Dans ses luxueux espaces rue du Bac, l’auctioneer anglais programme tout le long de l’année des expositions ventes, à défaut d’organiser des ventes aux enchères.
Paris. Spécialisée en arts du XXe siècle et contemporain, Phillips est la quatrième maison de ventes aux enchères dans le monde. Elle organise des vacations à Londres, New York, Hongkong et Genève et possède des bureaux à Tokyo, Séoul ou encore Moscou. Pourtant elle n’organise pas de ventes publiques à Paris. Créée en 1796, la maison Phillips a connu un destin tumultueux. Dans un passé récent elle avait été rachetée par Bernard Arnault (PDG de LVMH) en 1999 avant qu’il ne se désengage en 2003, laissant les commandes à Simon de Pury et Daniela Luxembourg. Puis Phillips a été cédée au groupe russe Mercury en 2013, qui a mis à la tête de la maison en juillet 2014 Edward Dolman, un ancien de Christie’s. L’opérateur a connu une augmentation spectaculaire de son chiffre d’affaires, de 129 % entre 2014 et 2018. En 2014, la maison a inauguré un espace d’exposition à Paris au 46, rue du Bac, dont il faut traverser la cour du bel hôtel particulier. Jusqu’alors peu disert sur ce lieu, Phillips a récemment décidé de mieux le faire connaître. « Il s’agit d’une volonté d’Ed Dolman et de Cheyenne Westphal [présidente] de renforcer la place de Paris, et donc d’attirer un plus grand public avec une communication plus importante », explique Laurence Calmels, directrice de Phillips France.
Doté d’une surface de 135 m2, l’espace parisien organise six à sept manifestations par an. « Le lieu offre des possibilités multiples pour nos expositions de ventes privées. Mais nous voulons également que Paris soit une fenêtre pour montrer les ventes aux enchères. Nous nous insérons dans une stratégie internationale », ajoute Clara Rivollet, spécialiste internationale en art du XXe siècle et contemporain, une ancienne de chez Christie’s qui a rejoint Phillips en 2018.
Parmi les dernières expositions en date, certaines relevaient de l’art moderne tel « Foujita/Sanyu : muses et modèles », célébrant la période parisienne des deux artistes asiatiques, et d’autres de l’art contemporain à l’instar de « Jorge Eielson : une esthétique de l’espace » tournée vers la série des « Quipus » de l’artiste péruvien encore peu connu en France.
Outre ces expositions, l’espace est utilisé deux fois par an pour présenter les lots phares des ventes à l’étranger. Ce sera notamment le cas en septembre 2019, où une sélection d’œuvres des vacations de New York, Hongkong et Londres fera escale à Paris avant les grandes ventes de l’automne. Toute l’année, le lieu sert de showroom, où les spécialistes des autres filiales transitent pour rencontrer les clients français. « Bien qu’il soit difficile d’isoler les chiffres, le bureau de Paris est très important. Par exemple il y a des objets tout à fait remarquables passés à l’encan, qui viennent de France. C’est le cas notamment du portrait de Basquiat adjugé 4,5 millions de dollars en novembre à New York ou de l’enchère record de la vente de design début juin à Londres, la lampe d’Alberto Giacometti adjugé 332 000 euros. Nous ne faisons pas d’enchères pour l’instant, car cela ne nous servirait pas. Je pense que nous ne sommes plus dans un marché franco-français, c’est très globalisé », explique Laurence Calmels.
Phillips n’est pas la seule à diversifier ses activités. Sotheby’s dispose de deux galeries d’art contemporain, une à Londres et une à New York (les « S2 », ou l’auctioneer propose tout le long de l’année un programme d’expositions, composé d’œuvres à la vente directe). Cela relève d’une tendance générale, comme le souligne le rapport Art Basel, les ventes de gré à gré ont augmenté de 7 % en 2018. Phillips a ainsi fortement augmenté (48 %) son chiffre d’affaires en ventes privées en 2018 atteignant 122 millions de dollars.
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À Paris, Phillips est une galerie d’art
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°526 du 21 juin 2019, avec le titre suivant : À Paris, Phillips est une galerie d’art