PARIS
Délaissant la Biennale Paris, des marchands organisent des accrochages thématiques.
Paris. Cette année encore, plusieurs marchands qui ne veulent pas exposer au Grand Palais à la Biennale Paris organisent dans leur coin une exposition thématique. Et ils sont nombreux, toutes spécialités confondues.
La galerie Chenel, qui fête ses 20 ans, met en scène, sous le titre « Influence » (13 septembre-30 novembre), une confrontation entre l’archéologie et les céramiques de Picasso, deux domaines familiers à cette famille de marchands. Alain Chenel et son épouse collectionnent depuis longtemps les céramiques de Picasso, tandis qu’Ollivier, Gladys et Adrien Chenel se consacrent à l’archéologie, une des nombreuses sources d’influence du maître espagnol. « Nous nous sommes servis de la collection de mes parents et, depuis maintenant cinq ans, nous mettons des pièces antiques de côté afin de créer de réels parallèles et un dialogue intéressant », explique Ollivier Chenel. Ainsi, une tête de chèvre romaine côtoie plusieurs vases du maître à l’effigie du bovidé ; un couvercle d’urne cinéraire étrusque sculpté d’une femme drapée allongée répond à un vase en terre cuite à engobe noir de Picasso représentant deux femmes drapées dans la même posture – une pièce unique de Vallauris, 1950. En tout sont présentées une cinquantaine de pièces de Picasso et une trentaine d’œuvres d’archéologie grecque, romaine et orientale, de 1 000 euros à plus de 1 million d’euros.
Commencée il y a trente-cinq ans, la collection unique des antiquaires Volker Wurster et Achim Neuse (Galerie Neuse, Brême, Allemagne), réunissant des objets et meubles réalisés spécialement pour les Expositions universelles de 1851 à 1910, est montrée pour la première fois au public à la galerie Aveline (du 11 au 28 septembre). Intitulée « L’apothéose du génie » – du nom d’un centre de table par Eugenio Bellosio –, l’exposition rassemble plus de 200 objets, de 10 000 euros à plusieurs millions d’euros, rivalisant de virtuosité et de savoir-faire, conçus dans un seul but : montrer la grandeur d’une nation à travers ses avancées techniques. Dans une scénographie de François-Joseph Graf, toutes les pièces présentées sont signées des plus grands artistes et artisans de l’époque, tel ce vase canthare (1867) de Ferdinand Barbedienne.
Chez Xavier Eeckhout, les sculpteurs animaliers des années 1930 sont à l’honneur à travers des œuvres de toutes techniques et de tous matériaux, à l’exception du bronze. La trentaine de pièces, des sculptures modelées en plâtre, argile, terre cuite ou taillées dans la pierre ou le bois ainsi que des dessins préparatoires et céramiques de Sèvres sont visibles jusqu’au 26 octobre dans la nouvelle galerie du marchand, rue Jacques-Callot (6e arr.). Parmi celles-ci, un Tigre debout [voir ill.], de Roger Godchaux, une terre cuite unique jamais éditée en bronze (entre 20 000 et 30 000 €).
Sous le titre d’« Harmonie » (9 septembre-16 novembre), Guillaume Léage mêle art moderne et mobilier historique. À cette occasion, il a invité le marchand Daniel Gervis qui a sélectionné des œuvres d’Hans Hartung – en écho à la rétrospective de l’artiste qui se tiendra prochainement au Musée d’art moderne de la Ville de Paris – ainsi que des sculptures de Bourdelle et de Maillol. Un dialogue improbable s’établit ainsi entre la toile T 1936-10 d’Hartung et une commode et sa paire d’encoignures, d’époque Louis XVI, estampillées Riesener.
À la galerie Delalande, spécialisée notamment dans les objets de marine, c’est naturellement un accrochage de peintures marines et de portraits de bateaux par la dynastie marseillaise des Roux qui garnit les cimaises (11-17 septembre). En tout, trente tableaux réalisés par Antoine Roux et ses fils – des œuvres précieuses au regard de la documentation des navires et de la navigation de l’époque (de 2 500 à 22 000 €). Parmi elles, une aquarelle attribuée à François Roux représentant le remorquage par le navire à vapeur Sphinx du voilier Luxor qui quittait Alexandrie le 1er avril 1833 l’obélisque à son bord.
D’autres expositions de tableaux sont à découvrir pendant ce riche mois de septembre – voire au-delà –, notamment chez Giovanni Sarti avec « La Madone, femme éternelle » (14 septembre-20 décembre) ou encore chez Antoine Laurentin, qui rend un nouvel hommage à Alfred Manessier avec un ensemble d’œuvres en couleur des années 1940 et 1950 ainsi que des encres en noir et blanc de la fin des années 1950 (6 septembre-19 octobre).
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La rentrée des antiquaires parisiens
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°528 du 6 septembre 2019, avec le titre suivant : La rentrée des antiquaires parisiens