La vaste collection de l’historien de l’art Pierre Miquel donne lieu à une vente-fleuve de cinq jours autour du romantisme et de l’école de la Nature au XIXe siècle.
PARIS - L’historien de l’art Pierre Miquel (1921-2003), auteur de nombreux ouvrages de référence (1) sur la peinture de paysage en France au XIXe siècle, avait réuni une importante collection de près de mille œuvres dans sa spécialité. Cet ensemble de peintures, dessins et estampes du XIXe siècle, estimé 1,5 million à 2 millions d’euros, sera dispersé sans prix de réserve du 30 mars au 5 avril à Drouot. « C’est une vente à la fois pour le marché international, qui va se satisfaire d’une sélection d’œuvres romantiques à commencer par Delacroix, pour amateurs éclairés de peinture de paysage et pour le grand public, qui trouvera nombre d’estampes et de petits dessins à partir de quelques dizaines d’euros », résume l’expert Michel Maket. La vente débutera de façon chronologique avec une série de tableaux et dessins anciens, suivis des artistes précurseurs du paysage tels que Bertin, Coignet, Giroux, Michallon ou Georges Michel – « un artiste complètement à la charnière de deux mouvements comme l’illustrent deux paysages classiques à côté de deux visions préromantiques animées de moulins », remarque l’expert. Le deuxième jour est consacré au cœur de la collection : l’école de la Nature, notamment représentée par les peintres de Barbizon tels Daubigny, Díaz de la Peña, Dupré, Flandrin, Charles Jacque ou encore Rousseau dont Le Rageur, cavalier sous l’orage, 1852, une huile sur toile estimée 60 000 à 100 000 euros, à l’effet de clair de lune très puissant, est un des clous de la vente. S’ensuit le courant romantique mené par son chef de file Delacroix. Saint Jérôme et son lion, un petit tableau daté de 1843 offert par l’artiste à Théophile Gauthier, constitue une redécouverte estimée 40 000-60 000 euros. Autour de Delacroix graviteront Barye, Decamps, Doré, Flers, Français, Gudin, Isabey et Riesener, cousin germain de Delacroix, ou encore Alexandre Colin, un proche du maître à qui l’on doit un portrait de Bonnington peint vers 1825 et estimé 20 000 euros. Le troisième jour mettra en exergue le paysagiste romantique français Paul Huet, l’une des premières passions de Pierre Miquel, à travers une soixantaine de peintures, 174 dessins ainsi que de nombreuses estampes. Les amateurs retiendront : une Étude de mer dans la Manche (1861), estimée 8 000-12 000 euros ; L’Orage à la fin du jour ou le cavalier (vers 1822), estimé 5 000-8 000 euros, et Les Ormes de Saint-Cloud (1823), estimés 4 000-7 000 euros.
Le marché anglo-saxon se montrera davantage intéressé par les aquarelles du peintre dont les effets de lumière rappellent Turner, à l’exemple d’une Matinée d’hiver près du Pont-Neuf, estimée 1 500 euros. Enfin, sont inscrits au menu des deux derniers jours de vacation quantité de dessins et tableaux du XIXe siècle à petits prix, plus quelques tableaux modernes dont un exceptionnel et atypique ensemble décoratif de 12 toiles de 260 x 160 cm, peintes par Domergue dans les années 1920 sur le thème de la Fête vénitienne. Ce décor relativement encombrant pour un collectionneur, dont la localisation d’origine n’a pu être découverte, est estimé 60 000-100 000 euros.
(1) dont Paul Huet. De l’aube romantique à l’aube impressionniste, éd. de la Martinelle, Maurs-la-Jolie, 1962, et L’École de la Nature en 11 volumes, éd. de la Martinelle.
Vente du 30 mars au 5 avril, Drouot-Richelieu, Paris, SVV Rossini, tél. 01 53 34 55 00, expert : Michel Maket, tél. 01 42 25 89 33, expositions publiques : du 29 mars au 2 avril à Drouot, www.rossini.fr
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Nature et romantisme
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°189 du 19 mars 2004, avec le titre suivant : Nature et romantisme