La manifestation organisée dans les galeries et consacrée aux arts premiers a réussi à mobiliser les collectionneurs, parmi lesquels nombre d’étrangers, avec des ventes à la clé.
Paris. Un flux continu de visiteurs, avec un pic le soir du vernissage, a animé les rues de la manifestation qui s’est tenue dans le quartier Saint-Germain du 9 au 13 mars. Des visiteurs tous curieux de découvrir ce que les trente-cinq marchands – parisiens, provinciaux et étrangers – avaient sélectionné pour cette 9e édition de Paris Tribal. Ces derniers ont même été surpris de voir autant de collectionneurs et amateurs étrangers : des Belges, des Allemands, des Italiens, des Espagnols, des Suisses, des Anglais et même des Américains.
Et pour ne pas gâcher ces « retrouvailles », « tous les exposants ont indiqué avoir vendu dès l’ouverture du salon, soit des petits soit des gros objets, ce qui est toujours un signal positif. Contents de cette édition, ils sont prêts à la reconduire sous cette forme », a commenté Cédric Le Dauphin, président de l’événement. Lui-même a notamment cédé un masque de théâtre nô, Japon, issu de l’exposition thématique qu’il présentait (présentant des pièces affichées entre 20 000 et 30 000 €). Il partageait l’espace loué pour l’occasion avec le socleur et marchand Jacques Lebrat (Galerie Punchinello, Paris), spécialisé en Asie du Sud-Est et Océanie. Celui-ci a vendu plusieurs pièces, à l’instar d’une massue de guerre des îles Fidji en bois de Casuarina (2 500 €), tandis qu’un crochet à nourriture à tête de poisson-chat, Sepik, Nouvelle-Guinée, restait à saisir (5 000 €), tout comme un masque en tapa de Nouvelle-Bretagne, pour exécuter la danse du feu (7 000 €).
Si les exposants réservent leurs meilleurs objets pour le Parcours des mondes – la grand-messe de la spécialité qui a lieu en septembre à Paris –, ils ne négligent pas pour autant la qualité des pièces apportées à Paris Tribal. « Paris Tribal fait preuve d’un certain engouement. Il faut continuer car ici les gens peuvent davantage s’amuser, avec des prix moins élevés », a rapporté Alain Lecomte (Galerie Abla & Alain Lecomte, Paris), qui a vendu, entre autres, une arme de parade d’un chef Yoruba (Nigeria) accompagnée de son fourreau en perles (autour de 5 000 €) ; trois armes du même type sont exposées au Musée du quai Branly-Jacques Chirac. Chez Montagut, galerie barcelonaise, trois tableaux du peintre espagnol Antoni Clavé (1913-2005) avaient été accrochés parmi les sculptures d’art africain, donnant une touche élégante à l’ensemble. « Nous avons très bien travaillé le jour de l’inauguration », a souligné Guilhem Montagut, qui s’est séparé d’une statue Dogon du XVIIe siècle, emportée par un collectionneur italien (autour de 40 000 €). Une statue Bambara, Mali, dont seuls cinq exemplaires sont connus – l’un d’entre eux ayant appartenu à Picasso –suscitait de l’intérêt (aux alentours de 30 000 €). Adrian Schlag, venu de Belgique, exposait quant à lui une douzaine de masques Wè (Côte d’Ivoire et pays voisins) ainsi que des masques de tribus voisines, tels les Dan, afin de montrer l’influence des Wè sur celles-ci (prix : de 5 000 à 25 000 €). Six masques avaient déjà été vendus à mi-parcours.
Jo De Buck (Bruxelles) et Martin Doustar (Bruxelles) se partageaient un espace sis rue des Beaux-Arts afin de mêler leurs spécialités respectives, le premier étant africaniste, le second plus centré sur l’Océanie. L’ensemble, bien qu’éclectique car composé de nombreux objets, était réussi, et plusieurs ventes étaient conclues, dont celle d’une sculpture Malagan de Nouvelle-Irlande ainsi que d’un masque Dan. Mais un grand hei-tiki [pendentif de forme humaine, voir ill.] Maori, Nouvelle-Zélande, en néphrite cherchait encore son acquéreur (45 000 €) à la fin du salon. « Excepté pour les pièces importantes (dont la pièce Malagan), les prix d’achat s’échelonnaient essentiellement entre 5 000 et 10 000 euros », ont noté les marchands.
D’autres exposants, cette fois-ci provinciaux, avaient choisi d’exposer ensemble, à l’instar de Bruno Frey (Arnay-le-Duc, Côte d’Or) et Jérôme Caubel (Uzès, Gard). Ravis d’être présents à Paris, « pour revoir tout le monde, marchands et collectionneurs, après deux années compliquées », ils ont notamment cédé un masque Baoulé de Côte d’Ivoire. Le marchand belge Bernard De Grunne (Bruxelles) a cependant trouvé les ventes assez calmes malgré une forte fréquentation. – « peut-être parce que j’ai apporté des objets inhabituels…» En effet, il montrait des terres cuites Djenné-jeno (Mali), dont il est l’un des grands spécialistes, avec parmi celles-ci un récipient cérémoniel datant du XIIe siècle.
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Paris Tribal, une 9e édition satisfaisante
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°585 du 18 mars 2022, avec le titre suivant : Paris Tribal, une 9e édition satisfaisante