BRUXELLES / BELGIQUE
Rendez-vous incontournable de la rentrée en Belgique, le Brussels Gallery Weekend met un point d’honneur à défendre les jeunes artistes.
Collectionner - Pour fêter ses quinze ans, du 8 au 11 septembre, le Brussels Gallery Weekend voit les choses en grand. En plus de la participation de 47 galeries installées dans la ville et d’un important programme « off » (institutions, artist-runspaces, centres d’art privés, etc.), la manifestation investit pour la première fois un bâtiment historique exceptionnel en plein cœur de la ville : l’ancienne imprimerie de la Banque nationale belge tout juste transformée en « tiers-lieu artistique ». On pourra y découvrir la cinquième édition de « Generation Brussels », qui présente les travaux de jeunes artistes vivant et travaillant à Bruxelles et qui ne sont pas encore représentés par des galeries.
Cette année, la commissaire Maud Salembier a sélectionné douze artistes et collectifs autour de la notion de care. Un format inédit s’invitera également dans ce nouveau meeting point avec la présentation d’une quinzaine de sculptures de grand format proposées par les galeries.
Au fil des ans, le Brussels Gallery Weekend est devenu un rendez-vous incontournable de l’art contemporain dans la capitale belge, où la scène artistique est particulièrement foisonnante. Les galeries font souvent la part belle aux artistes belges. Cette année, on découvrira par exemple des expositions monographiques consacrées à Xavier Mary (Baronian), Sophie Kuijken (Galerie Nathalie Obadia), Olivier Foulon (dépendance), Fabrice Monteiro (didier Claes) ou encore Benoit Platéus (Meessen De Clercq).
L’exposition « Generation Brussels », la participation de galeries représentant des artistes émergents ainsi que l’inclusion dans le programme « off » de nouveaux lieux dédiés à la création contemporaine locale – 10N cette année – sont autant d’éléments qui témoignent de l’attachement de la manifestation à mettre en avant une nouvelle génération d’artistes.
Guidés par la programmation du Brussels Gallery Weekend, nous avons sélectionné quatre jeunes artistes belges à la reconnaissance naissante ou croissante, afin de donner un aperçu de la vivacité et de la diversité de la scène artistique locale.
1. JACQUES DI PIAZZA Né à Liège en 1996, Jacques Di Piazza a étudié à l’ESA Saint-Luc Liège avant d’intégrer un master peinture à La Cambre, dont il sort diplômé en 2020. Pour celui qui voit dans les chantiers une source d’inspiration, les matériaux (plâtre, béton ou métal) occupent une place centrale dans son travail, qui explore le rapport que les objets entretiennent avec leur environnement. En témoigne cette œuvre, dont la vente s’effectuera en direct auprès de l’artiste lors de « Generation Brussels ». Présent dans l’exposition « Generation Brussels », l’artiste présentera également cette année sa première exposition personnelle au centre d’art Les Brasseurs, à Liège.
Entre 4 000 et 5 000 €
2. TOUFAN HOSSEINY Artiste pluridisciplinaire née en 1988 et diplômée de La Cambre, Toufan Hosseiny crée des masques, des dessins ou encore des bijoux. Belge d’origine iranienne, son univers onirique est souvent inspiré de symboles et motifs persans. Attachée au processus de création, proche de l’artisanat, elle travaille par répétition de gestes et de motifs, afin de transformer les peurs et les angoisses en quelque chose de beau. Cette œuvre, qui associe broderie, tissage et peinture, est issue d’une nouvelle série d’œuvres, Clouds, inspirée par la volatilité de la pensée lors de la pratique de la méditation. Toufan Hosseiny est représentée par la Galerie Baronian.
1 750 €
3. LISA IJEOMA Dans son travail, Lisa Ijeoma (née en 1997) part de son expérience personnelle de femme noire ayant grandi dans un environnement principalement blanc. Ses œuvres textiles, souvent des patchworks, visibles chez Schönfeld Gallery, ne représentent pas directement la violence ou les traumatismes, mais les suggèrent subtilement. Cette œuvre, réalisée à partir de tissus trouvés, est une interprétation personnelle d’une partie du célèbre tableau D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? de Gauguin, dont le regard sexiste et colonialiste sur le corps noir féminin est ici dénoncé.
Entre 2 800 et 3 800 €
4. PRISCILLA BECCARI - « Corps à cœur », pensée par la commissaire d’exposition Maëlle Delaplanche, est la première exposition personnelle de Priscilla Beccari à la Belgian Gallery. L’artiste belgo-saint-marinaise, née en 1986, présente des œuvres diverses, des installations, des sculptures ou encore des dessins, comme Les Enfants,un grand format réalisé à l’encre de Chine et écoline sur papier vernis. Cette œuvre est caractéristique du travail de l’artiste : on y retrouve notamment un trait sec et la représentation de corps d’apparence vulnérable dans une mise en scène quotidienne teintée d’une certaine fragilité.
La scène belge est en réalité très internationale. Elle compte beaucoup d’artistes étrangers, avec une prédominance française. Cela est dû à plusieurs facteurs, notamment le prix des loyers et le coût de la vie, qui font qu’il y a énormément d’artist-run spaces. C’est d’ailleurs de ce constat, pour valoriser ces espaces, qu’est née notre volonté de faire un programme « off ». D’autre part, il y a beaucoup de collectionneurs en Belgique, et nombre d’entre eux aiment découvrir et soutenir la création émergente. Bruxelles est devenu une véritable vitrine pour les jeunes artistes. La ville est petite, c’est peut-être plus facile d’y créer des relations que dans d’autres plus grandes villes.
« Generation Brussels » présente une sélection d’artistes émergents vivant à Bruxelles et qui ne sont pas encore représentés par une galerie. Nous organisons un gallery weekend avant tout, mais créer cette exposition était une manière de participer à l’effort collectif. Le but est d’impulser des rencontres professionnelles entre la jeune génération et des galeries, mais également des collectionneurs, des institutions… Après les dernières éditions, il y a eu de belles retombées pour certains artistes qui ont bénéficié d’expositions ou ont signé avec des galeries, par exemple.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°757 du 1 septembre 2022, avec le titre suivant : La création émergente belge