En 20 ans d’activité à Paris, comment avez-vous vu évoluer le marché de la peinture ancienne ?
C’est un marché qui est devenu de plus en plus exigeant et sélectif, avec une extrême montée des prix pour tout ce qui est rare et beau, pour ce qui frise la perfection en termes de qualité et de sujet. Mais il est tout un pan de la peinture dont personne ne veut plus, sauf exception. À moins de trouver un fantastique tableau de François Boucher ou une merveilleuse toile de François Lemoyne, je dirais que la peinture sous Louis XIV et Louis XV est aujourd’hui en panne (et donc très accessible), un peu comme le mobilier XVIIIe qui connaît des difficultés. Au contraire, les tableaux sous Louis XIII se sont valorisés. La rigueur et la sobriété des vanités et des natures mortes de cette époque, par exemple, plaisent énormément.
Est-ce pour cela que vous ne vous êtes pas cantonné à l’art ancien ?
Le noyau dur de mon activité reste les tableaux et dessins anciens, à 90 %. Les 10 % d’incartades se partagent entre les œuvres du XIXe siècle, avec une prédilection pour l’école néoclassique et romantique ainsi que les symbolistes, et du XXe siècle toutes directions confondues, depuis une dizaine d’années. J’en montre régulièrement dans mes catalogues. Je le fais avant tout par goût et parce que cela va dans la continuité de ce que je présente, même si la clientèle est tout autre.
Les foires internationales sont des rendez-vous incontournables pour les antiquaires. Quelles sont celles qui comptent ?
La foire de Maastricht à laquelle je participe depuis deux ans est pour moi la plus importante de toutes, dans ma spécialité. En plus d’attirer un large public international, elle a une organisation sans faille. Le Salon du dessin et la Biennale des Antiquaires de Paris sont bien sûr des rendez-vous à ne pas manquer.
On y voit beaucoup de tableaux à peine sortis de salles de ventes. Entre-temps, leur prix a enflé. Quelle est votre analyse ?
Trouvez-vous normal que les salles de ventes, sans prendre aucun risque, prennent de 30 à 40 % de commission entre l’acheteur et le vendeur ? Les ventes publiques font partie des sources d’approvisionnement des professionnels. En ce qui me concerne, les œuvres que j’acquiers aux enchères correspondent à un tiers de mes achats. Il s’agit d’achats sélectifs. J’ajouterais qu’acheter dans une galerie apporte aux collectionneurs une réelle garantie d’authenticité et d’état de conservation (ce n’est pas toujours bien signalé dans les catalogues de ventes publiques) ainsi que l’œil et le goût du marchand.
En dehors des foires, y a-t-il une vie pour une galerie comme la vôtre ?
Oui, et pas seulement après les foires. Le quartier et la localisation de mon enseigne (93, rue du Faubourg Saint-Honoré, 75008 Paris) y sont certainement pour beaucoup. Je côtoie tous les jours collectionneurs, conservateurs ou marchands de passage.
La Nocturne de la Rive Droite draine-t-elle des clients ?
Là, c’est encore autre chose puisque chaque année à cette occasion, je prête mon espace gracieusement à un artiste contemporain. La soirée de la Rive Droite donnera lieu le 6 juin au vernissage de l’exposition de photos-collages de Jorge Rodriguez de Rivera. C’est très amusant : l’artiste s’est servi de photos qu’il a prises de la galerie et des œuvres qui y étaient exposées pour réaliser des « tableaux » surréalistes.
Un certain nombre de ventes publiques de tableaux anciens vont avoir lieu prochainement à Paris. Qu’y avez-vous remarqué d’intéressant ?
Malheureusement, les ventes parisiennes n’ont pas le niveau des grandes ventes de Londres ou de New York. Néanmoins, il est annoncé chez Christie’s, le 20 juin, un Temple antique au bord d’un rivage au soleil couchant par Claude Joseph Vernet (est. 400 000 euros) et un tableau d’Hubert Robert montrant La colonne de Marc Aurèle et la place Colonna à Rome illuminées (est. 120 000 euros) ainsi qu’un ensemble de vues de Venise le même jour chez Tajan qui semblent intéressants, sous réserve bien sûr…
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Éric Coatalem, galeriste spécialisé en tableaux et dessins anciens, Paris
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°260 du 25 mai 2007, avec le titre suivant : Éric Coatalem, galeriste spécialisé en tableaux et dessins anciens, Paris