PARIS - Dans la famille René, il y avait la reine, Denise, née le 25 juin 1913 et récemment décédée, le 9 juillet, à l’âge de 99 ans. Dont soixante-huit ans de règne sur l’art abstrait géométrique, l’Art construit ou l’art cinétique, et autant d’années en tant que galeriste puisqu’elle avait ouvert son premier espace dans son appartement du 124, rue La Boétie (Paris-8e) fin 1944, avec la première exposition personnelle de Victor Vasarely.
Derrière Denise, l’aînée, il y avait deux frères et une sœur, Lucienne Kilian, qui ont tous tenu un rôle dans la galerie, et surtout Julienne, qui a, toute sa vie, été aux côtés de Denise, même lorsque cette dernière était modiste, avant l’ouverture de sa première adresse. Il y a aussi sept neveux dont l’un, Denis Kilian (né en 1950), est le fils unique de Julienne. Comme Denise n’a jamais eu d’enfant, c’est dorénavant lui qui prend le relais et hérite de la lourde tâche de continuer l’aventure.
Il en a l’envie. Et l’ADN. « Je suis né dans la galerie, où que j’aille j’ai toujours vu des œuvres autour de moi, chez mes grands-parents, chez ma mère. » Dans le catalogue édité à l’occasion de la fameuse exposition « Le Mouvement » organisée en avril 1955, qui marque l’entrée historique du cinétisme dans la galerie, deux photos montrent Denis Kilian, l’une avec sa cousine Laura devant une œuvre d’Agam et l’autre en compagnie de Jesús Rafael Soto. Il a lui-même, à une période de sa vie, dans les années 1980, travaillé aux côtés de Denise. Il précise encore : « Entre les visites à la galerie et ma vie de tous les jours, mon œil s’est formé naturellement et s’est exercé à cette tendance de l’art abstrait. »
Celle qu’il compte poursuivre selon « l’objectif commun avec les autres membres de la famille qui est de continuer dans cette voie. Aucun d’entre nous ne veut déroger à cela ». Selon également la volonté même de Denise René qui, depuis de nombreuses années déjà, avait fait part de son désir de voir la galerie continuer dans le même sens, et souhaité que sa collection ne soit pas dispersée.
Denis Kilian compte donc garder son équipe, composée de Catherine Gallois, Franck Marlot et Isabelle Poncet, et répartie sur les deux galeries, celle de la rive gauche, sur le boulevard Saint-Germain (7e), ouverte dès 1966, et l’Espace Marais, ouvert lui en 1991. Il entend s’appuyer sur l’histoire de la galerie et les artistes qui en ont fait l’image (une exposition de Julio Le Parc est prévue en février 2013), tout en continuant à présenter de plus jeunes choisis par Denise René elle-même, comme Elias Crespin, Zimoun ou encore Santiago Torres. Il espère bien également ouvrir les portes à de nouveaux noms, à condition toutefois qu’ils s’inscrivent dans la ligne de la maison.
La galerie va d’autre part continuer à participer à deux foires par an, celle de Bâle en juin et la Fiac (Foire internationale d’art contemporain), dès cette mi-octobre, avec sous la verrière du Grand Palais un bel hommage rendu à celle qui, dès 1957, faisait les premières expositions en France de Piet Mondrian (au printemps) et de Josef Albers (à l’automne). La grande Denise le mérite bien.
« HOMMAGE À DENISE RENÉ »
Denise René Espace Marais, 22, rue Charlot, 75003 Paris, du mardi au samedi 14h-19h ; « Heinz Mack », Denise René Rive gauche, 196, bd Saint-Germain, 75007 Paris, du mardi au samedi 10h-13h et 14h-19h.
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Denise for ever
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Abonnez-vous dès 1 €Denise René devant une sculpture de Jacobsen, exposition « Formes et couleurs murales », 1951 © Galerie Denise René, Paris
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°377 du 19 octobre 2012, avec le titre suivant : Denise for ever