Le retour du festival Photo Saint-Germain et le salon Photo off devenu What’s Up Photo Doc, cinq ans après leur lancement, confirment l’effervescence dans ce secteur.
Si Paris Photo a changé de direction, d’autres mutations sont intervenues ces derniers mois, dans les manifestations qui se sont montées depuis cinq ans en parallèle. En premier lieu Photo Saint-Germain, réactivé par le galeriste André Hug, fait son retour après un an et demi de mise en sommeil. Initié en 2010 par Juliette Aittouarès, directrice de la galerie Espace 54, le festival Photo Saint Germain-des-Prés placé sous la direction artistique de Guillaume Piens se voulait un « rendez-vous essentiel de Paris Photo et des foires “off” rythmant chaque année le mois de novembre », comme le rappelle le nouveau président de l’association Christophe Lunn, expert pour la maison de vente Artcurial. « Le festival participait d’une nouvelle dynamique motivée par l’arrivée rue de L’Abbaye de la Galerie Magnum. » Magnum a depuis fermé discrètement sa galerie rétrécissant l’offre photo de qualité déjà restreinte dans ce quartier d’antiquaires, d’enseignes généralistes, de design ou d’arts premiers. Le festival a de son côté cherché une autre dynamique en confiant la coordination générale à deux jeunes femmes : Virginie Huet, chargée de mission du Mois de la Photo 2014, et Aurélia Marcadier, cofondatrice de Temple, lieu d’exposition photo et plateforme de réflexions autour de l’image contemporaine et de ses pratiques.
Quête de talents inattendus
L’instauration au préalable d’un comité de sélection des membres n’appartenant pas aux enseignes impliquées dans la programmation a été la garantie de leur indépendance et de l’établissement d’une programmation de qualité plus uniforme. « Une galerie ne peut être juge et partie », souligne Virginie Huet. Et Aurélia Marcadier de préciser : « nous voulions du contenu ». Accueillir des galeristes généralistes qui ne programment jamais de photographie, mais aussi des institutions jusqu’ici absentes du circuit, attestent du souhait de soutenir des travaux contemporains. C’est le cas du Franco-Tamoul Vasantha Yogananthan, qui investit l’église Saint-Germain avec sa série Interludes, montrée tout récemment chez Sage Paris qui le représente depuis cet été et qui s’avère être aussi sa première galerie. Tout comme Stéphanie Solinas invitée par le Musée national Eugène Delacroix à porter un regard sur les œuvres de l’institution et dont Les Phénomènes (3 940 € pièces), réalisés pour cette exposition, ont intégré l’exposition collective « Her First Meteorite » organisée jusqu’au 28 novembre par Rose Gallery, première galerie à intégrer son travail.
Hélène Bailly Gallery, en écho à son exposition « L’abstraction de 1920 » à nos jours a retenu les paysages aléatoires de Manon Bellet réalisés à partir de Polaroids ou de cyanotypes altérés par la lumière, des pièces uniques vendues entre 2 000 et 5 000 €. La galerie Zlotowski accueille, elle, les facéties érudites d’Edwart Vignot, qui signe ici sa première exposition aux côtés du Taïwanais Fang Yen Men, tandis que la galerie rueVisconti héberge les approches nouvelles de monstration ou d’édition du médium portées par le collectif de photographes AM Project ou par l’éditrice Inès de Bordas. Kourtney Roy, révélée par le festival Circulation et lauréate de divers prix depuis, révèle de son côté ses derniers autoportraits chez Catherine & André Hug qui la représente depuis cinq ans. La photographe de mode aux images séduisantes a le vent en poupe : les prix de cette dernière série réalisée en parcourant la route 66 variant de 3 800 à 6 800 € en fonction du format et du nombre de tirages.
À la Galerie Frédéric Moisan, parmi les photographes présentés que sont Bernard Guillot, Jérôme Liebling et Vivian Mayer, les vintages de Léo Matiz (de 2 500 € à 5 000 €) ramènent aux travaux de ce grand nom de la photographie colombienne du XXe siècle. Le portfolio « Lisette Model, 12 photographs », produit par Harry H. Lunn Jr. et tiré à 75 exemplaires (55 000 € le portfolio et 5 000 € à 7 000 € le tirage issu d’un de ses portfolios) est pour sa part une exclusivité de la galerie Marcilhac. Pour sa première participation à Photo Saint-Germain, Claude Bernard a opté, quant à lui, pour un accrochage de groupe des photographes de la galerie (Henri Cartier-Bresson, Robert Doisneau, Martine Frank et Jean-Michel Fauquet), auxquels il a incorporé quelques pièces d’Olga Chernysheva (8 000-12 000 €), d’Antoine Petitprez (4 000 €) et un petit tirage de Carole Fékété de « La Dînette » (10 000 €).
What’s Up Photo Doc
Dans le 20e arrondissement, c’est le salon Photo Off (créé en 2010 par La Bellevilloise et Art Event) qui a choisi de changer de nom pour devenir What’s Up Photo Doc, manière pour ses organisateurs « d’affirmer plus précisément l’identité de ce salon liée à la photographie documentaire », explique Charlotte Flossaut, sa directrice artistique. Une affirmation forte que portent depuis le début les fidèles de cette foire, que sont la galerie Basia Embiricos (Paris) ou Voz’Galerie (Boulogne Billancourt), et que prolongent les nouveaux venus : la Galerie Intervalle créée il y a deux ans, le collectif Hans Lucas ou la galerie In)(Between – prix de la galerie Photo Off l’an dernier– non sans cacher pour certains leur désir de participer un jour à Paris Photo.
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Les nouveaux horizons du « off »
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Abonnez-vous dès 1 €Photo Saint-Germain
7-22 novembre 2015, www.photosaintgermain.com
What’s up Photo Doc
international Documentary Photo Fair, 12-15 novembre, à la Bellevilloise, 19 -21 rue Boyer 75020 Paris, www.whats-up-photodoc.com, entrée 7 €.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°444 du 30 octobre 2015, avec le titre suivant : Les nouveaux horizons du « off »