PARIS - Le 12 février, Beaussant Lefèvre disperse cinq œuvres de Maurice Denis, jamais passées en ventes publiques depuis leur acquisition par leur propriétaire, Gabriel Thomas (1854-1932), « un personnage qui a joué un rôle central sur l’expression artistique du début du XXe siècle. C’est un coup de projecteur sur ce précurseur, tombé dans l’oubli », précise Maître Beaussant, commissaire-priseur.
Selon Maître Beaussant, les arrière-petits-fils de Gabriel Thomas ont décidé de vendre ces tableaux, conservés en garde-meubles depuis plusieurs années, pour passer à autre chose. Quant à l’entrée dans le domaine public des œuvres de Maurice Denis (1870-1943) au 1er janvier 2014, Maître Beaussant assure que « si cette donnée ne [leur] a pas échappé, elle n’est pas intervenue dans la décision de vendre mais a joué sur la date de vente. Si le droit de suite s’était appliqué, les vendeurs auraient dû verser 3 % du montant des adjudications aux héritiers de l’artiste ». Grand financier, Gabriel Thomas contribue à la réalisation de chantiers d’envergure dans le Paris de la fin du XIXe et début du XXe siècle. Amateur d’art éclairé, cousin de Berthe Morisot et tuteur de Julie Manet, il est le commanditaire du théâtre des Champs-Élysées, où il consacre notamment Émile-Antoine Bourdelle et Maurice Denis. Tout en collectionnant, des œuvres de Berthe Morisot, Renoir, Manet…, il rassemble plus d’une centaine de tableaux de Maurice Denis, rencontré vers 1903-1904.
Maurice Denis représente des scènes intimes et familiales, des thèmes religieux, des paysages d’Italie et de Bretagne. Outre des tableaux de chevalet, il réalise de grands cycles décoratifs profanes (coupole du théâtre des Champs-Élysées à Paris, L’Éternel Printemps pour la maison de Gabriel Thomas à Meudon) et religieux (comme l’église Sainte-Marguerite du Vésinet). S’il est un des peintres importants des mouvements symboliste et nabi, les tableaux offerts à la vente ne s’y rattachent pas, mais sont caractéristiques de son style : des couleurs pures, vives, originales et une peinture en aplat. L’Annonciation à Fiesole dite Annonciation aux chaussons rouges, réalisée en 1898 durant son séjour à Fiesole chez son ami le compositeur Ernest Chausson, n’est pas inconnue du public car elle a été prêtée au Musée d’Orsay en 2007 (est. 180 000 à 220 000 euros [1]). Une autre Annonciation à Fiesole, plus tardive (1919) et moins novatrice, s’est vendue en juin 2010 par la même maison de ventes pour 280 000 euros au marteau. Mais le record du peintre est détenu par Les communiantes, estimé 40 000 à 60 000 euros et adjugé 648 000 euros au marteau (valeur réactualisée) en décembre 2000 à Brest (OVV Thierry-Lannon). Viennent ensuite La Résurrection de Lazare, 1919 (est. 80 000 à 120 000 euros) ; Le Christ aux enfants, 1922 (est. 60 000 à 100 000 euros), dans lequel le peintre s’est représenté lui-même et ses deux fils ; Résurrection de la fille de Jaïre, 1921 (est. 30 000 à 40 000 euros) et Le chœur, étude pour un tondo du Théâtre des Champs-Élysées (est. 12 000 à 15 000 euros).
[1] Tous les prix sont hors frais sauf indications contraires
Lieu : Hôtel Drouot, Salle 5, 9 Rue Drouot, 75009 Paris
Experts : Agnès Sevestre-Barbé et Amaury de Louvencourt
Estimation des 5 tableaux : 362 000 à 495 000 €
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Maurice Denis aux enchères
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°406 du 31 janvier 2014, avec le titre suivant : Maurice Denis aux enchères