On a souvent identifié certaines tendances de l’art au mobilier, tantôt pour promouvoir des formes incertaines, tantôt pour décrier ces incursions du côté du quotidien. À moins qu’au bout du compte, il n’ait jamais été question que de réduire à presque rien les efforts de nombreux artistes pour trouver une issue à la crise moderne.
Le terme de mobilier a fini par s’imposer cependant, et plus personne n’y trouve à redire. Voilà la galerie Jousse Seguin (34, rue de Charonne, 47 00 32 35) qui présente benoîtement des Pièces meublées jusqu’au 31 juillet, dans un esprit qui, soyons-en sûrs, contribuera à rassurer le visiteur. Tout le contraire de ce qui devrait se passer avec Mike Kelley, que présente à nouveau la galerie Ghislaine Hussenot (5 bis, rue des Haudriettes, 48 87 60 81) jusqu’au 14 juin.
La violence dont il fait régulièrement preuve n’est pas toujours justifiée, mais l’âpreté de son discours le range dans la catégorie des indispensables symptômes de l’époque, ce qui n’est déjà pas si mal. Le dégoût est beaucoup plus institutionnalisé et esthétisé dans les photographies de Joel Peter Witkin, que l’on verra à la galerie Beaudoin Lebon (38, rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie, 42 72 09 10) jusqu’au 24 juin. Les photograhies de Bernard Faucon sont certes troublantes mais ne font pas usage des mêmes extrémités, et pour tout dire, leur voisinage est ici parfaitement arbitraire (galerie Yvon Lambert, 108, rue Vieille-du-Temple, 42 71 09 33, jusqu’au 1er juillet).
Retour au dérisoire avec Miller Levy (galerie Lara Vincy, 47, rue de Seine, 43 26 72 51, jusqu’au 17 juin), qui déclare que “des intérieurs de goût ne demandent que des chewing-gum pour exister”. CQFD.
L’art est encore parfois classique, et l’œuvre de Joel Schapiro en témoigne à la galerie Karsten Greve (5, rue Debelleyme, 42 77 19 37) jusqu’au 31 août. Après ses récents “Arbres” polychromes, il a glissé un peu d’imprévu dans son travail sculptural et trouve ainsi de nouvelles directions. David Tremlett, lui aussi, se revendique sculpteur, bien qu’il “modèle” le pastel, le plus souvent directement sur les murs.
Il réalisera spécialement des fresques, à la fois discrètes et spectaculaires, à la galerie Michel et Liliane Durand-Dessert (28, rue de Lappe, 48 06 92 23) jusqu’au 29 juillet. L’art minimal s’est frayé un chemin dans l’histoire de l’art qui le fait progressivement apparaître comme classique.
“Une constellation” réunit jusqu’au 24 juin à la galerie Arnaud Lefebvre (30, rue Mazarine, 43 26 50 67) quelques-uns de ses plus illustres représentants comme Carl Andre, Marcia Haffif, et des “conceptuels” comme Mel Bochner ou Lawrence Weiner, qui partageront les étroites cimaises avec Bernard Borgeaud, Rosemarie Castoro ou encore Lucas L’Hermitte.
Peter Halley, quant à lui, est l’un de ces peintres abstraits qualifiés un temps de “néo-géo”, lorsque l’on se sentait encore obligé de produire des étiquettes pour deux ou trois artistes. La galerie Taddaeus Ropac (7, rue Debelleyme, 42 72 99 00) présente ses derniers tableaux jusqu’au 18 juin .
Raymond Pettibon dessine depuis vingt ans de petites saynètes amusantes derrière lesquelles on doit reconnaître toute la vigueur d’une pensée conceptuelle extrêmement aboutie puisqu’il est, dit-on, “une machine à dessiner programmée par ordinateur pour fonctionner jusqu’à ce que le monde soit recouvert de papier”. La galerie Marc Blondeau (14/16, rue de Verneuil, 42 60 32 31) lui consacre jusqu’au 15 juillet un one man show, tandis qu’on le retrouvera en compagnie de Jim Shaw et Benjamin Weissman à la galerie Praz-Delavallade (10, rue Saint-Sabin, 43 38 52 60) jusqu’au 13 juillet.
N’oublions pas non plus les expositions de Thierry Mouillé à la galerie Claudine Papillon (59, rue de Turenne, 40 29 98 80), de Valérie Favre à la galerie Nathalie Obadia (8, rue de Normandie, 42 74 67 68) jusqu’au 10 juin, de Maurice Blaussyld à la galerie Météo (4, rue Saint-Nicolas, 43 42 20 20) jusqu’au 24 juin, de Noritoshi Hirakawa et Henrik Plenge Jakobsen à la galerie Emmanuel Perrotin (26, rue Beaubourg, 40 27 58 57) jusqu’au 17 juin, et enfin celle de Saverio Lucariello à la galerie Philippe Rizzo (9, rue Saint-Gilles, 48 87 12 00) jusqu’au 1er juillet.
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Paris : Meubles, fresques et photographies
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°15 du 1 juin 1995, avec le titre suivant : Paris : Meubles, fresques et photographies