Justice - Ventes aux enchères

Le sort de la vente Beauvau-Craon suspendue à une décision de justice en référé

Par Marie Potard · lejournaldesarts.fr

Le 11 juin 2015 - 525 mots

PARIS [11.06.15] - La princesse Minnie de Beauvau-Craon, qui disperse une partie de sa collection aux enchères chez AuctionArt lundi prochain 15 juin, a reçu une notification de classement au titre des monuments historiques d’une partie des lots. Cela pourrait perturber les enchères, faisant fuir les acheteurs internationaux.

Selon le code du patrimoine, « les objets mobiliers dont la conservation présente un intérêt public au point de vue de l'histoire, de l'art, de la science ou de la technique, peuvent être classés au titre des monuments historiques » (art.L.622). Or, lorsque la conservation ou le maintien sur le territoire national de tels objets mobiliers est menacée, une instance de classement au titre des monuments historiques peut être notifiée au propriétaire par le ministre de la culture et de la communication. Tous les effets du classement s'appliquent à l'objet mobilier pendant douze mois, le temps que la décision définitive soit prise, que le vendeur soit d’accord ou non. Dans une telle situation, l'exportation hors de France des objets classés est donc interdite.

C’est la situation dans laquelle se trouvent 8 lots phare de la vente de la Princesse Minnie de Beauvau-Craon (sur 45 au total), tous provenant du Château de Saint-Ouen, ainsi que l’épée de grand écuyer de Lorraine (estimation 700 000 à 800 000 euros) dont le refus de certificat a été publié au Journal Officiel avant-hier. En tout, la vente est estimée de 2,3 à 2,7 millions d’euros (hors frais).

Ceci inquiète beaucoup la vendeuse et la maison de ventes car si les objets en question ne peuvent pas sortir du territoire, les acheteurs étrangers n’enchériront pas.

Une inquiétude doublée d’un agacement. Selon la propriétaire des lots, ces œuvres d’art ont obtenu il y a quelques années un passeport de libre circulation permanent, délivré par le ministère de la Culture. Face à cette situation juridique ambiguë, la princesse a saisi le juge des référés afin de faire annuler cette notification sur la base de l’existence préalable des passeports. Le juge devrait statuer vendredi 11 juin.

En attendant, l’OVV, joint par téléphone, affirme que « la vente n’est pas remise en question. Le tout est de savoir sous quelle qualification seront vendus les lots identifiés par la notification ».

Du côté du ministère de la Culture la version est autre : en 2005, il a délivré un refus de certificat sur un ensemble de biens de la princesse qu’il a estimé ne pas pouvoir démembrer. Or, selon la procédure, l’Etat a bénéficié de 30 mois pour trouver un acquéreur. « Tous les biens n’ont pu être acquis, faute de mécène, alors le ministère a été contraint et forcé d’accorder le passeport. Ces biens sont ceux qui font l’objet d’une notification », indique une source anonyme rattachée au ministère. « La princesse de Beauvau-Craon pouvait donc se douter que l’Etat tenterait tout pour conserver ce patrimoine sur son territoire. Elle aurait d’ailleurs pu l’informer de cette future vente aux enchères, peut-être que des solutions aurait pu être trouvées », explique-t-on au ministère.

Information sur la vente

« Chosen Pieces », AuctionArt, le 15 juin à 14 heures, hôtel Drouot, 9, rue Drouot, 75009 Paris, salle 1.

Légende photo

L'épée de grand écuyer de Lorraine (XVIIIe s.), collection de la Princesse Minnie de Beauvau-Craon - Vente du 15 juin 2015 à Drouot Paris - Estimation 700 000 / 800 000 € - Photo OVV AuctionArt Rémy le Fur

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