La Bible de l’Épée

L’humaniste Pierre Robert Olivétan (1506-1538), cousin de Jean Calvin, avait été chargé par le réformateur Guillaume Farel de réaliser l’une des premières traductions des textes saints en français à partir des textes grecs et hébreux.. Ainsi, il avait fait paraître à Neuchâtel en 1535 une première traduction en français de la bible protestante. Mais ce fut un échec. Deux prédicateurs protestants, Antoine Marcourt et Jean Morand, vont finalement entreprendre la révision de la traduction d’Olivétan et publier la première bible imprimée en français à Genève.

Cette bible se dénomme ainsi du fait de la représentation d’une épée sur la page de titre, accompagnée du verset 4.12 de l’Épître aux Hébreux, allusion au glaive à double tranchant de la Bible, métaphore de la parole de Dieu brandie pour terrasser Satan. « La parole de Dieu est vivante et efficace, plus tranchante qu’une épée quelconque à deux tranchants. »

Seuls 18 exemplaires sur les 2 000 imprimés sont répertoriés dans les bibliothèques dans le monde (parfois incomplets et en reliure postérieure). « L’exemplaire que nous présentons est quant à lui tout à fait remarquable, car il est conservé dans sa jolie reliure de l’époque, en peau de truie estampée », explique l’experte Ségolène Beauchamp.

Pour imprimer le texte, Jean Girard, à l’époque imprimeur privilégié des réformateurs, a utilisé ses caractères romains, plus lisibles que le gothique, et a choisi un petit format, plus économique et plus maniable que l’in-folio habituel.

Un seul exemplaire est passé en vente publique ces trente dernières années : il a été adjugé 85 000 € chez Christie’s Paris le 29 novembre 2011, sur une estimation de 70 000 à 100 000 €.