L’authenticité de Jardin à Auvers, le désormais fameux tableau de Van Gogh, a de nouveau été au centre des débats judiciaires, le 7 mars, devant la cour d’appel de Paris. Selon toute vraisemblance, sa « réhabilitation » devrait être confirmée le 7 mai.
PARIS - Véritable “marronnier” de la chronique artistico-judiciaire depuis plus d’une dizaine d’années, le cas du Jardin à Auvers était débattu le 7 mars devant la première chambre de la cour d’appel de Paris. Rappelons qu’en 1994, c’est précisément cette chambre qui avait fixé à 145 millions de francs le préjudice consécutif au classement du tableau. En effet, le statut de monument historique et son corollaire – l’interdiction de sortie du territoire national – avaient entraîné un manque à gagner pour son propriétaire d’alors, Jacques Walter. Le collectionneur n’en avait obtenu “que” 55 millions de francs lors d’une vente organisée par Mes Binoche et Godeau le 6 décembre 1992 à Drouot. En compensation, l’État avait donc été contraint de lui verser une indemnité correspondant à la différence supposée entre les prix du marché international et celui de l’adjudication au banquier Jean-Marc Vernes, décédé en 1996.
La cour a aujourd’hui à se prononcer sur le jugement rendu le 3 mai 2000 par le tribunal de grande instance de Paris qui a débouté les héritiers Vernes de toutes leurs prétentions. Ils demandaient la nullité de la vente Binoche et Godeau pour “erreur sur une qualité substantielle de l’œuvre” qui aurait pour origine une rédaction fautive du catalogue de la vente. Une nouvelle fois, les plaidoiries se sont concentrées sur le débat concernant l’authenticité du tableau, régulièrement mise en doute depuis 1996 par des avis donnés par divers “amateurs, collectionneurs ou sachants”. Les journaux français et internationaux se sont d’ailleurs fait l’écho de ces opinions, au premier rang desquels Le Figaro, par la voix de l’un de ses critiques d’art, Jean-Marie Tasset.
Contrairement à l’audience de première instance, le ministère public était cette fois représenté. Dans ses conclusions, l’avocat général, Me Brigitte Gizardin, s’est prononcé sans ambages pour l’authenticité du tableau : “les éléments – bien minces – qui plaident en faveur du doute sont tout à fait insuffisants”. Concernant la responsabilité de Me Binoche, l’avocat général a considéré que les recherches portées au catalogue “paraissent tout à fait sérieuses, d’autant qu’elles ont été reprises ensuite par un autre commissaire-priseur [Me Tajan, ndlr]”. En outre, comme si la plaidoirie de Me Roland Rappaport, l’avocat de Me Binoche, n’avait pas suffi à éreinter Jean-Marie Tasset, le ministère public a tenu à porter le coup de grâce : “Me Binoche a par ailleurs été débouté de sa procédure en diffamation à l’égard du journaliste du Figaro pour des raisons de procédure, mais la diffamation a été reconnue et admise.” Dans un bel élan d’optimisme, l’avocat général a enfin soutenu que la confirmation du jugement “pourrait même entraîner la réhabilitation de l’œuvre”... L’arrêt sera rendu le 7 mai.
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L’appel du Jardin à Auvers
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°123 du 16 mars 2001, avec le titre suivant : L’appel du Jardin à Auvers