Comment avez-vous développé votre goût pour le mobilier français du XVIIIe et la porcelaine de Sèvres ?
Mon goût pour les meubles et objets d’art du XVIIIe m’a été transmis par ma mère qui m’emmenait chiner chez les antiquaires parisiens, en ventes publiques et aux puces. Ma passion pour la porcelaine de Sèvres remonte à la découverte de la Wallace Collection à Londres. Cela m’avait impressionné de voir une telle variété de couleurs de porcelaine. Je suis beaucoup allé me faire l’œil dans les musées. J’adore particulièrement le Metropolitan Museum of Art à New York pour le cadre spacieux qu’il offre aux objets.
Vous détenez aujourd’hui une très importante collection privée de porcelaines de Sèvres...
J’ai commencé ma collection en suivant les conseils d’Adrian Sassoon, grand spécialiste de Sèvres et ancien conservateur du Getty Museum à Los Angeles (Californie). En 1993, j’ai réalisé mon premier achat important, soit deux seaux à glace à décor en camées sur fond bleu céleste et blanc qui faisaient partie du service de Catherine II de Russie, à la galerie Rosenberg & Stiebel à New York. J’ai acheté le sucrier du même service quelque temps plus tard à Drouot. Depuis quelques années, je poursuis ma collection seul, avec la connaissance que j’ai acquise.
Pourquoi vendez-vous aujourd’hui une partie de votre collection ?
J’ai vendu ma maison de Londres et me sépare aujourd’hui de son contenu, tout en conservant quelques chefs-d’œuvre de Sèvres avec lesquels j’aime vivre et qui ne déparent pas la collection que je mets en vente. Aujourd’hui, je vis entre Athènes, New York et Genève, et je ne peux pas imaginer entreposer les objets de Londres dans un coffre ou au port franc. J’aime vivre avec les objets et je ne veux pas les enfermer. D’ailleurs, je ne mets pas mes grands vases de Sèvres dans des vitrines. Ils ont pris place sur des commodes.
Quels sont les objets dont vous vous séparez le plus difficilement ?
Les deux pièces les plus prestigieuses de ma vente. [Il s’agit en premier lieu d’] un magnifique vase pot-pourri chinois d’époque Qianlong (1736-1795) en porcelaine noire à décor doré, dans une monture rocaille en bronze ciselé et doré d’époque Louis XV, vers 1755 [est. plus de 1 million de livres/1,2 million d’euros] ; je l’ai acheté lors de la vente de la collection Riahi en 2000 à New York chez Christie’s. Il faisait partie de la collection d’Ismaël Pasha à Constantinople à la fin du XIXe siècle. Et, pour ce qui est du mobilier, [cela concerne] la table à écrire d’époque Louis XVI (vers 1780) de Jean-Henri Riesener, à décor de marqueterie et de bronze ciselé et doré [est. 1 à 2 million(s) de livres/1,2 à 2,5 million(s) d’euros]. Cette table dont on ne connaît pas d’autre exemplaire est probablement celle qui appartenait à ce grand ébéniste, comme le montre un tableau conservé au château de Versailles représentant Riesener qui y est accoudé. Je l’avais acquise en 1992 à la Biennale des antiquaires de Paris à la galerie Lupu.
Vous faites partie du comité consultatif international de Sotheby’s. Pour cette raison, le choix de la maison de ventes s’imposait-il ?
Oui, mais pas pour cette raison. Chez Sotheby’s, je me sens chez moi. Lorsque je leur ai parlé de la vente de ma collection, leur enthousiasme et leur plan marketing m’ont séduit.
Quels sont aujourd’hui vos autres domaines de collection ?
Je ne collectionne plus les antiquités grecques, ni les tableaux anciens. Si je continue à vivre entouré de meubles français du XVIIIe siècle et de mes porcelaines de Sèvres, mon goût évolue. Je m’intéresse aujourd’hui à l’art des XXe et XXIe siècles et tout particulièrement aux œuvres de Pablo Picasso, Joan Miró, Yves Klein, Jean-Michel Basquiat, Francis Bacon et Christopher Wool. L’un de mes premiers achats fut d’ailleurs un tableau de Picasso, suivi très vite par une peinture de Paul Gauguin.
Important mobilier français et porcelaine de Sèvres de sa résidence de Chester Square à Londres, vente le 8 juillet chez Sotheby’s, Londres (estimation : 5,5 à 8 millions de livres [7 à 10 millions d’euros] ; nombre de lots : 86). Rens. 01 53 05 53 05, www.sothebys.com
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Entretien avec Dimitri Mavrommatis, Financier et collectionneur
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°285 du 4 juillet 2008, avec le titre suivant : Entretien avec Dimitri Mavrommatis, Financier et collectionneur