La galerie Gaudel de Stampa présente les œuvres de l’artiste inspiré par l’écrivain de science-fiction.
Paris. La galerie parisienne Gaudel de Stampa montre une sélection des peintures récentes de l’artiste Florence Reymond (née en 1971) après son exposition à l’Assaut de la mensuiserie de Saint-Étienne. Les œuvres exposées sont issues de la série intitulée « Les furtifs » inspirée du roman de science-fiction d’Alain Damasio : ensemble de travaux réalisés sur deux ans après la période Covid, pendant laquelle Florence Reymond confinée dans son appartement du 6e étage, porte de la Chapelle, observe la vie d’en bas, celle de ces êtres « furtifs », jeunes, SDF, toxicos, errant ou se révoltant dans la nuit. Bien sûr il y a chez Damasio un sujet de société qui intéresse l’artiste, une critique des dérives du capitalisme à l’heure des nouvelles technologies, du virtuel et d’Internet, de la traçabilité et de l’auto-aliénation, du contrôle et de la standardisation. Et l’on retrouve dans la peinture de Florence Reymond un même soubassement politique, un regard porté sur la violence urbaine, sur l’isolement et l’aliénation. Mais pas que. Il y a chez Damasio une véritable « ode à la création », nous explique la peintre : « C’est une vision sur le monde mais aussi sur l’œuvre d’art, ça interroge comment rendre le plus vivant possible. » Créatures invisibles, traquées, pétrifiées si elles sont vues, en permanente métamorphose et d’une puissante vitalité, les furtifs sont des métaphores de l’art et du comment donner à voir.
Tout comme Damasio, qui réinvente une langue libre des conventions, Florence Reymond crée un langage plastique à part, jouant des sonorités et des jeux de mots, de gestes et d’écritures diverses. Frayant avec le brut, l’enfantin, la désinvolture, le non-fini, l’humour, la peinture de Florence Reymond échappe au contrôle, à la facilité, à la séduction et à l’auto-séduction. Elle est faite de tensions, de fragments et de métamorphoses. De morceaux d’images et d’ajouts d’éléments par collages. D’effacements, de lavis, d’empâtements. De noir de gris et de couleurs. Roses, rouges, bleus. Des paillettes. Des créatures hybrides. Des lignes géométriques et dures. Des formes molles, des nuées, des rondeurs. Sa tentative de donner corps à l’hétérogène répond à ce qui manque si cruellement à l’art et au monde aujourd’hui : le besoin d’exprimer librement ce que l’on ressent, l’inconnu que l’on a en soi, ce qui nous dérange. Tout comme chez Damasio, la peinture de Florence Reymond nous met face à l’effroi autant qu’à l’espoir. Elle capte la violence urbaine en même temps que sa poésie dans une vision vivante et fugace, dont le spectateur s’approprie le mouvement et le sens.
C’est cette « singularité de la touche », cette liberté de peinture, cette « poésie » de Florence Reymond qui ont séduit Rany Gaudel, directrice de la galerie aux côtés de Denis Gaudel. Leur priorité ? « Comme pour toute nouvelle collaboration : accompagner l’artiste avec engagement, le faire entrer dans des collections et favoriser les achats institutionnels, garder des prix accessibles et stables. » Des prix qui s’échelonnent ici entre 12 000 euros et 6 000 euros, des plus grands aux plus petits formats.
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Florence Reymond dans les pas d’Alain Damasio
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°636 du 21 juin 2024, avec le titre suivant : Florence Reymond dans les pas d’Alain Damasio