NEW YORK (ETATS-UNIS) [18.11.16] – Les ventes du soir d’art contemporain et d’art impressionniste et moderne à New York de Christie’s et Sotheby’s ont récolté cette semaine 957,5 millions de dollars, un résultat solide mais moins bon que l’an passé. Malgré certains beaux records, la lecture de ces résultats est floutée par de nombreux prix garantis.
Dans un contexte économique fragile et un climat politique incertain marqué par l’élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis le 9 novembre dernier, les ventes new-yorkaises qui se sont tenues cette semaine avaient valeur de test et ont montré que le marché restait solide, même si les résultats obtenus par Sotheby’s et Christie’s en art contemporain et en art impressionniste et moderne ne parviennent pas à égaliser ceux de l’an dernier. Il faut dire que toutes les précautions avaient été prises, avec de nombreux lots garantis par des tiers. A elles deux, Sotheby’s et Christie’s enregistrent un total de 957,5 millions de dollars (1), un résultat toutefois en baisse de 11,2 % par rapport à l’an dernier et de 51,9 % si l’on prend en compte les ventes Taubman (Sotheby’s) et The Artist’s Muse (Christie’s) de novembre 2015. Si les deux maisons de ventes affichent des résultats similaires dans l’art contemporain (276,9 M$ pour Christie’s et 276,6 M$ pour Sotheby’s), l’écart est beaucoup plus prononcé pour l’art impressionniste et moderne, où Christie’s devance sa rivale (246,3 M$ contre 157,7 M$).
Willem de Kooning et Gerhard Richter en vedettes
La vacation du soir d'art contemporain de Sotheby’s, jeudi 17 octobre, a clôturé la semaine des ventes new-yorkaises avec un résultat de 276,6 millions de dollars (247,6 M€) (-6 % par rapport à novembre 2015), avec un bon taux de ventes (94 % des 64 lots vendus). Sept toiles de Gerhard Richter provenant de la collection Steven & Ann Ames (collection garantie à hauteur de 100 millions de dollars) étaient notamment proposées, dont le clou de la vente, A B, Still (1986), parti pour 34 millions de dollars. Six des sept toiles ont trouvé preneurs, rapportant 75,6 M$ en moins d’une heure pendant la vacation.
Chez Christie’s, la vente d’art d’après guerre et d’art contemporain du 15 novembre a obtenu un résultat similaire, 276,9 millions de dollars (256,8 M€), en baisse de 16,5 % par rapport à l’an passé (331,8 M$ en 2015 avec 53 lots). Parmi les 89 % des 61 lots vendus, Untitled XXV (1977) de Willem de Kooning figure en tête. Adjugée 66,3 M$ (61,5 M €), pour une estimation d’environ 40 M$, il s’agit d’un record pour une œuvre de l’artiste selon la maison de ventes aux enchères. Mise en vente par le milliardaire Bidzina Ivanishvili, ancien Premier ministre de Géorgie, via Lynden Management Ltd, selon Bloomberg, l’œuvre avait été achetée via une transaction privée en 2009 à Frank J. Fertitta III, le P.-D.G de la société Station Casinos de Las Vegas, qui l’avait lui-même achetée 27,1 M$ chez Christie’s en 2006. Le record que souligne Christie’s (plus du double du précédent record obtenu en 2013, 32,1 M$), reste toutefois anecdotique par rapport à la somme à 9 chiffres obtenue en début d’année par Interchanged (ou Interchange), toile peinte en 1955 par Willem de Kooning, qui avait été cédée pour « environ » 300 millions de dollars par le producteur de cinéma David Geffen au financier Ken Griffin.
Record pour Claude Monet, triomphe sans gloire pour Edvard Munch
L’art impressionniste et moderne a obtenu des résultats plus contrastés. Le 16 novembre, la vacation de Christie’s récoltait 246,3 M$, un résultat en augmentation de 69,3 % par rapport à l’an passé. 81 % des 48 lots ont trouvé preneurs et Claude Monet est incontestablement le grand gagnant de la vacation : sa toile Meule, peinte en 1891, enregistre l’adjudication hebdomadaire la plus élevée (81,4 M$) et signe un nouveau record pour l’artiste, le précédent étant tenu par Le Bassin aux nymphéas parti pour 80,4 millions de dollars en juin 2008 à Londres. Estimée à environ 45 M$, la toile n’était pas apparue aux enchères depuis 1999 où elle avait été vendue pour 12 M$.
La vacation d’art impressionniste et moderne de Sotheby’s, qui donnait le 14 novembre le départ des ventes new-yorkaises, fait à côté grise mine. Avec 81 % des 42 lots vendus, elle a totalisé 157,7 M$ (146,7 M€), contre 306,7 M$ en 2015 (46 lots), soit un résultat en baisse de 48,6 %. Si l’auctioneer peut se targuer d’avoir vendu une toile d’Edvard Munch, Les filles sur le pont (1902) à 54,5 millions de dollars (50,7 M€), soit un montant supérieur de 20 millions de dollars à celui obtenu en 2008, il s’agit d’une adjudication sans mérite : la toile faisait partie des trois lots garantis de la vente et Katya Kazakina révèle pour Bloomberg qu’elle aurait été adjugée à un bailleur de fonds chargé par Sotheby’s d’enchérir, sans que l’œuvre n’obtienne d’autres enchères en salle ou au téléphone. La reporter précise que le prix d’adjudication montre que le bailleur de fonds a reçu une prime de 2 millions de dollars pour avoir fourni l’enchère.
(1) Tous les prix s’entendent frais compris sauf les estimations indiquées hors frais acheteurs.
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Les grandes ventes new-yorkaises ont digéré l’effet Trump
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Abonnez-vous dès 1 €Gerhard Richter (1932), A B, STILL, 1986, 224,8 x 200 cm, huile sur toile - Vente Sotheby's New York du 17 novembre 2016 - Estimation 20 / 30 M$ - Vendu 33 987 500 $ (32,05 M€) - Photo Sotheby's
Willem de Kooning (1904-1997), Untitled XXV, 1977, 195,7 x 223,5 cm, huile sur toile - Vente Christie's New York du 15 novembre 2016 - Vendu à 27 120 000 $ (25,31 M€) - Photo Christie's Images Limited