of Government and Commerce. Par ailleurs, si le contrat était confié au Wellington Museum Trust, certains estiment que la famille aurait une influence excessive sur la gestion d’un bâtiment historique appartenant à l’État. Les menaces proférées par Lord Douro, selon lesquelles il retirerait les objets en prêt et refuserait au manoir l’autorisation d’accueillir des soirées, pourraient aussi se retourner contre le Wellington Museum Trust. En attendant, le retard dans la prise de décision a déjà entraîné l’annulation d’une grande exposition prévue pour septembre, destinée à commémoré le 150e anniversaire de la mort du grand duc. On espérait même que le magnifique corbillard de la famille serait rapatrié depuis Stratfield Saye. Pour l’heure, aucune mesure importante concernant Apsley House ne pourra être prise tant que le DCMS n’aura pas décidé de confier un premier mandat quinquennal au Wellington Museum Trust ou à l’English Heritage.
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Polémique à Londres autour de Apsley House
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°155 du 27 septembre 2002, avec le titre suivant : Polémique à Londres autour de Apsley House