Londres se transforme en juin en temple du marché de l’art. Pas moins de cinq foires de renom s’y déroulent dans la première quinzaine du mois. Autour de la vénérable Grosvenor House & Antiques Fair, bastion du bon goût anglais, sont venus se greffer, au fil des ans, des salons comme l’Antiquarian Book Fair, l’Olympia Fine Art & Antiques Fair, la London Ceramics Fair et le petit dernier consacré aux arts du textile, le Hali Antique and Textile Art Fair.
LONDRES (de notre correspondante) - De toutes les foires qui animeront la capitale britannique en juin, la plus prestigieuse, Grosvenor House Art & Antiques Fair, accueillera 92 des plus grands marchands du monde dont 16 y feront leur première entrée. Quelque 20 000 personnes y avaient assisté en 2000, dépensant environ 55 millions de livres (596 millions de francs). Pour cette nouvelle édition, les organisateurs ont non seulement réaménagé de façon plus moderne Grosvenor House, mais ils ont notamment choisi de ne pas restreindre l’événement à une époque circonscrite. La surface de la Foire a ainsi été augmentée de 100 m2 alloués à de nouveaux marchands qui couvrent un large éventail de spécialisations : maîtres anciens, antiquités, argenterie ancienne, bijouterie, porcelaine et livres rares. Présent depuis plusieurs années, Waddington réalise généralement d’excellents résultats ; ce n’est pas toujours vrai pour certains marchands d’art contemporains ou bijoutiers. Cela n’a pas empêché Sandra Cronan et Epoque Fine Jewellery d’être du voyage. Ils proposeront des bijoux du XXe siècle tandis que Godson and Cole sera présent dans la section du mobilier du XIXe siècle et des arts décoratifs. Adrian Sassoon, quant à lui, sera le premier marchand britannique pour la verrerie et les céramiques contemporaines. Dans la section des maîtres anciens, Bernheimer proposera une œuvre peinte sur cuivre, signée et datée, de Jan Bruegel l’Ancien. Le Cœur de la rose de Burne-Jones dont le prix n’a pas été révélé ainsi qu’une série exceptionnelle de peintures préraphaélites orneront le stand de Peter Nahum. Parmi les plus belles pièces de mobilier, un miroir en bois doré coiffé d’un masque de lion, signé William Kent, sera mis en vente par Apter Friedricks. Les antiquités orientales se ménagent une place de choix grâce à Rupert Wace qui présentera une figurine égyptienne en basalte noir d’un homme assis, datant de la fin de la période dynastique. Sandra Whitman proposera un fragment des dix exemplaires connus d’un tapis chinois du XVIIe siècle. Porcelaines provenant des plus grandes manufactures européennes, bijoux de toutes les époques et pièces d’argenterie réalisées par les meilleurs orfèvres compteront aussi parmi les chefs-d’œuvre de Grosvenor Fair.
La grande surface des antiquités
L’Olympia Fine Art & Antique Fair officiera, quant à elle, comme un grand magasin avec 400 marchands et une fréquentation deux fois plus importante que celle de Grosvenor. Parmi les 95 marchands installés à l’étage des galeries – où les plus chers, mais aussi les plus traditionnels d’entre eux, se retrouvent – Cynthia Walmsley (céramiques), Borsdorf Fine Art (bijoux), Michael Hughes (mobilier en acajou) et Claudia Hill (miniatures) seront les nouveaux arrivants. Outre les spécialistes du mobilier rustique traditionnel tels Peter Bunting, Alastair Sampson et Robert Hirschhorn, une dizaine de marchands orientalistes seront présents : Greg Baker exposera des paravents japonais, Arthur Millner des œuvres d’art islamique et Kent Antiques de l’art turc. De Raphael Vals et Richard Philp pour les maîtres anciens à MacConnal-Mason pour la peinture du XIXe siècle et David Messum pour les impressionnistes anglais, les marchands de tableaux seront également nombreux et variés. Les quelque 300 marchands situés au rez-de-chaussée proposeront l’une des plus vastes sélections d’antiquités de prestige. Parmi les objets les plus originaux, Robert McPherson présentera les céramiques retrouvées sur l’épave du Hoi An. L’une des pièces les plus insolites est une momie égyptienne vieille de 3 000 ans couchée dans un sarcophage en bois peint et importée au cours du XIXe siècle : un prêtre thébain sur le stand de Peter Petrou et Jay Arenski. Outre un grand nombre de spécialistes en mobilier couvrant toutes les époques, du bois de chêne ancien à l’Arts and Crafts, on pourra rencontrer des marchands qui représenteront pratiquement tous les domaines du marché. La Foire proposera un large éventail de pièces d’argenterie et de bijoux, de textiles et de porcelaine, ainsi que des objets issus de domaines moins habituels. Spécialiste des équipements sportifs anciens, Manfred Schotten proposera à la vente un baby-foot entièrement rénové avec cadre en bois datant des années 1940.
Cent cinquante libraires internationaux
Autre grand rendez-vous très attendu, l’Antiquarian Book Fair regroupera 150 des plus grands marchands internationaux de livres, européens et américains. Outre les ouvrages de toutes époques, on trouvera également des gravures, des cartes, des manuscrits enluminés et des lettres. L’un des objets les plus rares est la première collection réunissant les pièces de Shakespeare et publiée sept ans après sa mort. Bien qu’il lui manque 22 feuillets, ce recueil est proposé à 465 500 livres (5 millions de francs) par le libraire américain Heritage Book Shop qui présente aussi une édition des Contes de Noël de Charles Dickens au prix de 36 000 livres (390 000 francs). Outre un ouvrage entièrement illustré des Vies d’artistes de Vasari, imprimées en 1568, les 12 volumes des études menées en Égypte par Vivant Denon, figureront sur le stand de Bernard Shapero au prix de 11 000 livres (119 000 francs). Insolite, Michael Phelps proposera un essai sur les origines et l’utilisation de la pourriture sèche, paru en 1811. À l’opposé, Roger Treglown présente un ouvrage très pratique de 1863 intitulé Why the shoe pinches (que faire lorsque les chaussures serrent trop), ainsi que The Management of constipation (comment combattre la constipation) édités par Sir Francis Avery Jones.
Tapis, tapisseries et céramiques du monde entier
Haute en couleur, la Hali Antique and Textile Art Fair n’a cessé de prendre de l’ampleur depuis sa création en 1998. Si elle n’accueillait à ses débuts que des marchands de tapis de notoriété et qualité inégales, elle est parvenue, cette année, à attirer 90 marchands venus d’Europe, des États-Unis, de Grande-Bretagne et du Moyen-Orient. Pour cette édition, l’une de ses pièces vedettes est un rare fragment d’un tapis ottoman du Caire datant du milieu du XVIe siècle dont le motif floral rappelle le style de cour ottoman de la même période. Milanais, Alberto Levi détient certains des plus beaux tapis en circulation sur le marché, il proposera une large gamme d’œuvres dont un superbe tapis moghour d’Anatolie centrale ; un tapis chinois de 1830 présentant des motifs géométriques en bleu et rouge avec le signe Rko et un tapis français Art déco signé Da Silva Bruhns. La singularité de cette foire où se côtoient tissus précolombiens, costumes tribaux, vannerie Tutsi et Hutu, réside dans l’immense variété de tissus ethniques exotiques.
Du haut de ses vingt ans, la Ceramics Fair est une autre foire spécialisée qui, quelle que soit la conjoncture, a toujours attiré marchands, conservateurs et collectionneurs internationaux. Organisée sous le commissariat du marchand Adrian Sassoon, l’exposition “Chefs-d’œuvre de Sèvres d’une collection particulière européenne” comprend plusieurs commandes royales dont une partie d’un service de table fabriqué à Vincennes pour Louis XV.
- Grosvenor House Art & Antiques Fair, du 13 au 19 juin, the Great Room, Le Méridien Grosvenor House, Londres, tél. 44 20 7399 8100
- Antiquarian Book Fair, du 7 au 10 juin, Olympia 2, Hammersmith Road, Londres, tél. 44 870 736 3105
- Olympia Fine Art & Antique Fair, du 7 au 17 juin, The Grand Hall, Olympia, Hammersmith Road, Londres, tél. 44 870 738 3105
- Hali Antique and Textile Art Fair, du 13 au 18 juin, Centaur Exhibitions, 50 Poland Street, Londres, tél. 44 20 7970 4000
- The London Ceramics Fair, du 15 au 18 juin The Park Lane, Hotel Piccadilly, Londres, tél. 44 207 7734 5491
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Londres, reine du printemps
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°129 du 8 juin 2001, avec le titre suivant : Londres, reine du printemps