La FIAC des contemporains

L'ŒIL

Le 10 octobre 2014 - 1763 mots

Eigen Art, Berlin (Allemagne)
Marc Desgrandchamps né en 1960
Entre tradition et modernité, l’art de Marc Desgrandchamps balaie un spectre de références très large. Sa vision panoramique de la modernité intègre tout à la fois l’histoire de l’art, la photographie et le cinéma en une synthèse picturale dont les maîtres mots sont évanescence, fragmentation et infinitude. Scènes figurées et vastes paysages y sont absorbés dans la matérialité même du médium employé, en de singuliers allers et retours, déterminant d’improbables espaces qui visent à dérouter et à fasciner à la fois le regard.

Philippe Piguet
Stand 0.C47 – www.eigen-art.com

Galerie Nathalie Obadia, Bruxelles/Paris-4e

Valérie Belin née en 1964
Entre le réel et le fantasme, la démarche de Valérie Belin ne cesse d’explorer la frontière, qu’il s’agisse de sa série des Mannequins, de celle de ses Intérieurs ou bien encore de celle de ses Still Life. Pour cette dernière, la photographe a jeté son dévolu sur ses propres collections, objets, bibelots et bimbeloteries en tous genres. Les « compositions » qu’elle en propose se jouent de leur aspect matériel, de leur texture, de leur qualité plastique et lumineuse. Il en résulte toute une série d’images de tas qui balancent entre figuration et abstraction.
Philippe Piguet
Stand 0.B54 – www.galerie-obadia.com

Catherine Bastide, Bruxelles (Belgique)

William Pope.L né en 1955
On connaît peu ici le travail de William Pope.L, artiste afro-américain de 59 ans, dont les œuvres sondent l’histoire raciale, la ségrégation, les genres et les races. Protéiforme, la méthode emprunte à la peinture comme à l’installation. Ses peintures et aquarelles récentes se résument à des assertions dans un projet plus global amorcé en 1997, Skin Set Drawing. Depuis des phrases racistes jusqu’à d’autres récemment plus sibyllines, ses tableaux-textes forment des slogans jouant sur la confusion avec des jeux de mots et des associations.
Bénédicte Ramade
Stand 1.J21 – www.catherinebastide.com

Galerie Triple V, Paris-13e
Nicolas Roggy né en 1980
Jeune peintre de 34 ans, Nicolas Roggy compose une abstraction brouillée, par accumulation de matière, de supports, de desseins. Chaque tableau amorce sa propre rhétorique, Nicolas Roggy ne se bornant pas à décliner en série. Certains peuvent atteindre une épaisseur étrange, comme organique. Pleinement conscient de l’histoire de l’art non figuratif dans lequel il s’inscrit à son tour, Roggy expérimente, ne laissant aucun repos et ne feignant aucune élégance. Il cherche en peinture. L’occasion de ce solo chez Triple V permettra d’en connaître le fruit.
Bénédicte Ramade
Stand 1.G20 – www.triple-v.fr 

Galerie Daniel Templon, Paris-3e
Chiharu Shiota née en 1972
Sur le stand de Daniel Templon, une chaise vintage est enfermée dans un cadre métallique parcouru de fils noirs. Il s’agit d’une œuvre signée Chiharu Shiota, qui représentera le Japon à la prochaine Biennale de Venise en mai 2015. Cette artiste, qui mêle performance, body art et installation, emprisonne à l’aide de fils de laine des objets évocateurs (instruments de musique, robes de poupées, lits…) afin de créer un réseau graphique qui évoque la puissance des liens interpersonnels : cela va de l’inévitable dépendance du sujet à ses racines jusqu’aux relations mises à mal par l’individualisme de la culture occidentale contemporaine.
Vincent Delaury
Stand 0.C41 – www.danieltemplon.com

Metro Pictures Gallery, New York (É.-U.)

Camille Henrot née en 1978
Dans ses installations intégrant divers domaines de pensée (anthropologie, ethnologie, philosophie, histoire de l’art…), la Française Camille Henrot, qui vit désormais à New York, mélange film expérimental, art floral, photographies, sculptures, céramiques, livres, journaux ou dessins. La Metro Pictures Gallery, de Manhattan, dévoile quelques feuilles récentes de cette collectionneuse compulsive qui semble faire feu de tout bois pour proposer un étonnant syncrétisme interrogeant le sens du monde ; son film Grosse fatigue, qui revisitait le Big Bang, a reçu le Lion d’argent à la dernière Biennale de Venise.
Vincent Delaury
Stand 0.A24 – www.metropictures.com

In Situ, Fabienne Leclerc, Paris-3e
Damien Deroubaix né en 1972
Sa passion pour les gravures de Goya est sans bornes. Damien Deroubaix ne le cache pas, il le proclame. Elle tient non seulement à la façon qu’a le peintre espagnol d’associer textes et images mais aussi de révéler dans son œuvre tout un monde de chimères et de créatures hybrides. S’il est hanté par l’auteur des Caprices, son travail – dont le collage est une constante – emprunte au montage cinématographique dans l’élaboration de puissantes compositions aux sujets universels. De tout temps et de son temps.
Philippe piguet
Stand 0.C03 – www.insituparis.fr

Galerie Xippas, Paris-3e
Céleste Boursier-Mougenot né en 1961
La Galerie Xippas expose Céleste Boursier-Mougenot, figure majeure de l’installation sonore dans le paysage de l’art contemporain international ; on se souvient encore avec émotion de sa volière d’oiseaux. Poursuivant sa recherche consistant à extraire d’un lieu un potentiel musical à partir de situations et d’objets les plus divers, il présente ici persistance (2014), une œuvre composite formée d’un euphonium (sorte de tuba). La substance mousseuse qui en sort résulte des bruits ambiants. Encore une fois, Céleste parvient à révéler la poésie sonore d’un environnement.
Vincent Delaury
Stand 0.A47 – www.xippas.com

Andrea Rosen, New York (États-Unis)
David Altmedj né en 1974
Chouchou de la scène new-yorkaise après avoir fait ses classes à Montréal, David Altmedj reçoit les honneurs ce mois-ci du Musée d’art moderne de la ville de Paris. Alors que l’on connaît surtout de lui ses spectaculaires et colorées structures de Plexiglas, il se livre aussi depuis ses débuts à la sculpture de têtes ou de corps post-classiques où la facture se substitue au réalisme du rendu. Il en résulte une matière vivante, glissante, marquée par l’empreinte. Des têtes difformes et écorchées émergent, comme modelées par une psyché terrible. De ces visages torturés, entre vides et pleins, énergie et délitement, surgit une noirceur angoissante.
Bénédicte Ramade
Stand 0.A38 – www.andrearosengallery.com

Galerie Peter Freeman, New York/Paris-4e
Dove Allouche né en 1972
Introspective et presque secrète, alchimique aussi, l’œuvre de Dove Allouche séduit de plus en plus avec ses images entre évanescence, disparition ou noirs d’encre dont il invite à scruter les surfaces. Héliographies, physautotypies, pétrographies, les techniques de révélation photographiques fascinent cet artiste délicat dont l’œuvre graphique a déjà eu les honneurs du cabinet d’art graphique du Centre Pompidou. La pétrographie est la science des roches, elle est au cœur des œuvres récemment créées sous ce titre.
Bénédicte Ramade
Stand 0.C17 – www.peterfreemaninc.com

Galerie Continua, Boissy-le-Châtel (77)
Berlinde De Bruyckere née en 1964
Alors que l’artiste bénéficie cet automne à Gand, sa ville natale, d’une rétrospective au SMAK, la Galerie Continua en profite pour montrer une pièce spectaculaire de cette plasticienne flamande qui part de la contorsion des corps pour évoquer les hauts et les bas de l’existence. Une grande carcasse de cheval, suspendue à une corde, affirme une verticalité qui renvoie directement à l’homme, tout entier tendu vers le ciel, mais implacablement cloué au sol. Nous sommes tous chair précise à raison le titre de cette œuvre christique marquante, datant de 2011-2012.
Vincent Delaury
Stand 0.C53 – www.galleriacontinua.com

Galerie Valentin, Paris-3e
Cécile Bart née en 1958
La Galerie Valentin dévoile sur son stand une œuvre optique intrigante de la Française Cécile Bart. Cette œuvre géométrique de 2013, réalisée sur tissu Tergal, offre différents niveaux de lecture. Comme à son habitude, la plasticienne, fort expérimentée, met brillamment en scène la peinture en jouant avec la profondeur de champ, le registre décoratif et les transparences qui laissent la lumière de l’espace environnant pénétrer un tel tableau-écran. Cette « peinture de situation », qui change en fonction de nos déplacements, invite le visiteur à s’interroger quant à sa place de spectateur.
Vincent Delaury
Stand 1.F02 – www.galeriechezvalentin.com 

Artiaco, Naples (Italie)
Darren Almond né en 1971
La question du temps, de son expérimentation et de son expression, est au cœur de la démarche de cet artiste anglais, parfois apparenté aux fameux YBA, les Young British Artists. Exploitant les qualités plastiques du médium tant photographique que filmique et la pratique de détournement d’objets industriels, Darren Almond constitue une œuvre d’une rare poésie fondée sur une conception ouverte de la notion de territoire. Histoire et mémoire, commune et privée, s’y trouvent mêlées en de sublimes visions de paysages éthérés, en suspens.
Philippe Piguet
Stand 0.B52 – www.alfonsoartiaco.com

Gladstone Gallery, New York (É.-U.)
Thomas Hirschhorn né en 1957
À la découverte du travail de Thomas Hirschhorn, si quelque chose d’un souvenir de Dada et de Fluxus s’impose, c’est qu’à l’instar de ceux qui en ont été les animateurs, il s’est très tôt positionné comme un artiste engagé. Hirschhorn honnit tout ce qui relève du pouvoir, de l’argent et de l’apparence, il démonte les discours de langue de bois et se bat contre tous les faux-semblants hiérarchiques. Libre, responsable et généreux, il développe une œuvre invasive qui interpelle l’autre, voire le force à réagir.
Philippe Piguet
Stand 0.A34 – www.gladstonegallery.com

Galerie Canada, New York (États-Unis)

Sarah Braman née en 1970
La sculpture en porte-à-faux est issue du démantèlement d’une caravane à partir de laquelle Sarah Braman, artiste de 44 ans encore peu connue en France (mais déjà dans les collections de Charles Saatchi), a conçu une série de pièces. Elle emprunte dans une sorte de syncrétisme visuel à la sculpture minimale avec des Plexiglas colorés, comme à la peinture moderniste du color-field. Le résultat joue sur des équilibres précaires entre vernaculaire et beaux-arts dans un esprit complètement postmoderne.
Bénédicte Ramade
Stand 1.H11 – canadanewyork.com 

Galerie Triple V, Paris-13e
Nicolas Roggy né en 1980
Jeune peintre de 34 ans, Nicolas Roggy compose une abstraction brouillée, par accumulation de matière, de supports, de desseins. Chaque tableau amorce sa propre rhétorique, Nicolas Roggy ne se bornant pas à décliner en série. Certains peuvent atteindre une épaisseur étrange, comme organique. Pleinement conscient de l’histoire de l’art non figuratif dans lequel il s’inscrit à son tour, Roggy expérimente, ne laissant aucun repos et ne feignant aucune élégance. Il cherche en peinture. L’occasion de ce solo chez Triple V permettra d’en connaître le fruit.
Bénédicte Ramade
Stand 1.G20 – www.triple-v.fr 

Galerie Daniel Templon, Paris-3e

Pierre & Gilles nés en 1950 & 1953
Issu d’une carte blanche offerte à Pierre & Gilles par la manufacture des Gobelins en ce début d’année, ce portrait de Zahia Dehar, Marie-Antoinette, le hameau de la Reine, reprend des thèmes chers au couple de photographes-plasticiens : scénographie bucolique travaillée, importance du cadre, relecture d’un mythe (Marie-Antoinette) sous le prisme de la culture populaire (ici, une ex-prostituée qui a défrayé la chronique). La présentation aux Gobelins – dont faisait partie cette photo – recréait tout un univers décoratif baroque et décalé, lorgnant plus du côté du Marie-Antoinette de Sofia Coppola que de la reconstitution historique de la vie de la cour.
Pierre Morio
Stand 0.C41 – www.danieltemplon.com 

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°673 du 1 novembre 2014, avec le titre suivant : La FIAC des contemporains

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