Maison Perzel, neuf ou ancien ?

Par Marie Maertens · L'ŒIL

Le 1 avril 2005 - 574 mots

Perzel est le dernier designer Art déco encore en activité. Enquête sur les prix des modèles anciens et actuels.

Vaut-il mieux acheter du luminaire Jean Perzel à la maison mère ou le chiner chez des antiquaires et maisons de ventes aux enchères ? Un problème cornélien. Créatrice de lampes, appliques, plafonniers ou lampadaires depuis 1923, la maison Perzel n’a rien changé de son savoir-faire depuis l’origine. Ainsi, tout un chacun peut commander la célèbre Lampe 162 qui ornait les bureaux de Ruhlmann et de Leleu. Mais pour Olivier Raidt, petit-neveu du fondateur : « Je n’aime pas le mot refaire, nous ne produisons pas des rééditions, nous fabriquons à la commande et conseillons aux clients un objet fonctionnel, lumineux et s’intégrant dans le décor. » Cependant, cette possibilité de continuer à élaborer des modèles identiques à ceux des années passées a entraîné quelques malentendus entre certains antiquaires, clamant que le vrai Perzel demeure chez eux, et la maison mère où l’on affirme que rien n’a changé dans la fabrication depuis 1923. La qualité technique s’avère même supérieure, ayant suivi l’évolution des normes de sécurité. Et si vous apportez un modèle
ancien à Olivier Raidt, il vous en donnera sa datation à cinq ou dix ans près. « Ce sont mes bébés, je les connais par cœur et des petites astuces diffèrent : les pas de visseries ont évolué, l’intérieur des lampes est plus sophistiqué qu’auparavant et les câbles sont de plus en plus modernes. »

Des prix variables
Le marché est quant à lui fluctuant avec des prix qui, parfois, varient peu de ceux de l’atelier. Ainsi la « classique » petite lampe boule, vendue par Perzel à partir de 800 euros, est partie en avril 2004 à 478 livres (693 euros) chez Christie’s. Chez Sotheby’s, un lampadaire 1930 a été adjugé 4 620 euros en novembre dernier, soit dans la moyenne des prix proposés par la maison mère pour ce type d’objet. Il en est de même pour les plafonniers, de 4 300 à 8 000 euros chez Perzel, dont l’un a été emporté en novembre dernier à Drouot pour 6 979 euros. À l’inverse, certaines pièces connaissent des envolées. Christie’s New York a ainsi vendu en décembre 2004 une paire d’appliques 1930 pour près de 9 000 dollars, la même forme – mais de 2005 ! – se trouve autour de 2 000 euros chez Perzel. Autre exemple édifiant. Lors d’une vente du mois dernier dans la même maison : deux appliques des années 1920 étaient estimées à 6 000 dollars quand leur version contemporaine se décline autour de 1 000 euros chez Perzel. Chez Sotheby’s, un lampadaire a été emporté en mai dernier à 19 800 euros et des appliques des années 1930 à 3 840 livres (5 568 euros), en octobre. Une vente pendant laquelle une paire d’appliques longilignes de 1935 a été cédée à 50 400 livres (73 080 euros) !
Loin de ces spéculations, Olivier Raidt continue à dessiner ses créations dans l’esprit insufflé par son grand-oncle, c’est-à-dire des modèles où le fonctionnel, la rigueur, la sobriété et l’élégance dominent. Ses derniers ouvrages rendent d’ailleurs hommage aux formes les plus épurées de la maison. Véritable amoureux de ces créations, Olivier Raidt a maintenu un esprit d’entreprise familiale, avec peu de salariés produisant au maximum mille cinq cents pièces par an, qui fait de cette maison un des derniers designers Art déco en activité. Il s’apprête à éditer un catalogue de plus de cent trente pages retraçant tout l’univers Perzel.

Luminaires Jean Perzel, PARIS, 3 rue de la Cité universitaire, XIVe, tél. 01 45 88 77 24, www.jean-perzel.com

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°568 du 1 avril 2005, avec le titre suivant : Maison Perzel, neuf ou ancien ?

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