Foire & Salon

PARTICIPATION FRANÇAISE

Les galeries françaises sortent le grand jeu

Par Alexia Lanta Maestrati · Le Journal des Arts

Le 6 juin 2019 - 947 mots

Conscientes de leur privilège, les vingt et une galeries parisiennes présentes à Art Basel mettent les petits plats dans les grands pour tirer le meilleur parti de la foire.

Bâle. La France n’est située qu’à quelques kilomètres de Bâle, et pourtant les galeries françaises ne sont qu’une petite vingtaine à être présentes, ce qui représente 7 % des exposants. À peine plus que le poids de l’Hexagone dans le marché de l’art mondial. Et quand elles ont la chance de pouvoir y entrer, elles font tout pour y rester, ce qu’elles réussissent en général, puisque le nombre moyen de participations pour chacune de ces privilégiées est de 19. Certaines ont allégrement franchi le cap des 30 participations comme Natalie Seroussi ou Chantal Crousel, voire atteignent le chiffre de 40 à l’instar de Daniel Templon. Le record est détenu par la Galerie Lahumière, présente depuis la création de la foire en 1970. Une longévité que lui envient les galeries Christophe Gaillard et Crèvecœur qui viennent d’y faire leur entrée, ce au sein des sections « Feature » et « Statements ». Pour durer, il faut donc placer la barre très haut. « Il n’y a pas un réel public local, et cela crée une certaine exigence. Il s’agit d’un public très spécifique, composé d’initiés, que les marchands ne retrouvent pas sur d’autres foires », explique Niklas Svennung, codirecteur de la galerie Chantal Crousel. Art Basel est une foire qui se prépare longtemps à l’avance, parfois depuis une année. « Un galeriste garde ce qu’il a de meilleur pour Bâle, un peu comme durant la Tefaf [à Maastricht] où les antiquaires qui ont trouvé un trésor le montrent à ce moment-là», souligne Jocelyn Wolff, qui signe aujourd’hui sa 13e participation. « Art Basel est aussi le moment pour proposer des pièces plus compliquées », précise-t-il.

« Des liens entre les œuvres »

Le « meilleur », c’est ce qui est rare ou inédit. C’est le cas des peintures tout juste sorties de l’atelier de Hernan Bas (né en 1978), dont les œuvres, sur liste d’attente, sont présentées sur les cimaises du stand d’Emmanuel Perrotin. Ou d’une toile de Martin Barré (1924-1993) issue de la série rare sur le marché, réalisée à la bombe, que Nathalie Obadia a rachetée à un collectionneur. Afin de limiter les risques et de satisfaire leurs artistes, les galeristes français – mais ils ne sont pas les seuls – préfèrent montrer les œuvres de plusieurs artistes plutôt que d’opter pour le solo show. « C’est un moment où nous synthétisons le savoir-faire curatorial de la galerie et où nous montrons la richesse et la profondeur de l’inventaire », poursuit Jocelyn Wolff. Idem pour Air de Paris, venue avec une douzaine d’artistes. « Nous ne proposons pas une narration mais nous créons des liens entre les œuvres. La présentation d’un stand, nous la soignons de la même manière qu’un collectionneur soigne sa collection, avec une dimension historique », soutient Florence Bonnefous, sa directrice. La Galerie Lahumière rejoue, elle, le programme de l’année écoulée dans ses espaces parisiens tout en proposant un focus sur un artiste, en l’espèce Victor Vasarely, en raison de son actualité au Centre Pompidou.

Un moment opportun

Et lorsque le succès est au rendez-vous, certains vont jusqu’à réaliser deux accrochages de tous leurs artistes, l’un pour les deux premières journées consacrées aux professionnels, l’autre pour les trois jours suivants. Mais tout ne se passe pas uniquement sur le stand. Plusieurs galeries profitent de l’audience générale de la foire pour faire des annonces ou organiser des événements dans d’autres lieux. Ainsi, explique Vanessa Clairet, directrice communication de la galerie Perrotin : « Il y a deux ans nous avions annoncé que nous représentions la succession de Hans Hartung, et il n’est pas impossible que nous fassions une annonce de cet acabit cette année. Nous organisons également un dîner et une soirée très attendue dans l’Elisabethenkirche. »

 

LES GALERIES FRANÇAISES À ART BASEL 2019

GALERIE

DATE DE CRÉATION

PREMIÈRE PARTICIPATION

NOMBRE DE PARTICIPATIONS

SECTEUR EN 2019

SPÉCIALITÉ

AIR DE PARIS1990200019SECTEUR GÉNÉRALART CONTEMPORAIN
APPLICAT-PRAZAN199320127SECTEUR GÉNÉRALART MODERNE
ART : CONCEPT199220118SECTEUR GÉNÉRALART CONTEMPORAIN
GALERIE CHANTAL CROUSEL1980198039SECTEUR GÉNÉRALART CONTEMPORAIN
GALERIE 1900-20001972197324SECTEUR GÉNÉRALART MODERNE
GALERIE HOPKINS198420137SECTEUR GÉNÉRALART MODERNE
GALERIE LAHUMIÈRE1963197050SECTEUR GÉNÉRALABSTRACTION CONSTRUITE ET GÉOMÉTRIQUE
KAMEL MENNOUR1999200317SECTEUR GÉNÉRALART CONTEMPORAIN
GALERIE NATHALIE OBADIA1993199614SECTEUR GÉNÉRALART CONTEMPORAIN
ALMINE RECH GALLERY1997199920SECTEUR GÉNÉRALART CONTEMPORAIN
GALERIE NATALIE SEROUSSI1977198035SECTEUR GÉNÉRALART MODERNE ET CONTEMPORAIN
TEMPLON1966197842SECTEUR GÉNÉRALART CONTEMPORAIN
GALERIE GEORGES-PHILIPPE & NATHALIE VALLOIS1990199418SECTEUR GÉNÉRALART CONTEMPORAIN
GALERIE JOCELYN WOLFF2003200613SECTEUR GÉNÉRALART CONTEMPORAIN
GALERIE FRANK ELBAZ200220134FEATUREART CONTEMPORAIN
GALERIE CHRISTOPHE GAILLARD200720191FEATUREART CONTEMPORAIN
BALICE HERTLING200720095STATEMENTSART CONTEMPORAIN
GB AGENCY2001200614SECTEUR GÉNÉRALART CONTEMPORAIN
GALERIE LELONG & CO.1982198238SECTEUR GÉNÉRALART CONTEMPORAIN
PERROTIN1990199326SECTEUR GÉNÉRALART CONTEMPORAIN
GALERIE CRÈVECŒUR200820191STATEMENTSART CONTEMPORAIN

N. B. : Cette liste recense les galeries françaises ou celles dont la galerie principale est installée en France présentes à Art Basel 2019. Toutes les sections sauf « Edition » sont concernées.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°525 du 7 juin 2019, avec le titre suivant : Les galeries françaises sortent le grand jeu

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