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Les peintures oniriques et incandescentes de Xie Lei

Par Anne-Cécile Sanchez · Le Journal des Arts

Le 7 février 2025 - 525 mots

La galerie Semiose explore l’univers artistique du peintre franco-chinois, récemment désigné finaliste du prix Marcel Duchamp.

Xie Lei, Intimation, 2024, huile sur toile. © Pauline Assathiany, courtesy Semiose, Paris © Adagp Paris 2024
Xie Lei, Intimation, 2024, huile sur toile.
© Pauline Assathiany
© Adagp Paris 2024
Courtesy Galerie Semiose

Paris. On ne pouvait rêver meilleur timing : début décembre, le jour du vernissage de l’exposition de Xie Lei – la deuxième que lui dédie la galerie Semiose dans ses murs – a correspondu avec l’annonce de sa nomination comme finaliste du prix Marcel Duchamp. Des quatre artistes sélectionnés (Bianca Bondi, Eva Nielsen, Lionel Sabatté), Xie Lei apparaît comme celui qui a fait de la peinture son médium de prédilection dans son acception la plus classique (les compositions picturales d’Eva Nielsen étant hybridées avec d’autres techniques).
Diplômé de l’Académie centrale des beaux-arts de Chine, à Pékin, et de l’École nationale supérieure des beaux-arts (ENSBA) de Paris, repéré par Anne de Villepoix, entré chez Semiose il y a quatre ans – la galerie lui a consacré son premier solo en 2022 sur le salon Art Genève – Xie Lei rencontre déjà avec son travail un indéniable succès commercial. « Les tableaux exposés sont intégralement vendus (pour des prix allant jusqu’à 35 000 €), et nous gérons désormais la liste d’attente », assure Benoît Porcher.

Le fondateur de Semiose (qu’il dirige avec Frédérique Valentin) insiste par ailleurs sur le fait que le peintre s’inscrit selon lui pleinement « dans le champ de l’art contemporain », notamment par le soin qu’il apporte aux accrochages de ses expositions, conçues spécifiquement en tant que projets à part entière. Pour son solo à l’Open Space de la Fondation Louis Vuitton, en 2023-2024, Xie Lei avait ainsi réalisé une série de grands tableaux (2,40 mètres de haut) jointés avec un miroir légèrement bosselé qui en prolongeait l’éclat vibratoire. Cette fois-ci, ses plus grandes toiles ne dépassent pas 1,70 mètre, soit la taille de leur auteur, qui a tenu à cette homothétie. Un pan de mur entier de la galerie a été laissé nu, ce qui place le visiteur dans un face-à-face immédiat, en l’invitant à rentrer dans l’espace de représentation.

Cette peinture échappe cependant à la notion de figuratif, car les silhouettes humaines esquissées, si elles occupent toujours le centre, sont dépourvues de visage. Leur atmosphère onirique, parfois incandescente, est sans doute ce qui caractérise ces toiles qui célèbrent le jaillissement lumineux de la couleur et l’ambivalence. Ainsi d’Intimation (2024) (voir ill.), un tableau de plus petit format accroché dans la première salle, face à l’entrée, et dont l’éclat bleuté capte le regard. Deux mains sombres aux doigts légèrement repliés y enserrent une forme arrondie : le renflement hésite entre celui d’un ventre de femme enceinte et les contours d’une tête aux traits effacés, énigme redoublée par celle du titre, qui adresse aussi une sommation au spectateur : que voit-il apparaître ?

Parmi ses influences, Xie Lei cite volontiers les maîtres tels que Vélasquez et Zurbarán – il a séjourné en résidence à la Casa de Velàzquez, à Madrid –, et parle quasi couramment la langue de Cervantès, en plus du chinois, du français, de l’anglais et d’un italien honorable. Quant à ses collectionneurs, ils sont aussi bien « Américains et Asiatiques, qu’Européens », affirme Benoît Porcher, en espérant que cette visibilité accrue incitera de grandes institutions françaises à se porter acquéreuses.

Xie Lei, Mort Heureuse,
jusqu’au 15 mars, galerie Semiose, 44, rue Quincampoix, 75004 Paris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°648 du 31 janvier 2025, avec le titre suivant : Les peintures oniriques et incandescentes de l’artiste Xie Lei

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