Mise sur pied en 1999 en moins de six mois, Cultura, la foire d’art de Bâle s’affiche depuis comme une des grandes manifestations du genre. L’atmosphère y est particulière : cadre élégant, ambiance feutrée, professionnalisme rigoureux et, chose surprenante, les prix sont presque partout affichés, exercice unique sans doute dans une foire commerciale. Dès la première édition, le ton était donné avec une section d’art antique d’une dimension impressionnante et d’une qualité époustouflante.
Cette année encore, l’archéologie est omniprésente. Malgré les incertitudes de l’heure, 80 galeristes du monde entier étaient au rendez-vous et les Américains n’ont pas fait faux bond. Les transactions seraient allées bon train selon Ben Janssens, co-directeur de Cultura : « Nous sommes plus que ravis des résultats obtenus, dit-il, les ventes et les contacts sont excellents dans un contexte pourtant difficile ». Un enthousiasme tempéré par d’autres professionnels. Chez Jean-David Cahn, par exemple, on souligne l’absence de clients américains et un chiffre d’affaires en retrait sur l’an dernier. Mais l’optimisme demeure. Le marché reste dynamique avec des acheteurs très présents de Suisse et d’Europe du Nord et dans une moindre mesure des Français. La galerie a négocié une coupe attique qui avait fait partie des collections du Musée de Boston, pour une somme à 6 chiffres en francs suisses. De leur côté, les Londoniens Rupert Wace et Charles Ede s’estiment satisfaits. Le premier annonce la vente d’une quarantaine d’objets, le double de l’an dernier, deux pièces majeures partant chez de nouveaux clients. Le second a cédé 20 objets dont une statue égyptienne réservée par un musée d’outre-Atlantique. Les marchands américains ne se sont pas déplacés en vain. Royal Athena de New York a noué un contact sérieux avec un musée pour une sculpture romaine. Prix de la transaction ? 485 000 $. Stendhal de Los Angeles, spécialiste du précolombien, a négocié une tête d’oiseau. Bilan positif aussi pour l’Extrême-Orient, autre secteur clé du salon. Chez Janssen et chez Vanderven, des chevaux Tang se sont négocié au même prix : 85 000 FS. Les antiques mis à part, restaient des spécialités quantitativement peu représentées mais de qualité. Parmi elles, les textiles. La galerie helvétique Ruf a vendu à un musée, en un seul lot, une collection de costumes européens du XVIIIe pour 3,5 millions FS. La section Arts du XXe siècle était soutenue par deux expositions : l’une consacrée à la verrerie, l’autre offrant en avant première une partie des collections du futur musée du Château de Gourdon, proche de Nice. Là encore les échos sont bons. Bartha de Genève s’est séparé de meubles de Gallé et Majorelle dans d’excellentes conditions, tandis que l’Autrichien Tony Subal négociait une table de Maxime Old. Cultura est aujourd’hui au sommet en matière d’archéologie. A croire que l’on se dirige vers un salon thématique. Or les organisateurs s’en défendent. Ils veulent garder la diversité, disent-ils, et étoffer l’ensemble des sections. Interrogé, Patrick Gutknecht, jeune marchand genevois spécialisé dans le XXe, est du même avis. « Cultura est une manifestation trop spécialisée », dit-il. Il ne lui déplairait pas de venir faire contrepoids. Mais, explique-t-il, j’ai ouvert ma galerie l’an dernier, je ne dispose ni de l’infrastructure ni de disponibilités financières suffisantes. Dès que j’aurai atteint une vitesse de croisière, je tenterai l’aventure ».
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Cultura, le triomphe de l’archéologie
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°532 du 1 décembre 2001, avec le titre suivant : Cultura, le triomphe de l’archéologie