Le salon consacré aux musées et lieux touristiques donnait à voir un secteur dominé par les solutions numériques et les objets pour les boutiques.
Paris. Chasse au trésor virtuelle dans un château ou conversation avec un personnage de tableau grâce à l’intelligence artificielle, le salon Museum Connections 2025 (14 et 15 janvier) continue de surfer sur la mode du numérique à tout-va. Sur les 380 exposants cette année – chiffre stable par rapport à 2024 –, 113 sont liés aux technologies numériques, signe que ce secteur continue son expansion. Côté « Tech », la plupart des stands proposent soit de la réalité virtuelle, soit de la réalité augmentée : la différence réside dans le lien physique avec le lieu ou les collections, absent de la réalité virtuelle. Que ce soit via des QR codes ou des casques connectés, la qualité des contenus varie beaucoup d’un prestataire à l’autre, car les contenus ne sont pas forcément élaborés par les établissements culturels : Unframed Collection propose par exemple des expositions immersives assez réussies, basées sur des œuvres réelles, à déployer dans des lieux culturels. Plusieurs prestataires se sont lancés dans les « escape games », un loisir à la mode depuis quelques années où le lieu joue un rôle important. Reste la question de l’intérêt pour un musée d’investir dans un escape games au scénario ultra codifié plutôt qu’un parcours théâtralisé ou dansé.
À noter que plus de la moitié de la surface du salon est dédiée au secteur « Shop », soit les boutiques de lieux culturels, avec près de 200 exposants : si ce secteur est crucial pour les musées (il fournit des ressources propres), on comprend mal cette omniprésence au vu de l’homogénéité des produits exposés. Sacs en tissu, foulards, mugs, reproductions d’œuvres et vaisselle ont un air de déjà vu, et les produits plus écologiques ou dédiés au « Care » restent minoritaires.
Si la directrice du salon, Claire de Longeaux, mentionne l’attention au bien-être comme un aspect de « l’expérience de visite », peu d’exposants proposent des produits sur ce thème, et la question du handicap reste peu abordée. Concernant les non-voyants, la société Laville Braille réalise pour les lieux culturels des cartels en braille et des reproductions en relief des œuvres. Une Vierge à l’enfant sera ainsi imprimée en « haut-relief » avec plusieurs épaisseurs selon les zones du tableau : les drapés des vêtements et les visages seront plus épais que le décor. Pour les visiteurs sourds-muets, Langue Turquoise propose du sous-titrage, de l’audiodescription et des visites en langue des signes au contenu adapté. Son cofondateur, Thomas Planchais, explique qu’« il faut inclure des notions générales d’histoire de l’art en plus du contenu fourni par les musées qui reste trop descriptif ». Il signale des « problématiques spécifiques aux sourds-muets dans l’apprentissage de la syntaxe » qui nécessitent des adaptations des textes de salle et de la médiation. Parmi les interventions de Langue Turquoise, il cite la présentation adaptée de la Vierge à l’enfant de Raphaël au Louvre-Lens. Cette édition de Museum Connections montre donc que si le numérique et le virtuel permettent en théorie d’attirer un autre public, l’inclusivité dans le monde réel doit faire l’objet d’une réflexion plus poussée dans le secteur culturel.
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Le salon Museum Connections met en avant le numérique et le merchandising
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°648 du 31 janvier 2025, avec le titre suivant : Le salon Museum Connections met en avant le numérique et le merchandising