Forte d’une sélection plus rigoureuse de musées, centres culturels, galeries et librairies, la cinquième édition du festival s’installe dans le paysage des événements de novembre.
« Après les Arts premiers au mois de septembre, Photo Saint-Germain offre aux galeries une nouvelle occasion d’animer le quartier », soulignait Jean-Pierre Lecoq, maire du 6e arrondissement de Paris lors de la présentation en septembre de la programmation du festival. Rares effectivement sont les quartiers parisiens, y compris le Marais, qui connaissent autant d’événements artistiques initiés par ses galeries. La mise à l’honneur en novembre de la photographie dans ce quartier peu référencé en ce domaine (seules deux enseignes photo sont recensées : les galeries Catherine et André Hug et Madé) est à relier à la dynamique marchande portée par Paris Photo.
Programmations photo des institutions, salons satellites (Offprint à l’École nationale des beaux-arts ou Fotofever au Carrousel du Louvre), tout le monde profite de l’attrait du salon qui draine le meilleur de la photographie internationale. Seule exception toutefois cette année, mais de taille : le Mois de la Photo qui aurait dû se dérouler en novembre a été programmé en avril 2017 sur proposition de François Hébel, son directeur artistique, en raison de l’ouverture de la programmation au Grand Paris. « Paris Photo, qui avait choisi le mois de novembre afin de se caler sur le Mois de la photo lors de sa création, est devenu un tel phénomène que l’on ne “décolle” plus du centre de Paris. Le rendre accessible avec succès au Grand Paris nécessitait de l’établir au printemps, saison plus favorable aux déplacements », explique l’ancien directeur des Rencontres d’Arles, invité par Jean-Luc Monterosso, créateur de la biennale, à réaliser la 19e édition et à repositionner un événement en perte de lisibilité en raison d’une labellisation inflationniste et peu rigoureuse des expositions proposées. L’absence du Mois de la Photo en novembre peut-il profiter à Photo Saint-Germain ?
Un comité de sélection impartial
Initié en 2010 par Juliette Aittouarès de la galerie Espaces 54, Photo Saint-Germain – lui aussi festival de labellisation – a pris garde sous la gouverne de ses deux nouvelles directrices, Virginie Huet et Aurélia Marcadier, de ne pas tomber dans ce travers. Dès leur première participation en 2015, la création d’un comité de sélection, renouvelé chaque année et sans aucun marchand parmi ses cinq membres, a été une de leurs premières décisions avec la suppression du thème éditorial. « Le boulevard Saint-Germain est le fil rouge avec ses quartiers limitrophes du 7e, 6e et 5e arrondissements », explique Aurélia Marcadier, tandis que Virginie Huet revient sur le choix du président du festival – Christophe Lunn – « extérieur au quartier, mais pas étranger au milieu de la photographie ». Expert et marchand, Christophe Lunn est le fils du célèbre galeriste américain Harry Lunn, soutien précieux avec Agnès b. de la première édition de Paris Photo, en 1997.
La programmation, « plus sévère encore cette année dans ses choix » selon ses deux directrices, s’accompagne d’ores et déjà d’une présence accrue des institutions plus que favorables à plus de visibilité. Participent ainsi pour la première fois l’Institut du monde arabe avec Emeric Lhuisset, le Centre culturel irlandais avec Hannah Starkey et l’Atelier de Sèvres. Parmi les nouveaux venus on relève la Forest Divonne avec Illés Sarkantyu, Maria Wettergren avec Bertrand Weill et Rodolphe Proverbio, la galerie 1492 d’art précolombien avec la jeune Clara Chichin et la Librairie Mazarine avec le dernier travail d’Hannah Darabi sur l’Iran.
Ailleurs on trouve d’autres attraits, avec Anders Petersen ainsi mis à l’honneur dans les espaces de la toute nouvelle galerie Circulation et au Musée national Eugène Delacroix, tandis que l’installation vidéo d’Assaf Shoshan à l’église Saint-Germain-des-Prés, Mona Kuhn (Catherine et André Hug), Eikoh Hosoe (Éric Mouchet) ou « Tatouages du milieu » (Frédéric Moisan) constituent d’autres temps forts.
Autre indicateur de la confiance apportée à l’évolution de Photo Saint-Germain : le soutien de la Fondation Carmignac au festival via l’organisation pour la première fois de conférences, débats en dehors de la présentation du lauréat du 7e prix Carmignac du photojournaliste Narciso Contreras sur les centres de détentions en Libye. Le partenariat inédit de 8 000 € du cabinet d’avocat Martin et Associés au budget total de 50 000 € du festival, financé aux deux tiers par les cotisations des galeries (1 080 €), les mairies des 5e, 6e arrondissement, et pour la première fois du 7e arrondissement, est un autre signe d’encouragement pour ses deux directrices. Reste encore à convaincre Kamel Mennour, Imane Fares ou Loevenbruck à participer au festival.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Photo Saint-Germain gagne en ampleur
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €4 au 20 novembre 2016, programmation sur www.photosaintgermain.com
Légende Photo :
Aleix Plademunt, Espectadores #05, tirage argentique, 120 x 150 cm © Aleix Plademun / Galerie Olivier Waltman
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°466 du 28 octobre 2016, avec le titre suivant : Photo Saint-Germain gagne en ampleur