Deux bureaux du XVIIIe siècle se sont très bien vendus à Drouot, en novembre, acquis par des financiers et de grands collectionneurs parisiens.
Exécutés à une vingtaine d’années d’intervalle par deux éminents ébénistes, Bernard II Van Risan Burgh, dit B.V.R.B., et Jean-François Leleu, mais très différents dans leur conception et leur style, ces deux meubles représentent des sommets du "grand goût" français. Bill Pallot, expert en mobilier chez l’antiquaire Didier Aaron et auteur du tome II du Mobilier du Musée du Louvre (éditions Faton 1993), nous explique pourquoi.
Le secrétaire en pente estampillé B.V.R.B., vendu 6 263 250 francs le 24 novembre par Mes Beaussant Lefèvre, a été exécuté vers 1750, en pleine époque Louis XV, en laque du Japon décorée de multiples personnages. Il est orné d’importants bronzes ciselés et dorés.
"C’est un meuble fabuleux, qui résume un moment de perfection de l’art français, le meilleur travail de B.V.R.B. que l’on puisse trouver sur le marché," s’enthousiasme Bill Pallot. "L’estampille est très prestigieuse, et les meubles de B.V.R.B. sont parmi les plus chers. Très peu de secrétaires en pente de B.V.R.B. sont connus, et celui-ci est en laque du Japon fin XVIIe de première qualité – un type déjà nettement plus prisé au XVIIIe siècle que la laque de Chine. Les personnages sont beaux, les bronzes sont de très grande qualité, et le meuble n’a jamais été restauré."
Plus trapu, moins fluide de ligne et nettement influencé par le néoclassicisme, le bureau cylindre estampillé Leleu, époque Louis XVI, a été vendu 5 653 554 francs par Mes Ribeyre et Baron, le 28 novembre.
"Ce bureau, qui avait été perdu de vue depuis 1898, a été exécuté en 1772 pour le Salon rose des appartements du prince de Condé au Palais Bourbon. Son prix d’alors, 4 760 livres, réduit à 3 940 livres après négociation, était déjà une somme énorme, équivalent à 1,5 million de nos francs. Le bureau a figuré ensuite dans la collection de Boni de Castellane – ce qui lui donne à la fois une origine très prestigieuse et une bonne provenance," explique Bill Pallot.
"Tout petit – seulement un mètre de haut – et large de 82 centimètres, ce bureau est parfait d’exécution, de marqueterie, de montage. Le bois et les bronzes sont de première qualité, et il contient aussi de nombreux mécanismes. S’il n’y avait pas eu, avant la vente, quelques doutes quant à l’attribution du certificat de libre circulation, il aurait pu faire encore plus cher."
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Deux bureaux d’exception
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°21 du 1 janvier 1996, avec le titre suivant : Deux bureaux d’exception