Une nouvelle série d’œuvres de Fabien Verschaere, notamment en noir et blanc, est présentée à la galerie RX.
PARIS - « J’ai horreur du vide », aime à répéter Fabien Verschaere. On le croit aisément à la vue de ses toiles, ses verres ou ses papiers dans lesquels « ça grouille ». Tout trait en entraîne un nouveau, toute figure en engendre une suivante. D’une œuvre à l’autre, on croise ainsi le diable et des anges, des têtes de mort et des êtres bien vivants, des fantômes et des extraterrestres, des sirènes et des centaures, des animaux de tous poils ou plumes, ours, bouc, canard, perroquet… On tombe aussi sur Don Quichotte, Pinocchio, Mickey ou Batman. Les contes de fées rencontrent les mythologies africaines (l’homme crocodile), les cultures populaires, la littérature et l’histoire de la peinture. Tous ces personnages et éléments s’entrecroisent, se frôlent, se télescopent en une prolifération vertigineuse et une concentration presque aveuglante. Car lorsque Verschaere ne sature pas complètement l’espace de la toile, et laisse les pourtours en réserve, il densifie plus encore le centre de ses œuvres, qu’il faut alors regarder avec du recul si l’on veut desserrer l’écheveau visuel. Au milieu de tout cela, il y a aussi toujours un ou plusieurs autoportraits. En fait, de la même manière qu’il faut chercher Charlie dans la série de livres Où est Charlie ?, il faut ici trouver Verschaere dans le foisonnement. Sauf que c’est ici plus facile puisqu’il suffit de repérer la seule tête qui porte une barbe rousse. Alors pourquoi cette omniprésence ? L’artiste (né en 1975) rappelle que depuis qu’il a travaillé avec les actionnistes viennois, Otto Muehl et Günter Brus, en 2001-2002, alors qu’il était en post-diplôme aux Beaux-Arts de Nantes (après avoir obtenu son diplôme à Paris), il s’est toujours posé la question du corps, et donc de la tête. Sous un autre angle, l’autoportrait est aussi le lien avec l’autofiction. Car si Verschaere aime tant se mettre en scène dans des situations souvent inspirées de son quotidien, c’est pour descendre de ses rêves vers le monde du réel. Il aime évoquer cette très belle scène du Décaméron (1971) de Pasolini où le peintre Giotto rêve de la peinture qu’il va faire et, se réveillant, se dit qu’il est inutile de réaliser un tableau auquel on a déjà rêvé.
Anecdotes et légendes
Voilà pourquoi Verschaere croit à l’anecdote, crée des saynètes, des histoires liées à sa vie de tous les jours, de façon intuitive, au pinceau levé, comme on dit « au pied levé », en temps réel, devant sa toile. À l’exemple même des œuvres (une petite cinquantaine) pour la plupart réalisées pour cette exposition et regroupées sous le titre « The novel of the Shegué King » : « Shégué », du nom des enfants abandonnés et pris pour des sorciers dans les rues de Kinshasa (Congo), et « King » parce que Verschaere, derrière lequel ces gamins courent, en est devenu le roi.
Avec des œuvres allant de 3 000 à 22 000 euros, sa cote n’est pas un conte. Elle est le résultat de la réalité de la carrière d’un artiste qui, depuis près de quinze ans, avec des expositions personnelles importantes en galerie et dans des institutions (notamment au Musée d’art contemporain de Lyon en 2007), tient sa place dans le marché.
Nombre d’œuvres : 47
Prix : entre 3 000 et 22 000 €
jusqu’au 25 juillet, Galerie RX, 6, av. Delcassé, 75008 Paris, tél. 01 45 63 18 78, www.galerierx.com, du mardi au samedi de 14h à 19h.
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Peinture : Verschaere en contes
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°395 du 5 juillet 2013, avec le titre suivant : Peinture : Verschaere en contes