Le mobilier Haute époque ou XVIIIe disparaît progressivement de la section Tefaf Antiques au profit des objets décoratifs occidentaux ou asiatiques ou de l’archéologie gréco-romaine.
La section Tefaf Antiques, qui regroupe les antiquités, est de loin la plus fournie des sections de la foire. Elle rassemble cette année 103 exposants. Toutes les disciplines y sont représentées mais de manière très inégale.
Certaines spécialités sont en force. C’est le cas notamment des arts d’Asie – présentés par près d’une dizaine d’exposants – dont le marché, en dépit de quelques soubresauts, continue d’avoir la faveur des acheteurs. La galerie londonienne Rossi & Rossi a placé la barre haut avec une sculpture en bronze doré de Buddha Shakyamuni, dynastie Yuan, XIVe siècle (4 millions d’euros), ainsi qu’un thangka tibétain représentant Chaturbhuja Mahakala, XVIIIe siècle (1,6 million d’euros), quand le marchand Ben Janssens (Londres) montre un Buddha Maitreya, Chine, VIe-VIIe siècle en calcaire, assis sur un trône dans la posture Yi Zhou Fo (autour de 200 000 euros), ainsi qu’un accoudoir de lettré en émail cloisonné, époque Kangxi (aux alentours de 120 000 euros). La galerie hollandaise Vanderven organise sa présentation sur la dynastie Ming, montrant notamment un singe en biscuit tenant une pêche (Chine, vers 1700), clin d’œil à l’année du singe qui vient de débuter, pendant que Jorge Welsh (Londres, Lisbonne) montre une pagode chinoise à huit niveaux, en porcelaine bleue et blanche, dynastie Qing. Tefaf complète cette discipline par de l’art japonais et de la peinture chinoise du XVIe au XIXe siècle, en accueillant cette année un nouveau venu, la galerie londonienne Sydney L. Moss. « Désormais, nous souhaitons être moins confidentiels en Europe et participer à un marché de l’art en constante évolution », explique Olivier Moss. Pour cette première participation, la galerie expose des netsuke, des inrô, un masque de nô du XVIIe siècle, une paire de sculptures nio par Ritsuo ou encore une peinture d’un paysage par Zha Shibiao, datée 1668, pour des prix allant de 6 500 à 400 000 euros.
Douze marchands en archéologie
L’archéologie est également bien représentée, puisque quelques-uns des marchands les plus importants dans le domaine se retrouvent tous les ans dans la ville hollandaise. Parmi les douze participants, autant que l’an passé, la galerie Merrin (New York) a apporté une coupe attique grecque à décor de figures noires en bandes, « la plus grande connue », indique le galeriste, représentant des scènes de batailles (700 000 euros) ainsi qu’une hacha (hache), Veracruz (IVe-Xe siècle) en pierre volcanique à décor de tête de profil (600 000 euros). La galerie Cybèle (Paris) dévoile un miroir égyptien en bronze à manche en forme de femme, de la XVIIIe dynastie, passé en vente à Drouot en 1921 (collection Hirsch) et proposé pour 300 000 euros environ, alors que Sycomore Ancient Art (Genève) montre une tête de femme romaine en bronze, Ier-IIe siècle (entre 250 000 et 350 000 euros) et que la galerie Ruper Wace (Londres) présente une statue de Pamiu en basalte, Égypte, VIIe av. J.-C. (1,2 million d’euros), dont un autre exemplaire figure au Musée du Caire.
Tefaf a également la réputation de proposer de véritables trésors en matière d’objets d’art classique. Nicolas Kugel, très enthousiaste à l’idée d’une Tefaf à New York – qui « va revigorer le marché de l’art ancien là-bas, qui ne demande qu’à être conquis » – dévoile une statuette en pierres dures de Paolo Giordano Orsini, Duc de Bracciano, vers 1620, Florence, ancienne collection du Comte Nicolas Demidoff. La galerie Tomasso Brothers, de Londres, spécialisée dans la sculpture, expose un groupe baroque en bronze, Ganymède et l’aigle, vers 1714, par le sculpteur florentin Massimiliano Soldani-Benzi (au-delà de 1 million d’euros). Altomani & Sons met en lumière un groupe en terre cuite de Pietro Bracci, Triton retenant un cheval marin, vers 1759, modèle pour la fontaine de Trevi à Rome (autour de 350 000 euros), alors que la galerie Koopman Rare Art (Londres), spécialisée dans l’argenterie mise sur un bol à punch (The Bennett Indian Yacht-Club trophy), par Tiffany & Co (600 000 euros) ou encore une aiguière en argent sculpté (1831), par Paul Storr (autour de 400 000 euros). La galerie Perrin, de Paris, expose un vase en porphyre de la Manufacture Royale de Alvdalen (Suède), ancienne collection du Baron Tascher, oncle de l’Impératrice Joséphine, tandis que la galerie Aveline en collaboration avec Christophe de Quénetain présente une paire de vases en marbre par Nicolas Coustou, 1716, ornés de bas-reliefs, l’un se rapportant à l’histoire du Petit Poucet de Charles Perrault et l’autre représentant Polichinelle (autour de 800 000 euros). Venue combler un manque, la galerie Jean-Michel Renard (Bellenaves, France) expose des instruments de musique anciens, comme un luth florentin du XVIIe siècle aux armes des Médicis ou une flûte de Ferdinand-Philippe d’Orléans, dauphin de France, pour des prix allant de quelques milliers d’euros à 500 000 euros.
Le mobilier d’exception ne trouve pas sa place
Le mobilier ancien, surtout celui d’exception, reste le parent pauvre de la foire. Il est présent de manière éparse sur quelques stands comme ceux d’Aveline, Perrin ou Röbbig München (Munich) qui montre notamment une table à transformation estampillée Boudin, mais les poids lourds comme Kraemer, Steinitz, Léage ou encore Gismondi boudent toujours la foire. Un handicap pour une foire qui s’autoproclame « la plus grande foire d’antiquités au monde ». Ces marchands ne voient pas en Maastricht leur lieu de rassemblement. « Nous considérons Tefaf plus comme un salon pour les tableaux et les objets d’art que pour le mobilier », explique Guillaume Léage. Benjamin Steinitz, qui avait décidé de ne plus se rendre sur la foire par le passé pourrait cependant revoir sa position : « On m’a fait un appel du pied ! », confie-t-il. Il est certain qu’avec l’entrée de New York dans la course, les organisateurs de Tefaf auront des choix à faire courant 2016.
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Les objets décoratifs chassent le mobilier ancien
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°452 du 4 mars 2016, avec le titre suivant : Les objets décoratifs chassent le mobilier ancien