Map Fair, c’est le bon plan !

PARIS - Le marché des cartes géographiques anciennes, plans et autres mappemondes est certes étroit mais très actif et en hausse constante. À Paris se déroule une fois l’an une vente aux enchères organisée par l’expert Béatrice Loeb-Larocque, réunissant près de 400 gravures illustrant l’histoire de la cartographie. Le catalogue est en grande partie rédigé en anglais, car le marché est international, les acheteurs les plus dynamiques étant les Américains. “Mis à part les Corses et les Bretons, des vrais passionnés de leur région, les Français ne s’intéressent pas beaucoup aux cartes géographiques”, précise Béatrice Loeb-Larocque. C’est pourtant dans la capitale qu’elle organise le 16 novembre, dans les salons de l’hôtel Ambassador, avec l’aide du marchand parisien Agnès Talec et de l’Américain Paulus Swaen, le tout premier salon des cartes géographiques anciennes intitulé “Map Fair”. Il est en fait moulé sur la Map Fair de février en Floride et celle de juin à Londres, lesquelles fonctionnent très bien. Une quarantaine d’exposants ont répondu avec enthousiasme à l’appel de leurs confrères – d’autres candidats ont été refusés par manque de place. Tous les grands spécialistes internationaux des cartes et des atlas sont présents : Martayan Lan de New York, l’Allemand Haas, Jonathan Potter de Londres, le Californien Barry Ruderman et, parmi les cinq antiquaires parisiens au rendez-vous, Katz-Moorthamers et LeBail-Weissert. Le salon ne dure qu’un jour. “Les exposants sont ravis, poursuit l’organisatrice. Ils ne font qu’un court déplacement à Paris. Dans une spécialité comme celle-là, les salons plus longs ne sont pas plus efficaces. En une journée, les clients – on espère de nombreux acheteurs américains –, sont un peu bousculés, mais c’est motivant. Ils se décident plus vite à acheter.” Les exposants ont déjà prévu de profiter de leur séjour à Paris pour aller chiner quelques pièces dans les boutiques des confrères parisiens et pour aller voir les lots, exposés pour l’occasion, de la prochaine vente publique du 25 novembre : un des 150 exemplaires de la première édition de l’atlas d’Ortélius de 1572, estimé 20 000 euros ; la dernière et la plus complète édition de 1628 de la Cosmographie du géographe allemand Münster, estimée 15 000 euros ; par Clouet vers 1785-1788, un jeu complet de cartes murales des quatre continents entourées d’une bordure constituée de scènes à sujets historiques estimé 30 000 euros ; deux spectaculaires mappemondes réalisées par Jode en 1593, estimées 20 000 et 30 000 euros ; une rare carte française montrant la Palestine signée Boisseau vers 1639 et estimée 6 000 euros ; une gravure sur bois de la Géographie de Ptolémée de 1513 représentant la France estimée 3 000 euros, ou encore une belle carte anonyme des États-Unis vers 1820 indiquant les gisements et mines d’or en Californie estimée 1 500 euros. Restent plusieurs cartes de l’Afrique à saisir entre 1 000 et 3 000 euros : encore sous-cotées, elles ne cessent de prendre de la valeur.