Usant de son corps comme d’un outil de travail, l’artiste associe expression et réflexion dans ses tableaux présentés chez Anne Barrault.
PARIS - Dominique Figarella est grand et mince. Cette caractéristique n’aurait strictement aucun intérêt si elle n’était partie prenante et agissante de sa démarche artistique. Car pour comprendre et apprécier son travail, il faut connaître sa méthode de travail. Celle-ci repose sur deux procédés primordiaux : d’une part le choix, la fabrication et le mariage de deux couleurs ; d’autre part l’utilisation du corps comme un long pinceau.
Figarella commence par chercher deux tonalités dont la rencontre va engendrer une relation chromatique singulière, productrice d’un étonnement, d’une ambiance, d’un monde particulier, à l’exemple de cet important diptyque (2 x 3 m, à l’acrylique sur Alucore) mettant en Orbite (c’est son titre) des traces circulaires d’un rouge framboise sur un bleu indéfini. Ou, dans d’autres tableaux, un violet-mauve sur un bleu voie lactée, un cuivre sur un vert anthracite. « Je cherche aussi toujours une lumière pour une obscurité », précise l’artiste.
Derviche tourneur
Par ailleurs, le corps, et plus précisément les pieds, les mains et les bras de l’artiste, compte parmi ses outils. Corps qui détermine la taille des œuvres. Ainsi, pour un moyen format, le peintre devra pouvoir placer ses pieds de chaque côté, hors du cadre imparti, et travailler les jambes écartées au-dessus et au centre du support posé au sol. Tandis que, s’attelant à un grand format, Figarella tourne en son centre comme une toupie ou un derviche tourneur et projette la couleur à l’aide d’une sorte de bec et par le mouvement centrifuge de son bras. Il la piétine, il patine et laisse des empreintes. Le tableau devient un espace à habiter. Mais si la trace est fondamentale dans la genèse de l’œuvre, elle ne l’est pas à l’arrivée. Au contraire. « Je ne veux surtout pas de l’aspect feu de bois et poutres apparentes, du côté daté, régressif, fétichiste du geste. » C’est la raison pour laquelle ce qui pourrait relever de la performance est oblitéré. Dans un second temps, Figarella masque en effet ces empreintes par des aplats géométriquese. Nouvelles associations : la souplesse et l’angle droit ; l’expression et la réflexion. La trace devient indice, mémoire, terrain de jeu pour une traduction dans un autre langage. Elle se décale, comme le « C » et le « U » (rotation du « C ») qui donnent le titre « CU » à l’ensemble, deux lettres de la phrase « Ask me if I C like U » inscrite tel un programme sur l’une des œuvres.
Compris entre 6 000 et 25 000 euros, les prix sont très raisonnables pour un artiste de cette génération (il est né en 1966), à la biographie significative, dont la reconnaissance ne fait qu’augmenter.
Nombre d’œuvres : 9
Prix : entre 6000 et 25 000 €
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Les mariages de Figarella
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Abonnez-vous dès 1 €jusqu’au 15 octobre, Galerie Anne Barrault, 51 rue des Archives, 75003 Paris, tél. 09 51 70 02 43, www.galerieannebarrault.com, mardi-samedi 11h-19h.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°464 du 30 septembre 2016, avec le titre suivant : Les mariages de Figarella