PARIS
Parallèlement à la rétrospective de la Fondation Louis Vuitton, la pionnière du design est exposée à galerie Downtown où son « art d’habiter » est pris à la lettre.
Paris. Courant juillet paraissait l’ouvrage Living with Charlotte Perriand, publié par le marchand parisien François Laffanour, spécialisé dans les arts décoratifs du XXe siècle et fasciné par le travail de cette figure majeure du design. Dans ce livre, celui-ci a eu l’idée originale de montrer, au travers de photographies dévoilant leurs intérieurs, comment les collectionneurs vivent avec Charlotte Perriand (1903-1999), autrement dit comment ils ont agencé leurs lieux de vie avec les meubles acquis à la galerie. Aussi découvre-t-on l’intérieur du collectionneur Adam Lindemann (New York) ou celui de Kevin Wendle (Paris). « Je désirais depuis longtemps faire un livre mais je ne voulais pas interférer avec le travail de Jacques Barsac (Charlotte Perriand. L’œuvre complète,éd. Norma). J’ai donc choisi un angle différent, qui me permettait aussi de rendre hommage aux collectionneurs qui m’ont fait confiance », explique François Laffanour.
Parallèlement à cette parution, et en marge de l’exposition que la Fondation Louis Vuitton consacre à Charlotte Perriand [lire p. 25], le marchand a mis en application le thème de l’ouvrage en reconstituant dans son espace de la rue de Seine un appartement meublé exclusivement de pièces de l’artiste. L’occasion de braquer les projecteurs sur des meubles emblématiques, le tout agrémenté de vanneries japonaises et d’œuvres d’art contemporain dont certaines, tel un tableau de Daniel Buren, ont été prêtées par le galeriste Kamel Mennour. Une manière de démontrer que ses meubles se marient facilement avec des œuvres d’art.
Comme dans un appartement, le sol de la galerie a été garni d’un parquet et les différentes pièces – salle à manger, salon, bureau – délimitées par des claustras japonais, chers à Charlotte Perriand. « Très influencée par ses voyages (Japon, Brésil, l’Asie…) et sa passion pour la montagne, elle s’est créé son propre style, qu’elle a su marier avec son goût des choses simples tout en étant raffinées et fonctionnelles », commente le marchand.
Parmi la vingtaine de pièces présentées, toutes à vendre pour des prix allant de 3 000 à plus de 1 million d’euros, figurent une grande table de salle à manger en bois de rose, 1958 ; une table basse réalisée pour l’inauguration de la galerie Steph Simon (son diffuseur) en 1956 ; une bibliothèque basse à portes coulissantes (autour de 200 000 €) ou encore le bureau « en forme » de son mari Jacques Martin, directeur d’Air France à Rio (1962). Mais aussi un bahut en chêne dont le piétement en acier est de Jean Prouvé (1945, [voir ill.]) ; il existe seulement deux exemplaires connus, l’autre étant au Metropolitan Museum of Art de New York (autour de 300 000 €).
Si les collectionneurs sont internationaux, les prix n’ont pas explosé mais augmenté un peu depuis quinze ans. « De mon expérience de marchand depuis quarante ans, la progression est régulière, par palier. Quand il y a une vente événement, la clientèle se réveille, les prix montent un peu puis stagnent jusqu’à l’événement suivant, observe François Laffanour. En parallèle, les expositions muséales encouragent la cote à grimper, confortant les collectionneurs privés. » En moyenne, il faut débourser entre 50 000 et 250 000 euros pour une belle pièce, sachant qu’aux enchères le million n’a pas encore été franchi, contrairement aux ventes en galerie.
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Perriand chez soi
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°531 du 18 octobre 2019, avec le titre suivant : Perriand chez soi