Entre le 18 et le 22 mars, cinq vacations d’art islamique se sont tenues à Drouot. Grâce à la présence de nombreux amateurs et professionnels étrangers – les clients français étant quasiment absents dans ce domaine –, elles ont rencontré un vif succès.
PARIS - La vente de Me Jacques Tajan, assisté de l’expert Lucien Arcache, qui a eu lieu les lundi 18 et mardi 19 mars, couvrait un éventail de spécialités allant du tableau orientaliste à la céramique, en passant par une belle collection d’armes, des bijoux, des manuscrits et des objets en métal. Comprenant 429 lots, dont 395 ont été vendus, la vente a totalisé 7,1 millions de francs. La concurrence entre quelques grands marchands de Londres, des enchérisseurs d’Arabie Saoudite, du Koweït et du Qatar, ainsi que des Suisses, des Allemands, des Américains et, pour la première fois, un fort contingent d’acheteurs indiens, a produit des enchères sensationnelles.
La céramique islamique en particulier
Estimée très modestement entre 50 000 et 70 000 francs, une rare plaque Ilkhanide en faïence lustrée, fin XIIIe-début XIVe siècle, est montée jusqu’à 440 000 francs, (487 757 F avec les frais) avant d’être préemptée par le ministère de la Culture. Le Musée de la céramique à Sèvres possède, en effet, une pièce très similaire. Également rare, un casque mamelouk, XVe siècle, datant du règne du sultan Seif-ad-Dîn Barsbay, de forme très belle mais auquel il manquait quelques ornements, est demeuré, à 150 000 francs, en dessous de son estimation.
Un casque d’Inde moghole du XVIe siècle, en excellent état, vendu 288 220 francs, a pulvérisé son estimation de 20 000 à 30 000 francs, tandis que le lot suivant, une poignée iranienne kard, estimée entre 8 000 et 10 000 francs, montait à 230 000 francs. Plus raisonnable, mais un record tout de même pour l’artiste, Divertissement dans un patio du harem, une huile de l’orientaliste italien Fabio Fabbi, a été vendue 332 562 francs.
Le 20 mars, la vente arts d’Orient et d’Asie de Me Claude Boisgirard, assisté de l’expert Annie Kevorkian, a attiré une clientèle aussi diverse que son contenu, avec d’assez nombreux acheteurs français. La vacation a enregistré quelques belles enchères, réalisant un produit total de 2,4 millions de francs, avec 218 lots vendus sur 309.
L’art islamique en général, et la céramique en particulier – dont 36 lots provenant de deux collections privées – ont obtenu d’excellents résultats. Une très belle frise de sept carreaux Iznik, de la seconde moitié du XVIe siècle, estimée entre 50 000 et 70 000 francs, a été adjugée 185 000 francs, et 73 000 francs une frise plus petite, de la même provenance et de la même période, qui était estimée entre 8 000 et 12 000 francs. Un poignard ottoman, XVIIIe siècle, estimé entre 7 000 et 8 000 francs, a été vendu 49 000 francs. Sur les trente-six lots d’art animalier des steppes, principalement des plaques et des boucles de ceinture, vingt-trois ont trouvé preneur – des acheteurs français pour la plupart.
Mercure transformé en éphèbe
Assisté des experts Marie-Christine David, Jean et Laure Soustiel, et Jean-Philippe Mariaud de Serres, Me François de Ricqlès a vendu 319 des 447 lots qui composaient ses vacations d’archéologie et d’art oriental, les 21 et 22 mars. Le lot phare de la première journée, une statue romaine en marbre , Ie ou IIe siècle, dont la description, au fil de l’expertise, avait évolué d’un très optimiste "Mercure"... vraisemblablement d’après un modèle de Praxitèle" à un plus modeste "jeune éphèbe" anonyme, mais dont l’estimation, entre 600 000 et 800 000 francs, est restée constante, a été acquise à 1 662 810 francs par un marchand de Hong Kong, contre un sous-enchérisseur new-yorkais.
Les objets islamiques en métal de la même vacation se sont également bien vendus : une très élégante aiguière en argent, ottomane, vers 1800, destinée à recueillir, lors du pèlerinage à la Mecque, l’eau du puits sacré de Zem-Zem (estimation 15 000-20 000 francs), est partie à 60 969 francs, et un bassin turcoman en cuivre rouge, fin XVe siècle (estimation 8 000-10 000 francs), à 44 341 francs.
Lors de la vente du 22 mars, quelques très belles pages du Coran des premiers siècles de l’Islam ont suscité une vive concurrence entre marchands. Un parchemin fin VIIe-début VIIIe siècle, par exemple, en écriture hijâzi, le tout début du coufique, estimé entre 15 000 et 20 000 francs, s’est envolé à 88 633 francs. Le Musée du Proche-Orient de Stockholm a acheté 19 000 francs, contre une estimation de 8 000 à 10 000 francs, un manuscrit turc du XVIIIe siècle, comprenant le Coran et un livre de prières en écriture naskhi, tandis que la Bibliothèque nationale faisait préempter à 17 000 francs un recueil en persan des œuvres de Kâtebi, du XVe siècle, et le Louvre une magnifique reliure persane séfévide du XVIe siècle, à 40 000 francs, ainsi que, pour un total de 223 000 francs, quatre miniatures iraniennes, fin XVIe et XVIIe siècles.
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La semaine islamique de Drouot
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°25 du 1 mai 1996, avec le titre suivant : La semaine islamique de Drouot