Sotheby’s vient d’annoncer la mise en vente, au mois de janvier 1997, de huit remarquables tableaux des écoles flamande et hollandaise appartenant à Saul P. Steinberg.
NEW YORK (de notre correspondant) - Saul P. Steinberg, fondateur de l’un des plus importants groupes privés d’assurances de New York – Reliance Group Holdings, Inc. – s’est rendu célèbre dans les cercles financiers pour avoir tiré 325 millions de dollars de profit d’une tentative de contrôle de la société Walt Disney en 1984. Il avait, à la même époque, dispersé chez Christie’s son admirable collection d’expressionnistes allemands pour se consacrer aux maîtres anciens. Selon un de ses proches, une récente attaque cardiaque l’a conduit "à reconsidérer ses priorités… Il estime désormais que les tableaux n’ont plus autant d’importance". Bien que Steinberg ait été l’un des plus fidèles soutiens du Metropolitan Museum of Art, acceptant de financer "de petites expositions ou des projets que de nombreux donateurs, soucieux de leur image de marque, négligent" – selon le portrait qu’a dressé de lui, en 1985, le magazine Manhattan Inc. –, sa générosité ne lui a pas valu de siège au conseil d’administration du musée, comme il l’avait espéré.
Parmi les œuvres dont il se sépare, une petite étude de Rembrandt en grisaille de 1633, Vieillard barbu (estimé entre 1,5 et 2 millions de dollars), jadis dans la collection d’Andrew Mellon ; le Portrait d’un homme barbu avec un livre de Frans Hals, assez rébarbatif (estimé entre 500 000 et 700 000 dollars) ; un Violoniste de Ter Brugghen ; une bonne Galerie de peintures de Teniers (estimée entre 500 000 et 700 000 dollars) et un Paysage avec Hagar au puits, (estimé entre 300 000 et 400 000 dollars) de Bartholomeus Breenbergh.
La peste à Athènes
Le tableau le plus remarquable de cet ensemble est un chef-d’œuvre de Michael Sweerts, La peste à Athènes, estimé entre 3 et 4 millions de dollars. Cette toile, autrefois attribuée à Poussin, était conservée dans des collections britanniques depuis le début du XIXe siècle jusqu’à son acquisition par Steinberg, en 1984.
En 1837, John Smith la commentait en ces termes : "Il est peut-être impossible de montrer en art avec plus d’émotion et avec un effet plus solennel un sujet aussi déchirant que celui de ce tableau." Waagen confirmait cette opinion en 1854, lorsqu’il observait : "Rares sont les tableaux de Poussin où l’on rencontre une maîtrise aussi poussée dans toutes les parties. Les têtes y sont plus variées et plus fidèles à la nature que d’ordinaire." L’œuvre se trouvait dans la collection Cook en 1915, mais c’est seulement en 1934 que Longhi l’identifiera comme étant de la main de Sweerts. Mise en vente chez Christie’s par le conseil d’administration de Cook en juillet 1984, elle avait été acquise par Richard Feigen, agissant pour le compte de Steinberg, 972 000 dollars seulement et, plus surprenant encore, avait obtenu un certificat d’exportation bien qu’il n’y ait aucune peinture de Sweerts à la National Gallery de Londres.
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Les maîtres de Steinberg
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°29 du 1 octobre 1996, avec le titre suivant : Les maîtres de Steinberg