antiquaires

Panorama de la scène belge

L'ŒIL

Le 1 mai 2001 - 586 mots

En attendant le Bruneaf du mois de juin pour les marchands des arts premiers, voici quelques portraits d’antiquaires de Bruxelles, Liège et Anvers. Nés dans le sérail ou sortis du néant, les grands marchands, en Belgique comme ailleurs, ont presque toujours un parcours étonnant. Francis Janssens est l’un d’eux. Il s’est fait tout seul. A 20 ans, ll commence par frotter de l’argenterie chez Christie’s. A 24 ans, il ouvre une boutique à Bruxelles dans un rez-de-chaussée obscur. Il galère pendant deux ans, puis rencontre Georges de Jonckheere à Knokke-le-Zoute. Ils font boutique commune, les tableaux pour l’un, l’argenterie pour l’autre, et c’est parti ! Lorsqu’en 1982, Jonckheere quitte la station balnéaire, il reste seul maître à bord et ouvre une deuxième galerie à Bruxelles. En 1998, il quitte les Flandres, s’installe aux Sablons, et fait aujourd’hui 35 % de son chiffre d’affaires dans la région de Genève.  Au départ, rien ne poussait Philippe Denys vers l’art. Il poursuit sagement de savantes études lorsqu’un beau jour il craque.  En 1977, il lâche tout, fréquente les Puces, récupère du métal et du bois, lime, cheville, répare... Il ne songe pas au commerce : « Lorsque des marchands ont acheté mes objets, j’ai été surpris », dit-il. Après, tout est allé très vite. En 1981, il est antiquaire généraliste dans le quartier des Sablons. En 1990, coup dur, il perd tout. « Je vendais dans le coffre de ma voiture », dit-il. Il repart à zéro et décide de se consacrer au XXe siècle. Il n’a de préférence ni pour les materiaux ni pour les écoles. « Pas d’exclusive, conclut-il, seuls les grands objets m’intéressent et mon pays c’est l’Europe ». Axel Vervoordt lui, est tombé dedans quand il était petit : ses parents sont collectionneurs. A 14 ans, il accompagne son père qui vend des chevaux en Grande-Bretagne et en profite pour chiner. De retour en Belgique, il vend ses découvertes. A 21 ans, il achète, à Anvers, 16 maisons du XVIe siècle, les restaure et y établit son commerce. En 1984, il s’installe au château de Gravenwezel. Tout récemment, il a rénové une malterie construite au XIXe, espace industriel qui sert aujourd’hui de centre artistique multifonctionnel. Axel Vervoordt veut rester généraliste : « Ce qui compte dans ce métier, dit-il, c’est l’intuition. Il faut appréhender le message de l’œuvre ». Les Zeberg, mère et filles, sont établies à Anvers à un jet de pierre de la cathédrale. Deux maisons patriciennes, Au Soulier doré et A l’Arbre de Saul abritent un commerce d’antiquités. Le lieu est magique : les arcades du XVIe ont été construites par le banquier florentin Frescobaldi, le portique baroque est classé et les caves du XVe récèlent les trésors du XVe au XVIIe de ces marchands dont le talent n’a d’égal que la discrétion. Petite fille, fille et mère d’antiquaire, Véronique Bamps a une vocation tardive. Elle commence par créer des bijoux pour les clients de son mari, diamantaire à Anvers. Un jour, elle se penche sur les joyaux anciens et c’est le déclic. Depuis, elle chine et vend dans toute l’Europe. Le bouche à oreille fonctionne et les clients affluent. Quant à Albert Vandervelden, surnommé par ses pairs le « Prince-Evêque de Liège », il a ouvert boutique en 1974 dans le centre historique de la cité La Mésangère. Il a rassemblé, au fil des ans, dans un cadre XVIIIe un ensemble époustouflant de tableaux, objets d’art et meubles où les ébénistes, verriers et orfèvres du cru tiennent une place de choix.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°526 du 1 mai 2001, avec le titre suivant : Panorama de la scène belge

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