DUBAï - Qu’est-ce qu’Art Dubai ? Une foire où le collectionneur sino-américain Richard Chang achète deux œuvres de Tala Madani, artiste iranienne basée à New York, sur le stand de la galerie londonienne Pilar Corrias.
Une plateforme où un Français de Biarritz, installé à Oman, acquiert l’œuvre de l’Iranienne Sara Rahbar chez Carbon 12, une enseigne de Dubaï (Émirats arabes unis). Véritable carrefour de rencontres, Art Dubai pousse les croisements à leur comble. Sur le plan artistique, la mixité a ses hauts et ses bas comme en attestait la dernière édition du salon organisée du 16 au 19 mars.
Mais, derrière le nombre d’œuvres décoratives et colorées, plusieurs pièces faisaient référence au « printemps arabe » et aux révolutions égyptienne et tunisienne, telle une photo de Halim Karabibene portraiturant, à partir d’instruments usuels, un membre du comité de défense de la révolution tunisienne, aussitôt achetée par un Émirati chez El Marsa (Tunis). Si la censure fut moins flagrante qu’en 2010, elle s’est toutefois à nouveau invitée. La galerie Hussenot (Paris) a dû modifier une œuvre de Mounir Fatmi en retirant les brosses de deux balais portant les drapeaux tunisien et égyptien, isolés du reste des banderoles de la Ligue arabe accrochées au mur. Une installation circonstanciée au moment où les troupes saoudiennes ont prêté main-forte au régime de Bahreïn pour étouffer l’opposition chiite. « On nous a dit que la situation de la région était tendue, et que c’était problématique si le cheikh de Dubaï était photographié devant cette pièce », nous a indiqué Éric Hussenot. De son côté, El Marsa a dû décrocher un tableau de Halim Karabibene à cause d’une présence très discrète de personnages nus.
Nouveaux venus
La tenue simultanée de la Biennale de Sharjah (lire p. 12) avait drainé sur Art Dubai soixante groupes de trustees et des collectionneurs qui, jusque-là, n’étaient jamais venus. « J’ai adoré la région, et je pense que j’y viendrai plus souvent que je ne le pensais », confiait Richard Chang, lequel faisait partie d’un groupe de trustees du Museum of Modern Art de New York venu pour la première fois. L’afflux de visiteurs occidentaux a compensé la faible présence des Indiens cette année. Les galeries de Mumbai, Chemould Prescott Road et Chatterjee & Lal, ont eu du succès avec leur exposition personnelle de Rashid Rana en vendant à un Suisse et à un Allemand.
Même si les nouveaux exposants occidentaux trouvaient « exotique » leur expérience à Dubaï, ils s’en sont tous globalement bien sortis. Marianne Boesky (New York) a cédé des dessins de Yoshitomo Nara et de Diana Al-Hadid. Pour Nathalie Obadia (Paris, Bruxelles), le nombre de nouveaux contacts méritait à lui seul le déplacement. « On sent que cela fourmille et que la foire est un must-do », confiait pour sa part Tessa de Caters, de la galerie Isabelle Van den Eynde (Dubaï). Ce buzz était aussi perceptible lors du vernissage commun des galeries du quartier d’Al Quoz. L’ouverture de nouvelles enseignes montrent bien que Dubaï est entrée dans une nouvelle phase de sa maturation artistique. « Je n’avais jamais vu ça : 450 personnes en un soir dans la galerie ! Nous avons créé un standard professionnel », indiquait Kourosh Nouri, directeur de Carbon 12. Un standard d’autant plus nécessaire que les acheteurs de la région guignent vers l’art occidental. Rami Farook, directeur de la nouvelle galerie Traffic (Dubaï), a ainsi acheté, avant la foire, une œuvre d’Allora & Calzadilla chez Chantal Crousel (Paris). « Il existe toute une frange de nouveaux jeunes collectionneurs qui ne réfléchissent plus en termes de région, mais de contenu », constate-t-il.
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Émirats, carrefour international
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°344 du 1 avril 2011, avec le titre suivant : Émirats, carrefour international