Le temps de l’enfance

Elle revêt ainsi autant les questionnements du jeune peintre Thibaut Bouedjoro sur ses origines familiales que le portrait photographique troublant de Marie Boucher d’un enfant se coiffant dans un miroir un couteau à la main. Ailleurs, la vision fantasque de Simon English du rêve du lapin dans Alice au pays des merveilles côtoie les contes désenchantés de Jared Buckhiester. Le mystère, l’étrange, le trouble côtoient aussi la légèreté d’une paire de jambes détachées du sol (Katsuhiko Hibino), la belle gravité d’un père portant sur ses épaules son enfant (Antanas Sutkus) ou l’impétuosité des jeux d’enfants (Robert Doisneau, Martine Barrat, Martin Parr…). La vulnérabilité (Letizia Battaglia, Roger Ballen), l’insoumission (Dmitry Markov, Max Natkiel) ne sont jamais loin. Les associations inattendues telle celle d’Andy Warhol avec Harmony Korine ou de Jacques Henri Lartigue avec Ingar Krauss séduisent. On découvre également des photographies d’auteur qu’on ne connaissait pas sur ce registre, telle Marie-Laure de Decker, plus connue pour ses photographies de guerre que pour ce grand tirage d’enfants s’élançant dans l’eau. Si on retrouve la plupart des artistes affectionnés et soutenus par agnès b., comme Seydou Keita ou Matthias Garcia, s’immiscent à deux reprises, discrètement, quelques photos de ses petits-enfants réalisées par la collectionneuse et galeriste elle-même.