Grâce aux acheteurs asiatiques, Sotheby’s et Christie’s ont plus que doublé le chiffre d’affaires cumulé de 2016. Un signal positif envoyé au marché alors même que l’offre s’est appauvrie.
Londres. Pour leurs ventes du soir d’art impressionniste et moderne de juin, Sotheby’s et Christie’s enregistrent une croissance de 115 % par rapport à juin 2016 avec un total cumulé de 277,4 millions de livres sterling (314,8 M€). « Le marché se porte bien car même si on ne lui propose pas grand-chose – beaucoup de lots n’avaient pas leur place dans une vente du soir – il répond présent », commente Christian Ogier, marchand à Paris.
Le 21 juin, Sotheby’s a réalisé un score supérieur à celui de l’an passé (103,3 M£) avec127,9 millions de livres. Un total qui, hors frais, ne dépasse pourtant pas l’estimation basse (110,6 M£). Si six œuvres sont restées sur le carreau, Sotheby’s a en revanche vendu tous ses lots phares et établi une poignée de records, notamment pour Kandinsky qui bat par deux fois dans la même vente son propre record détenu par le tableau Rigide et courbé (Christie’s New York, novembre 2016, 18,7 M£). En effet, Peinture avec des lignes blanches, 1913, une œuvre fraîche sur le marché et assortie d’une garantie, a été adjugée 33 millions de livres (estimation 27 M£) à un acheteur asiatique quelques minutes après que Murnau, paysage à la maison verte, 1909, eut trouvé preneur à 20,9 millions de livres (est. 15-25 M£). Quant à Femme et oiseaux, 1940, de Miró, issue de la série iconique des « Constellations », l’œuvre est partie à 24,5 millions de livres (est. 23 M£) avec une seule enchère puisque c’est son garant qui l’a acquise.
Le 27 juin, Christie’s engrangeait au total 149,5 millions de livres, effectuant un bond en avant considérable par rapport à son résultat de l’an passé (25,6 M£). Sa date initiale étant proche de l’ouverture du salon londonien Masterpiece, elle a repoussé sa vente. Avec raison. Certes, hors frais, son produit de vente se situe en deçà de son estimation basse (136,7 M£), mais Christie’s n’avait pas obtenu un tel score dans la capitale anglaise depuis 2010. « Grâce aux acheteurs asiatiques, c’est un résultat très satisfaisant malgré la pauvreté de la vente », notait Christian Ogier. Malgré aussi le flop du tableau d’Egon Schiele (est. 20 -30 M£), trop terne et doté d’une estimation trop haute. Parmi les œuvres ayant atteint la plus haute enchère figurent Höll der Vögel, de Max Beckmann, acquise pour la somme record de 36 millions de livres (est. 30 M£) par Larry Gagosian contre le garant ; Femme écrivant (Marie-Thérèse), 1934, de Picasso, vendue 34,8 millions de livres (est. 30 à 40 M£), ou encore Le Moissonneur, 1889, de Van Gogh, adjugée 24,2 millions de livres, bien au-delà de son estimation haute (16,5 M£).
Dans l’une et l’autre vente, la majorité des prix obtenus étaient proches voire en dessous de l’estimation basse. « C’est à cause d’estimations trop hautes. Du moins, ce ne sont plus des estimations au sens premier du terme, mais des prétentions à satisfaire : les maisons de ventes tentent le coup en mettant le prix le plus élevé possible », analyse Christian Ogier. Sait-on jamais, elles pourraient prendre dans leurs filets un acheteur crédule !
Tous les résultats sont indiqués frais compris tandis que les estimations sont indiquées hors frais acheteur.
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Londres, l’art impressionniste et moderne en bonne forme
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°483 du 7 juillet 2017, avec le titre suivant : Londres, l’art impressionniste et moderne en bonne forme