Mlle Vallayer étonnera-t-elle ?

Tableaux et dessins anciens à Drouot

Le Journal des Arts

Le 1 juin 1996 - 460 mots

Des dessins et des tableaux anciens appartenant au grand marchand parisien Henri Baderou – qui a fait don au Musée des beaux-arts de Rouen de la majeure partie de sa collection, en 1980 – seront dispersés ce mois-ci, et en plusieurs vacations, par Me Pierre Cornette de Saint-Cyr. Me Tajan organise une importante vente de tableaux anciens le 25 juin.

PARIS - Tout commence le 3 juin, chez Me Cornette de Saint-Cyr, avec la vente d’une quarantaine de tableaux anciens et du XIXe siècle, de qualité  moyenne, parmi lesquels figurent un Portrait de jeune femme vêtue de blanc, aimable œuvre de jeunesse de Vigée-Lebrun estimée entre 150 000 et 200 000 francs, L’offrande à l’amour, une école française du XVIIIe siècle estimée entre 40 000 et 60 000 francs, et une centaine de dessins anciens.

Trois cents autres dessins, regroupés en 200 lots, seront dispersés le 17 juin. Principalement italiens, du XVIe au XVIIIe siècle, les dessins de la collection Baderou ont, pour la plupart, des estimations modestes, en dessous de 30 000 francs. Chasse au lion, de Charles Parrocel, l’une des rares œuvres françaises de la vacation, est estimée entre 15 000 et 20 000 francs, une Étude pour le sacrifice de Polyxène, de Giovanni-Battista Pittoni, entre 20 000 et 25 000 francs. On y verra aussi une étude d’enfant de Fra Bartolomeo, un portrait de Bossuet par l’artiste français du XVIIIe siècle Augustin Pajou, et une tête d’homme par Le Dominicain. Une troisième vente, le 20 juin, sera consacrée à des dessins du XIXe siècle ainsi qu’à des gravures anciennes.

Diderot et Mlle Vallayer
Ce sont 70 tableaux anciens, avec une estimation globale de 18 millions de francs, que mettra en vente Me Tajan le 25 juin. Un cuivre d’Ambrosius Bosschaert le Vieux, Bouquet de fleurs dans un vase en verre sur un entablement, provenant d’une collection privée belge et inédit, selon l’expert de la vente Éric Turquin, est estimé entre 2 et 3 millions de francs. Autre œuvre inédite, Nature morte à la corbeille de raisins blancs et rouges, cerises et fraisier sur un entablement, d’Isaac Soreau, est estimée entre 1,5 et 2 millions de francs. Peu de choses sont connues de la vie de ce peintre, l’un des grands précurseurs de la nature morte flamande au XVIIe siècle, qui a probablement débuté dans l’atelier de son père, repris par Sébastien Stoskopff en 1619. Selon Éric Turquin, Nature morte aux instruments de musique militaire, 1771, d’Anne Vallayer Coster, est demeurée dans la famille des actuels propriétaires, à Paris, probablement depuis le XVIIIe siècle. Diderot, dans ses Critiques des Salons, s’exclamait au sujet de cette toile : "Quelle vérité... et quelle vigueur ! Mlle Vallayer nous étonne autant qu’elle nous enchante." Estimation : 1,5 à 2 millions de francs.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°26 du 1 juin 1996, avec le titre suivant : Mlle Vallayer étonnera-t-elle ?

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