MONDE
À peine 24 % des lots ont trouvé preneur lors de la vente en ligne de La Biennale Paris organisée chez Christie’s. En cause, de nombreuses maladresses.
Paris. Du 24 septembre au 8 octobre, La Biennale Paris et Christie’s ont organisé conjointement une vente en ligne d’œuvres d’art couvrant une dizaine de spécialités et issues de 42 galeries françaises et étrangères. Un dispositif inédit qui n’a malheureusement pas été à la hauteur des espérances, tant du côté des marchands que de la maison de ventes. Sur les 90 lots proposés, seulement 21 ont été adjugés à des enchérisseurs provenant de treize pays différents – soit un taux de vente de 23,3 %. Le résultat final a atteint 1,5 million d’euros frais compris contre une estimation de 7 à 10 millions. Georges de Jonckheere, le président de La Biennale Paris, de prime abord déçu, analyse finalement l’opération en ces termes : « Nous avions deux objectifs. Le premier était de faire parler de la Biennale et de ses antiquaires. Cet objectif est rempli. Quant au second, bien sûr, c’est un résultat très moyen mais, lors d’une Biennale, nous sommes déjà très contents lorsque nous vendons 25 % des pièces exposées ! »
Aux chapitres des déconvenues également, la grande majorité des lots – frais de vente (25 %) déduits – se sont vendus en dessous de leur estimation basse.
Sur les quarante-deux marchands qui ont participé à cette vente en ligne, dix-sept ont réussi à vendre un ou deux lots, à l’instar de la galerie Florence de Voldère (Paris) qui a remporté la plus forte enchère de la session avec Le Dénicheur, de Pieter Brueghel le Jeune (1564-1638), adjugé 250 000 euros (estimation 200 000 à 400 000 euros) ; mais aussi de la Galerie Berès (Paris), qui a cédé Madame Vuillard dans un intérieur rue Truffaut, vers 1895-1898, d’Édouard Vuillard, pour 187 500 euros ; ou encore de la galerie genevoise De Jonckheere dont l’huile sur panneau La Vierge à l’Enfant avec un perroquet, XVIe siècle, signée du Maître au perroquet, a été acquise par le Musée Granet (Aix-en-Provence) pour 150 000 euros. « Si ce tableau n’avait pas figuré dans une vente en ligne, le musée serait certainement passé à côté ! », s’est réjoui le galeriste.
La déception est grande chez la plupart des marchands et les critiques fusent. « Le jour du vernissage, nous avons commencé à tiquer car ce n’était pas la foule des grands jours dans les galeries », s’est désolé Alexis Bordes, qui a vendu un dessin de Girodet pour 10 000 euros. « Nous aurions dû tous exposer nos œuvres chez Christie’s et ne pas les laisser chez nous. C’était trop dispersé. Puis nous nous sommes aperçus que les clients intéressés par les œuvres se renseignaient directement auprès de Christie’s, pas auprès de nous. Nous ne l’avions pas imaginé ! »
Pour un autre professionnel, qui a souhaité rester anonyme : « C’était une erreur d’avoir maintenu des frais de vente classique à 25 % alors que tout était digitalisé, qu’il n’y avait pas de catalogues papier. Christie’s n’a pas investi des sommes colossales ! » La vacation manquait par ailleurs d’œuvres phares, les marchands ayant montré quelques réticences à y insérer leurs « masterpieces ». La maison de ventes se félicitait tout de même d’avoir touché 60 000 visiteurs de trente-deux pays différents, qui ont parcouru l’exposition en ligne.
Cependant, s’agissant des lots restés sur le carreau, plusieurs marchands ont affirmé être déjà en pourparlers avec des acheteurs, qui vont pouvoir négocier avec eux directement, sans avoir à débourser 25 % de frais de vente en sus.
Toutes les estimations sont indiquées hors frais acheteur tandis que les résultats sont indiqués frais compris.
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La Biennale et Christie’s se prennent les pieds dans le tapis
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°553 du 16 octobre 2020, avec le titre suivant : La Biennale et Christie’s se prennent les pieds dans le tapis