Bruxelles. « Dormeurs » est le titre de la série récente de Xie Lei (né en 1983, en Chine).
Drôles de dormeurs toutefois car rien de paisible n’apparaît dans les expressions de ces personnages dont on n’aperçoit que la tête de profil, prolongée par un buste qui semble sectionné du reste du corps.
Posés sur un support difficilement identifiable, ces fragments anatomiques évoquent immédiatement les têtes de suppliciés de Théodore Géricault ou, en remontant plus dans le temps, les morceaux de viande de Francisco de Goya. Faut-il y voir les traces du séjour de Xie Lei à la Casa Velázquez à Madrid ?
Cependant, à la différence des images issues d’une morgue, celles que l’on voit ici sont nettement plus ambiguës. Ces visages sont secoués par un spasme ou un rictus, entre douleur et plaisir, bref par la jouissance sexuelle. C’est avec justesse que le texte qui les accompagne rappelle l’existence de l’expression de « petite mort » à leur sujet. Peut-on parler de vanités sexualisées ?
Quoi qu’il en soit, malgré les origines de Xie Lei, difficile de détecter dans cette peinture, proche d’un expressionnisme sombre, une quelconque trace de la tradition artistique de son pays d’origine. Encore que, les deux « paysages », des toiles de grand format de couleur vert frais, en quelque sorte des prairies qui font éclore des formes blanches (des fleurs inconnues ? des mains ?), peuvent évoquer des visions stylisées de la nature dans l’art chinois (Inside, 2021). Mais, peut-être, cette douceur ne sert qu’à accentuer la violence diffuse et contenue que dégagent les autres toiles. Sans être morbide, l’œuvre de Xie Lei renonce à toute séduction et provoque un certain malaise chez le visiteur. C’est aussi sa force.
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Xie Lei, un sommeil agité
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°578 du 26 novembre 2021, avec le titre suivant : Xie Lei, un sommeil agité