PARIS
Plus de vingt ans après sa dernière exposition consacrée à son décorateur fétiche, Jacques Lacoste a mixé pièces emblématiques et confidentielles.
Paris. La Galerie Jacques Lacoste organise dans son vaste espace de l’avenue Matignon (Paris-8e) une exposition monographique d’envergure du décorateur français Jean Royère (1902-1981), dont elle s’est fait une spécialité depuis vingt-cinq ans. La galerie, devenue une référence concernant ce créateur, dispose d’une grande partie de ses archives achetées entre 1997 et 2004, notamment six albums de photographies anciennes (les sept autres étant conservés au Musée des arts décoratifs de Paris, légués par Jean Royère lui-même), ainsi que des plans d’exécution et dessins, soit plus de 10 000 documents.
Jean Royère, l’un des principaux acteurs du courant moderniste de l’après-guerre, a su créer un style unique et élégant, puisant son vocabulaire décoratif dans la couleur, des motifs tels que les croisillons, sphères, dents grecques, chevrons, et donnant naissance à des formes très souvent organiques. « Le but de l’exposition est de présenter le travail de Jean Royère, toute sa fantaisie ; de montrer à quel point il a été un créateur prolifique et de révéler la variété de ses formes et de ses pièces, explique Jacques Lacoste. Je voulais également mettre en avant tout le travail de recherche effectué par la galerie. »
Une soixantaine de pièces, affichées à un prix entre 100 000 et 500 000 euros, sont exposées sur les deux étages de la galerie ; la moitié d’entre elles ont déjà été vendues. Outre la qualité des œuvres présentées, ce succès est dû à l’absence d’exposition du décorateur à Paris depuis 1999, date à laquelle Jacques Lacoste lui a consacré ses espaces en écho à la grande rétrospective qui se tenait au même moment au Musée des arts décoratifs (« Jean Royère, décorateur à Paris »).
Une grande partie de l’exposition recense les créations emblématiques de Royère. On peut donc admirer les fameux Fauteuils Boule ou Ours polaire (vers 1955) – tout en regrettant l’absence du Canapé, un must – et l’emblématique Applique Liane (vers 1960), celle-là même exposée au Musée des arts décoratifs en 1999. Elle fait aujourd’hui partie de la collection personnelle du galeriste et n’est donc pas à vendre. Sont également exposés les Appliques Hirondelle (vers 1962), le Lampadaire Ski (vers 1950) ou encore la Table basse Flaque (vers 1950) en marqueterie de paille – l’un des matériaux de prédilection de Royère.
Parallèlement, l’exposition met en lumière quelques créations plus confidentielles, datées de ses débuts dans les années 1930, comme la Paire de fauteuils bas (vers 1937) et la Paire de chauffeuses (1936) réalisées quand il travaille encore chez Pierre Gouffé, l’un des plus grands fabricants de mobilier de style du faubourg Saint-Antoine. « C’est au Salon des artistes décorateurs de 1939 que Jean Royère développe son propre style, avec la présentation de modèles qui deviendront par la suite iconiques comme le Lampadaire Champignon, l’Applique Bouquet, la Chaise Trèfle ou le Fauteuil Éléphanteau », rappelle le marchand. Royère développe ainsi un langage formel qui s’inspire du règne animal ou végétal, réinventé dans un environnement de couleurs ludiques et acidulées.
Au premier étage de la galerie, la présentation se fait plus muséale. Un pan de mur est même consacré à des archives, albums, dessins et photos in situ…
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La fantaisie élégante de Jean Royère
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°559 du 22 janvier 2021, avec le titre suivant : La fantaisie élégante de Jean Royère