Rassemblant de nombreuses galeries internationales, la foire londonienne doit composer avec un changement de goût des acheteurs et la concurrence des foires d’art contemporain.
Londres. Après trois ans de crise sanitaire, le calendrier des foires photo déroule à nouveau ses manifestations dans l’ordre habituel. Photo London qui a fermé le 14 mai dernier a fait suite à Photography Show qui s’est tenue à New York, du 30 mars au 2 avril. Ces deux foires toutefois ne ressemblent plus tout à fait à ce qu’elles étaient avant le Covid-19. La plupart des membres européens de l’Aipad, organisateur de Photography Show, n’ont de nouveau pas fait le déplacement à New York, cette année. Trois galeries françaises seulement y ont repris un stand : Toluca Fine Arts, Sit Down et Catherine et André Hug. Les galeries américaines, surtout new-yorkaises, étaient prépondérantes (34 sur 44 au total) et le volume des affaires a été, de manière générale, plutôt décevant.
De la même manière cette année, Photo London n’a pas retrouvé autant de galeries qu’en 2019 (seulement 88 contre 108 il y a quatre ans). La 8e édition se distingue surtout par le nombre de galeries étrangères, un niveau record de 69, soit près de 80 % avec 25 pays représentés. Cette édition est par ailleurs marquée par l’absence pour la première fois de Thomas Zander (Cologne) et de Howard Greenberg (New York), deux grandes galeries présentes dès la première édition. Du côté français, le renouvellement se poursuit avec l’absence pour la première fois d’Esther Woerdehoff (Paris) et la présence dans le secteur principal des galeries presque toutes parisiennes : 193, Bonne Espérance, Olivier Waltman (Paris, Londres), Sophie Scheidecker, XII, Maât, Magnum, Nil, Podgorny Robinson (Saint-Paul de Vence) et Fisheye – dont l’artiste visuelle Léa Habourdin est la lauréate du Photo London x Nikon Emerging Photographer Award 2023.
Ces évolutions n’ont toutefois pas affecté l’éclectisme de la foire en termes de propositions et de qualité, ni la bonne représentation de la scène anglo-saxonne, avec une exposition de photographies sur le Royaume-Uni de Martin Parr. La photographie des années 1960 à nos jours, sous différentes formes, prédomine avec une belle place accordée à la mode et aux animaux. La proposition de certains stands ne manquait pas de souffle, comme celle de la galerie hongkongaise Blue Lotus et le duo show exceptionnel de Fan Ho et Yashuhiro Ogawa. Si la foire a été un succès pour certains artistes comme Justine Tjallinks chez Sophie Scheidecker ou Chantal Élisabeth Ariëns chez Ira Stehmann (Munich), elle ne s’est pas démarquée des autres éditions par son rythme de ventes, jugé par certains plus lent que d’habitude.
Photo London n’est pas devenue la grande foire internationale du premier semestre qui attire de nombreux collectionneurs et professionnels de la photo à l’instar de Paris Photo. Son développement se heurte à des coûts en hausse pour les participants étrangers et à un volume de ventes souvent trop bas d’un autre côté. Mais surtout la manifestation fait face à une évolution de l’écosystème des foires photo concurrencées par les foires d’art contemporain généralistes. Ainsi, le lancement de Photofairs New York en septembre prochain à laquelle est associée Photo London à hauteur de 10 %, a du mal à convaincre les galeries, du moins européennes, à participer à cette première édition qui se déroulera deux mois avant Paris Photo.
Le marché de la photo demeure un marché de niche comparé au marché de l’art contemporain qui connaît une évolution importante. Le nombre de galeries uniquement spécialisées en photo se tarit au profit des galeries d’art contemporain, le second marché prend de l’ampleur et l’intérêt des collectionneurs lui-même évolue avec la fin de toute une génération de collectionneurs et l’émergence d’une nouvelle, aux goûts, intérêts et habitudes d’achats différents.
Photo London néanmoins dispose désormais d’une banque comme partenaire. En mars dernier, la Banque Royale du Canada (RBC) est en effet devenue le partenaire principal de la foire créée et dirigée par Michael Benson et Fariba Farshad. Ce soutien lui permet d’envisager les prochaines années plus sereinement.
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Photo London peine à trouver un nouvel élan
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°612 du 26 mai 2023, avec le titre suivant : Photo London peine à trouver un nouvel élan