Les tableaux de René Gaffé dispersés le mois dernier outre-Atlantique (L’Œil n°531), restait sa collection d’art tribal. Elle sera vendue à Paris chez Christie’s sous un marteau français (Artus et associés Calmels-Chambre-Cohen, 8 décembre). Juste retour des choses, car si New York est en pointe pour la peinture moderne, Paris est la ville phare pour les arts premiers. Après le triomphe de la dispersion Goldet, le 3 juillet, voici 27 objets majeurs restés au secret pendant près d’un demi siècle dans la maison de Cagnes où René Gaffé s’était installé en 1958, chefs-d’œuvre oubliés, certains acquis dans les années 20 et 30 auprès des surréalistes dont il était l’ami et le mécène.
Le collectionneur doit beaucoup à Breton et Eluard. « Ils avaient réuni, écrit-il, des œuvres cubistes choisies avec rigueur aux côtés des plus émouvantes statues de l’Afrique noire et de l’Océanie ». Il acheta ainsi à Breton une effigie d’ancêtre Uli de Nouvelle Irlande et une saisissante statuette au visage émacié de l’Ile de Pâques. D’autres pièces proviennent de marchands d’avant-garde, Paul Guillaume ou Louis Carré, comme ces deux reliquaires Fang dont on attend 2 à 3 millions de francs. Plusieurs pièces ont été acquises à la vente Breton-Eluard en 1931 et quelques-unes ont été exposées à New York en 1935 lors de l’exposition « African Negro Art ». « Si René Gaffé a manifesté à travers ses écrits son respect pour les sociétés africaines, explique Pierre Amrouche, il n’a conservé ni carnet d’achat ni facture ». L’expert a donc dû se livrer à une enquête longue et difficile dont le résultat est un passionnant catalogue. Autre secteur en pointe cette saison, le grand XVIIIe. L’an dernier, deux coups de marteau retentissants ont salué des cabinets de Levasseur à 3 883 638 euros (Tajan, 20 décembre) et une commode de Leleu à 3 377 172 euros (Piasa, 20 décembre). On suivra donc avec attention les enchères de l’automne. Deux ensembles proviennent de collections privées. Le premier (Beaussant-Lefèvre, 14 décembre) a été réuni par un industriel juste après la guerre. Trois meubles de RVLC voisinent avec une table de Carlin. Dispersion après succession au profit de l’Assistance publique, marchandise archi-saine et estimations plus que raisonnables. Chez Tajan (18 décembre), la collection Hammel, fort connue : le collectionneur a prêté des pièces en 1961 pour une exposition au Musée des Arts décoratifs. Là encore, une table de Carlin jouxtant des consoles de Riesener et un guéridon en acajou de Weissweiler. Un autre guéridon du même artiste en thuya, plateau à l’imitation du Wedgwood, passe chez Millon et associés le 3 décembre, pour un prix attendu entre 200 000 et 230 000 euros. Les comparaisons seront intéressantes, sachant que le guéridon de la collection Gourgaud (Tajan, 5 avril) a atteint 658 579 euros. Et celui vendu chez Poulain-Le Fur-Sotheby’s (7 juillet), 270 139 euros. Les tableaux anciens passent en ordre dispersé. Chez Beaussant-Lefèvre (14 décembre) un panneau de Van Valkenborch, La Tour de Babel (183/229 000 euros), chez Chambelland, Giafferi, Doutrebente (12 décembre) une toile de Karel Dujardin, Les Joueurs de Morra (300/460 000 euros). Au chapitre moderne, rivalisent un Soldat oriental et pur sang arabe de Delacroix (Gros-Delettrez, 17-18 décembre) et un Homme et chapeau de Picasso (Briest, 17 décembre). Estimation identique : 910 000 euros.
A qui la palme ?
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Des enchères pour tous les goûts
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°532 du 1 décembre 2001, avec le titre suivant : Des enchères pour tous les goûts