C’est dans un contexte peu favorable que la 7e édition de Photo London s’est tenue, du 12 au 15 mai, à Londres. L’entrée d’un nouvel actionnaire au capital va lui permettre de se développer.
Londres (Royaume-Uni) Contrairement à ce qui prévaut d’habitude, Photo London a ouvert le bal annuel des foires photo, The Photography Show organisé par l’Association of International Photography Art Dealers (Aipad) à New York ayant déplacé ses dates en mai, au lieu de mars ou avril. La pandémie a ainsi bousculé les calendriers mais elle a surtout fragilisé l’écosystème des foires consacrées à la photographie. Et Photo London 2022 en porte la trace.
Ses organisateurs, Fariba Farshad et Michael Benson, ont eu du mal à convaincre les galeries américaines et européennes de poids de venir, telles la galerie londonienne Michael Hoppen, absente pour la première fois du parterre du centre d’art Somerset House, ou la galerie new-yorkaise Howard Greenberg, toutes deux membres de l’Aipad et présentes au Photography Show. En outre, la concurrence des foires d’art contemporain à la même période n’a pas joué en faveur de Photo London. Enfin, Christie’s, Sotheby’s et Phillips n’ont organisé aucune vente de photographies durant la foire. Sotheby’s a préféré concentrer ses ventes à New York, du 13 au 19 mai, tandis que Christie’s New York adjugeait le premier tirage du Violon d’Ingres de Man Ray (1924), à 12,4 millions de dollars (11,9 millions d’euros), record jamais atteint pour une photo.
La photographie vintage ou la pièce rare du XIXe ou du XXe siècle n’est pas le fort de Photo London, bien que le marchand James Hyman ait conçu une exposition de choix avec les mises en scène de la comtesse de Castiglione (1837-1899) réalisées en 1861-1867 avec la collaboration du photographe Pierre-Louis Pierson (1822-1913) et que, pour sa première participation, Curatorial, société de conseils et d’expositions sise à Los Angeles et à Londres, se soit intéressée à Paul Outerbridge (1896-1958) et Emil Otto Hoppé (1878-1972) dont elle gère la succession.
Une grande partie des propositions de la foire demeure très focalisée sur la nature, la mode et le people avec quelques figures récurrentes telles que la reine d’Angleterre et la famille royale, Kate Moss et la scène musicale pop anglaise des années 1960-1970. Autrement dit, des sujets correspondants aux goûts du marché local. Cette 7e édition a ainsi présenté des expositions consacrées aux photographies de mode de Frank Horvat (1928-2020) et de Nick Knight (né en 1958, voir ill.). Nulle part ailleurs, les photographes de mode, toutes générations confondues, n’ont autant été présents, notamment les Français comme dans les galeries Atlas (Londres), Peter Fetterman (Santa Monica) ou Camera Work (Berlin) qui a rendu hommage à Marc Demarchelier décédé en mars dernier.
Les photographes africains bénéficiaient aussi d’une belle représentation cette année, de James Barnor (chez Clémentine de la Féronnière) à Thandiwe Muriu (193 Gallery), Saïdou Dicko (Afikaris) ou Mikhael Subotzky (Goodman Gallery). Enfin, les focus sur la scène photographique ukrainienne de la galeriste Alexandra de Viveiros ou de la galerie polonaise Ilex Photo ont été d’une grande qualité, comme les stands de Jean-Kenta Gauthier (Paris) ou de David Zwirner (New York, Londres, Paris et Hongkong) consacré à l’acte performatif et photographique de Jürgen Klauke et Tarrah Krajnak.
Même si Photo London 2022 ne manque pas d’atouts grâce à sa programmation éclectique, il lui faut attirer davantage de clients. L’entrée dans son capital de la World Photography Organisation [WPO], à hauteur de 25 % consolide pour l’heure la foire.« Si l’expérience de la pandémie nous a appris quelque chose, c’est que nous n’avions pas la force nécessaire pour soutenir et développer l’activité sur le long terme. Ce nouveau partenariat ne renforce pas seulement la foire, il nous donne aussi une fantastique plateforme de développement », précise Michael Benson. WPO est la branche photo d’Angus Montgomery Arts, organisateur de foires, notamment de Photofairs Shanghaï. « Notre solide réseau en Asie nous permet d’aider Photo London à élargir son engagement international et à offrir aux artistes, aux galeries et au public de nouvelles opportunités », souligne Scott Gray, fondateur et directeur général de WPO. « Récemment, nous avons collaboré avec la WPO pour la production des expositions du prix Pictet à Shanghaï et à Pékin », rappelle Michael Benson. Inversement, l’intention de WPO est que Photo London soit une vitrine de la création photographique chinoise. Le stand qui lui a été consacré cette année marque un premier pas dans ce sens.
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Photo London 2022, une foire encore en devenir
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°590 du 27 mai 2022, avec le titre suivant : Photo London 2022, une foire encore en devenir