Galerie Tucci Russo, Torre Pellice (Italie)
Giovanni Anselmo né en 1934
Simplement retenue par une tige de métal, la feuille de Plexiglas haute comme un homme maintient un équilibre à la fois gracile et effronté qui atteint la perfection dans la courbe à peine visible de la sculpture d’énergie. Giovanni Anselmo, comète de l’Arte Povera italien, a toujours réalisé des œuvres sous tension. Celle-ci se distingue par l’artificialité de son matériau principal et sa transparence. Le jeu de forces contraires qui sont mises l’épreuve dans une œuvre se moque du démonstratif.
Stand 0.A48 – www.tuccirusso.com
Galerie Françoise Paviot, Paris-2e
Dieter Appelt né en 1935
Tour à tour musicien, dessinateur, sculpteur et cinéaste, Dieter Appelt a entrepris son œuvre photographique au tournant des années 1950-1960. Curieux de fouiller les ressources du langage photographique et d’en déduire de nouvelles possibilités d’images, il en réalise qui empoignent littéralement « la pellicule photosensible comme un sculpteur pétrit l’argile » (Michel Ellenberger). Le temps et la lumière s’y trouvent condensés en de saisissants moments, dans une relation plus ou moins explicite à l’histoire de l’art.
Stand 0.D38 – www.paviotfoto.com
Galerie Le Minotaure, Paris-6e
Henry Valensi ( 1883-1960)
Henry Valensi, redécouvert grâce à l’accrochage « Modernités plurielles » au Centre Pompidou, est une figure méconnue des avant-gardes modernes. Peintre voyageur et penseur éclairé, il est l’initiateur d’un courant artistique, le musicalisme, et le créateur de la cinépeinture. Sa toile Sainte-Sophie de 1912, année où Valensi expose à la Section d’or, est caractéristique de sa démarche consistant à échapper à un art trop figé afin de célébrer en peinture le rythme, le mouvement ainsi que le vitalisme, à l’instar des futuristes italiens. Les prix vont de 2 000 euros pour les dessins à 90 000 euros pour les grandes peintures.
Stand 0.D34 – www.galerie-leminotaure.com
Galerie Karsten Greve, Paris-3e
Joseph Cornell (1903-1972)
En exposant la boîte intitulée Sans titre (1950), constituée de bois, de verre, de métal et de sable, la Galerie Karsten Greve montre une figure essentielle de la création en Europe et aux États-Unis après la Seconde Guerre mondiale. Proche de la technique surréaliste de la juxtaposition irrationnelle d’objets trouvés, l’Américain Joseph Cornell, redécouvert grâce à la rétrospective du Musée des beaux-arts de Lyon, et comptant parmi les pionniers de l’assemblage et entièrement autodidacte, a « médité une expérience qui bouleverse les conventions d’usage des objets » (André Breton).
Stand 0.B34 – www.galerie-karsten-greve.com
Sophie Scheidecker, Paris-3e
Hans Bellmer 1902-1975
Sa taille rappelle les cartes de visite du XIXe siècle, lui confinant un statut de quasi-amulette. La poupée qu’il confectionne avec son frère commence à hanter ses œuvres à partir de 1933. L’année suivante il publie un premier portfolio de dix images, Die Puppe, dans lesquelles il met en scène sa poupée exaltant un érotisme morbide. Breton relaiera l’œuvre dans Le Minotaure en 1935 sous le titre Poupée. Variations sur le montage d’une mineure articulée. Cette version n’est pas encore rehaussée de couleur telle qu’on la voit dans Les Jeux de la poupée en illustration de poèmes d’Éluard (1937-1938).
Stand 0.E38 – www.galerie-sophiescheidecker.com
Nahmad Gallery, New York (États-Unis)
Yves Klein 1928-1962
En 1958, Klein déclare : « Grâce aux éponges, matière sauvage vivante, j’allais pouvoir faire les portraits des lecteurs de mes monochromes qui, après avoir vu, après avoir voyagé dans le bleu de mes tableaux, en reviennent totalement imprégnés en sensibilité comme des éponges. » Cette éponge monochrome, saturée du fameux Bleu Klein, créée un an avant sa mort, représente l’aboutissement des recherches de l’artiste sur l’autonomisation de la couleur. Passée sous le feu des enchères l’année dernière chez Christie’s à Londres, une chose est sûre : les Nahmad en demanderont forcément plus de 2 693 875 livres…
Stand 0.C27 – www.nahmadcontemporary.com
Galerie Applicat-Prazan, Paris-6e
Georges Mathieu 1921-2012
La Galerie Applicat-Prazan consacre un solo-show à Georges Mathieu, acteur majeur de l’Abstraction lyrique. Parmi seize peintures véhémentes, qui datent de la période 1948-1959, se distingue particulièrement l’huile Açone (1948), véritable chef-d’œuvre. Pour la petite histoire, il s’agit de la toute première œuvre vendue par l’artiste. Selon cet émule de Dalí, le grand collectionneur européen Carlo Frua De Angeli, qui a acquis immédiatement ce tableau après l’avoir vu, s’est écrié : « Devant vos peintures, je m’aperçois que Picasso n’est plus pour moi ce qu’il était. » In fine, Franck Prazan précise : « J’aimerais montrer Mathieu pour ce qu’il est : un immense peintre. » Dont acte.
Stand 0.C29 – www.applicat-prazan.com
Galerie Loevenbruck, Paris-6e
Michel Parmentier 1938-2000
Avec Buren, Mosset et Toroni, Michel Parmentier participa en 1967 à la fondation du groupe BMPT, revendiquant une posture radicale adossée à l’idée que l’important était de mettre en exergue les processus de fabrication de la peinture. Son œuvre, faite de larges bandes horizontales superposées, monochromes ou crayonnées et alternées de blanc, est d’autant plus mal connue que l’artiste s’est arrêté de peindre de 1968 à 1983. Elle instruit une réflexion sur ce qu’il en est de l’exercice de la peinture comme un « insistant monologue de muet. »
Stand 1.F10 – www.loevenbruck.com
Stuart Shave/Modern Art, Londres (R.-U.)
Richard Tuttle né en 1941
Depuis quarante ans qu’il cultive le peu, l’art de Richard Tuttle se décline et nous convoque à une sorte de poétique de l’objet. Dans la suite tutélaire du constructivisme, les compositions et assemblages de cet Américain mettent en exergue les qualités plastiques propres aux divers matériaux qu’il emploie. Son art procède d’une volonté de libérer formes et couleurs, lignes et surfaces, de toute dépendance ; ses œuvres ne sont en fait rien d’autre que des collages de matière et d’espace, des constructions qui s’appliquent toujours à dire le plus avec le moins.
Stand 0.C07 – www.modernart.net
McKee Gallery, New York (États-Unis)
Philip Guston 1913-1980
La McKee Gallery de New York expose sur son stand le grand Philip Guston, l’un des fondateurs de l’expressionnisme abstrait qui s’est converti au fil du temps à une forme de figuration triviale, pleine de sarcasme et d’ironie. Sa composition To J.S. (1977), qui rend hommage au poète franco-uruguayen Jules Supervielle, présente une figuration grotesque, à mille lieues du carcan réaliste. Selon Harold Rosenberg, critique qui a défini l’Action Painting, « jusque dans ses dernières images, Guston est resté fidèle à ce programme d’un art ouvert aux plus inattendues des épiphanies. »
Stand 0.A54 – www.mckeegallery.com
Galerie Loevenbruck, Paris-6e
Alina Szapocznikow 1926-1973
La galerie présente une dizaine d’œuvres de l’artiste, dont une Tumeur personnifiée (1971), à base de résine de polyester et de photographies. On redécouvre depuis quelques années cette remarquable artiste franco-polonaise disparue prématurément des suites d’un cancer et dont le travail se situe à la croisée du surréalisme, du Nouveau Réalisme et du pop art. Ses objets provocateurs, parce que sexualisés et politiques, accrochent le regard, car ils sont à la fois poignants et percutants. Les prix oscillent entre 20 000 et 70 000 euros.
Stand 1.F10 – www.loevenbruck.com
Galerie Françoise Paviot, Paris-2e
Man Ray 1890-1976
L’autoportrait au buste de plâtre de Man Ray a fait l’objet de variations et de recherches en cette année 1933. À partir de la mise en scène du visage du photographe encadré de deux avant-bras permettant des jeux d’ombre, il ajoutera divers objets, jusqu’à la célèbre photographie Larmes. L’image prise en couleur sera alors publiée dans le numéro de Minotaure (n° 3-4) en décembre 1933. Cette version plus dépouillée en noir et blanc accentue la dimension « nature morte » du projet photographique et rappelle certaines compositions de De Chirico.
Stand 0.D38 – www.paviotfoto.com
Nicolai Wallner, Copenhague (Danemark)
Dan Graham né en 1942
Les constructions en forme de pavillons de Dan Graham résument sa conception de l’art, à savoir qu’une sculpture n’est pas un objet opaque, mais un endroit où l’on entre, que l’on éprouve et qu’il convient d’habiter au sens le plus fort du terme. Les différents dispositifs auxquels il recourt lui servent à restituer « la mémoire historique du passé récent », préoccupé qu’il est par la place de l’homme dans le temps et dans l’espace. Son œuvre repose sur des expériences phénoménologiques qui ne réfutent pas une certaine dimension ludique.
Stand 0.A03 – www.nicolaiwallner.com
Galerie Natalie Seroussi, Paris-6e
Hannah Höch 1889-1978
Collage ultra-emblématique de la production de cette dadaïste allemande, il s’inscrit dans une série commencée en 1924 et parachevée en 1930 qui comprend dix-sept montages. Ils combinent des images ethnographiques comme des masques et des silhouettes, sur des fonds concrets le plus souvent géométriques. Celui du numéro IX est l’un des plus picturaux. Hannah Höch conçut ses collages comme de véritables critiques visuelles du statut de la femme, réduite au rang d’objet primitif, infantile et manipulable. Elle y interroge aussi la notion de beauté et de canons dans un esprit moderniste aussi ludique qu’acerbe.
Stand 0.C24 – www.natalieseroussi.com
Galerie Lelong, Paris-8e
Sean Scully né en 1945
S’étonnant lui-même de faire de la peinture abstraite dans les années 1970 « à un moment où la tendance était au néo-expressionnisme », Sean Scully développe une œuvre d’une géométrie extrêmement sensible. Jouant de compositions aux bandes et aux blocs de couleurs combinés de façons différentes, il constitue une œuvre plastique singulière que gouvernent les concepts de rythme, de matière, de lumière, de sonorité. On pense à Paul Klee et à cette façon délicate et subtile d’appréhender la peinture comme un poème.
Stand 0.A42 – www.galerie-lelong.com
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La FIAC des classiques
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°673 du 1 novembre 2014, avec le titre suivant : La FIAC des classiques